Rastamania !

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Ras Bath

Jeudi 03 août dernier, des centaines de milliers de personnes, plus d’un million selon certaines estimations, ont déferlé dans les rues de Bamako pour accueillir le célèbre chroniqueur, Youssouf Mohamed Bathily alias Ras Bath, de retour d’une tournée en Europe. Du jamais vu à Bamako ! Au-delà, la « fièvre Ras Bath » qualifiée de « Rastamania » s’est étendue un peu partout dans le reste du pays et s’est subitement emparée de la République. Après un accueil triomphal, le héros du jour s’est présenté à la Bourse du travail pour prendre part à un meeting organisé par la plateforme « An Tè, A BanaTouche pas à ma constitution !». Reportage…

En effet, de nombreux fans de Ras Bath ont pris d’assaut l’aéroport Modibo Keïta pour accueillir leur idole et l’escorté jusqu’à la Bourse du travail où il a pris part à un imposant rassemblement. De mémoire des maliens, jamais les populations de la capitale ne sont autant mobilisées pour un événement. Dès 11 heures des centaines milliers de jeunes, à motos, en voiture et même à pied ont pris le chemin de l’aéroport.

C’est aux environs de 14 heures 30 que Ras Bath est arrivée à Bamako, en provenance de Paris, où il avait entamé, le 13 juillet, une tournée européenne, au cours de laquelle, il a sillonné l’Espagne, la France, l’Allemagne et Italie.

Une décision de justice le condamnant à un an prison a été prononcée le 26 juillet dernier. Ce qui provoque à la fois un tollé et un élan de solidarité sans précèdent autour du leader du Collectif pour la défense de la République (CDR). Dès lors, son retour au bercail était devenu un défi à la fois pour lui-même et ses partisans. Un défi qui a été relevé de fort belle manière. Au-delà, le retour du « Guide » a fait trembler le régime qui par ses nombreuses maladresse et sa gestion calamiteuse a poussé les maliens à bout. Aujourd’hui, Ras Bath est devenu un espoir pour tous ces maliens qui ont été déçus par quatre années de mauvaise gouvernance, sur fond de gestion douteuse…

Après cet accueil mémorable, la foule s’est retournée devant la Bourse du travail. Outre les fans de Ras Bath, il y avait plusieurs responsables de la plateforme « An tè Abana », notamment le 1er  vice-président, l’honorables Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, le président du Parena, Tiébilé Dramé, Dr Madou Diallo de l’URD, Souleymane Koné des FARE, le secrétaire général de la Cstm, Hamadoun Amion Guindo, l’artiste, Master Soumi, Fatoumata Sakho, Etienne Fakaba Sissoko, porte-parole du Mouvement « Trop c’est trop », Amara Sidibé…

On pouvait lire sur les banderoles : « plus de 600 morts depuis janvier : insécurité résiduelle » ?, « La guerre à Kidal et Ménaka, insécurité résiduelle» ?, « Manassa-IBK : les familles des disparus vous regardent»… Aussi, un important dispositif de sécurité était déployé à travers la capitale.

Prenant la parole, le 1er vice-président de la Plateforme « Antè Abana, touche pas à ma constitution » !, l’honorable Amadou Thiam a déclaré que ce meeting est organisé pour attirer l’attention du pouvoir public sur l’insécurité qui prévaut au nord du Mali et de demander (encore) le retrait pur et simple de la révision constitutionnelle au président de la République. « Cette révision n’est pas opportune eu égard de l’insécurité qui sévit au Mali. Il y a eu beaucoup de tentatives pour déstabiliser la plateforme dont la condamnation de Ras Bath… Nous sommes plus que jamais engagées, il n’y a plus de recul possible. C’est la énième fois que le peuple malien fait entendre sa voix, nous l‘avions fait le 15 juillet dans presque toutes les régions du Mali, dans la diaspora», affirme-t-il.

Le président du Parena, Tiébilé Dramé a souligné que cela fait sept semaines que la plateforme invite le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta à retirer son projet de révision constitutionnelle. « Ce n’est ni le moment, ni la manière de réviser la constitution. Nous avons un président de la République qui veut organiser un referendum sur un territoire qu’il ne contrôle pas. Chaque semaine, nos soldats tombent, le sang coule au Mali. Les événements de Kidal, de Ménaka, de Mopti montrent à l’évidence que le pouvoir central de Bamako ne contrôle pas le territoire malien. Un président de la République a juré devant Dieu et devant le peuple malien de respecter la constitution et il doit respecter cette constitution. Le président est invité encore une fois à écouter les aspirations profondes de son peuple… », a souligné Tiébilé Dramé.

Et Ras Bath est arrivé…

Pour le secrétaire général de la Cstm, Hammadoun Amion Guindo, les maliens sont contre cette révision. « J’invite les membres de la plateforme à initier une action d’envergure afin de faire reculer le président dans cette initiative de révision de la constitution de 1992 », a-t-il souhaité.

La ferveur était à son comble au moment où le « Guide » Ras Bath est arrivé à la Bourse du travail aux environs de 18 heures. C’était la dérive ! Empêché par la masse de rejoindre la tribune, Youssouf Mohamed Bathily a pris la parole en se tenant debout sur un véhicule. Il  a, tout d’abord, salué les responsables de la Plateforme, avant de fustiger dans le style qu’on lui connait la mauvaise gouvernance érigée en système par l’actuel régime. « Le peuple n’est plus prêt à hypothéquer son avenir et suit son destin de plus près. La mobilisation de ce soir a tout le signe de la vitalité de la démocratie. Nous ne sommes pas des ennemis d’IBK. Nous voulons juste lui faire rentrer dans l’histoire en renonçant à son projet qui divise les Maliens. Par ce message, il doit comprendre que le peuple est engagé (…) La diaspora malienne est aujourd’hui une sentinelle contre ce projet de révision constitutionnelle du 25 février 1992… », a-t-il déclaré.

Mohamed Sylla

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