C’est au cours d’une conférence de presse tenue, le jeudi dernier que les responsables d’Amnesty ont rendu public leur rapport sur le Nigéria. C’était dans les locaux de la représentation de l’organisation au Mali. Elle s’est déroulée en présence du représentant de la CEDEAO au Mali, le vice-président d’Amnesty Mali et le Coordinateur juriste, Mohamed El Bechir Singaré ainsi que plusieurs responsables.
Au cours des investigations menées par Amnesty International dans la capitale nigériane, il s’est avéré que la torture reste toujours un acte non condamné au Nigéria. Ce rapport, faut-il le rappeler, a été rédigé à partir de certains témoignages et d’éléments de preuve recueillis pendant dix ans. Le rapport dénonce l’institutionnalisation du recours à la torture au sein de la police et les violences systématiques commises par l’armée dans un pays dont la constitution interdit la torture mais qui n’a toujours pas adopté de législation prohibant cette pratique.
Selon Mohamed El Bechir Singaré, la torture fait partie du système de maintien de l’ordre au Nigeria. De ce fait, la police dispose d’un agent officieusement désigné comme ” chargé de torture “. L’éventail des techniques utilisées est effrayant et comprend notamment l’arrachage d’ongles ou de dents, la suffocation, les décharges électriques et les violences sexuelles chez les filles.
L’armée nigériane se rend, elle, aussi coupable des violations des droits humains du même type et a procédé à des milliers d’arrestations dans le cadre de ses opérations de recherche des membres de Boko Haram.
Selon certains témoignages, les victimes subissent des coups de crosse, de matraque, de machette. Il leur est versé de l’alcool. Et les soldats arrêtent des centaines de personnes cherchant celles qui ont des liens avec Boko Haram, puis ils torturent les suspects durant un processus appelé “ tri “ qui ressemble à une chasse aux sorcières du Moyen âge.
Le message d’Amnesty International adressé aux autorités nigérianes est d’ériger la torture en infraction, de mettre un terme à la détention au secret et d’enquêter pleinement sur les allégations de violences. Par la même occasion, les responsables de l’Amnesty International ont exhorté le Nigéria à changer radicalement de manière de procéder et faire en sorte que les victimes reçoivent leur indemnisation et les formes de réparation.
Kadiatou MAIGA, stagiaire