Le président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé, est détenu malgré lui depuis le 25 mars par les forces du mal. Bocar Cissé, son fils aîné, affirme dans un entretien accordé à la BBC n’avoir pas eu de contact avec son père depuis son enlèvement entre Saraféré et Koumaïra, dans le cercle de Niafunké.
Dans son entretien, Bocar Cissé affirme que la dernière nouvelle qu’il a eue de son père date du 3 avril, lorsque les autres membres de sa délégation ont été libérés par les ravisseurs.
« Ceux-ci, dit-il, nous ont expliqué les circonstances de l’enlèvement et qu’ils ont été séparés dès le premier jour. Ainsi, nous ne savons pas qui l’a enlevé et à ce jour aucun groupe n’a fait une revendication. »
Il a indiqué qu’il a eu des informations par personnes interposées qui les ont rassurés. Mais, à ce jour, sa famille et lui n’ont pas pu communiquer avec lui. « Nous n’avons eu aucune preuve de vie en tant que famille ni du gouvernement ni de qui que ce soit. On a été plusieurs fois rassuré par le gouvernement du Mali, par la MINUSMA. Mais, au-delà de ça, nous n’avons pas d’informations sûres de potentielles négociations. Nous ne savons même pas s’ils sont en contact avec les ravisseurs ou pas », a-t-il précisé.
Il a souligné que le gouvernement a mis en place une cellule de crise dirigée par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. « Les autres membres de la cellule ont été nommés et le décret est signé seulement le trentième jour après l’enlèvement », a-t-il déploré.
M. Cissé indique dans son interview que la zone où l’acte est passé, est une zone connue et fréquentée par plusieurs groupes armés. « Par contre, à ce jour, il n’y a eu aucune revendication donc nous ne pouvons pas pointer du doigt tel ou tel groupe », a-t-il ajouté.
Selon Bocar Cissé, l’enlèvement de son père a une connotation politique. « J’évite d’accuser qui que ce soit mais mon père est un homme politique, il est député élu de Niafunké et il allait en campagne après avoir eu une assurance du gouvernement et des organisations internationales au Mali comme quoi la sécurité serait garantie.
Il est en même temps le leader et chef de file de l’opposition, le challenger du président actuel du Mali. Donc un enlèvement le concernant a forcément un volet politique mais je ne saurais pointer du doigt qui que ce soit. La région de Tombouctou est sa région natale, il a l’habitude de voyager dans cette localité sans problème », a-t-il affirmé.
Il a terminé par lancer un appel aux autorités et à la Minusma tout en leur demandant de faire encore plus d’efforts pour donner non seulement des nouvelles mais aussi faire en sorte qu’il puisse être libéré dans les meilleurs délai.
Il dit être inquiet pour sa santé et pour sa sécurité. « Cela fait, affirme-t-il, trente-sept jours que nous n’avons pas de ses nouvelles et c’est assez dur pour tous les membres de la famille, des collègues, des proches et collaborateurs ».
« Aucun mot ne serait juste pour décrire la manière dont je me sens, beaucoup d’angoisse, de la peur, de l’incertitude et c’est vraiment très difficile pour moi comme tous ceux qui tiennent à lui. J’ai besoin de lui, sa famille a besoin de lui, le peuple malien a besoin de lui. Nous demanderons en ce mois de ramadan qu’on fasse l’effort de le libérer », a-t-il conclu.
Fatim B. Tounkara