-Aucune estimation du nombre d’associations informelles à ce jour
Pour diffuser largement le rapport 2017 sur l’indice de durabilité des Organisations de la société civile (OSC), l’œuvre Malienne d’Aide à l’Enfance du Sahel (OMAES) a initié, hier mardi 22 janvier 2019, un atelier dans sa salle de conférence, sise au Quartier-Mali. Présidée par le chargé de programmes de l’OMAES, Massaman Sinaba, cette rencontre, d’une importance capitale, a regroupé tous les acteurs de la société civile, des partenaires techniques et financiers, des élus, et des hommes de médias.
Conduit au Mali par l’OMAES depuis 2014, l’indice de pérennisation des OSC vise à mesurer le progrès du développement de la société civile au Mali. Il est utilisé pour mesurer le succès programmatique des partenaires techniques et financiers engagés dans le soutien des organisations de la société civile. Selon le chef de programmes M. Sinaba, il constitue aussi un outil de plaidoyer pour les OSC afin d’accroitre le financement de la société civile auprès des donateurs nationaux et internationaux. A l’en croire, l’indice de pérennisation des OSC sert également à mesurer le contexte politique, sécuritaire et juridique dans lequel évolue les OSC.
La diffusion des résultats de l’exercice 2017 a eu lieu, hier mardi 22 janvier 2019 à l’OEMAS. Dans ce rapport 2017, il ressort que la pérennisation des OSC à un score de 4,3%. Il ressort également que le nombre d’attaques perpétrées dans le nord du Mali par les groupes islamiques alliés à Al-Qaïda s’est accru et de nombreuses régions sont restées aux mains des djihadistes et gangs armés. Les forces gouvernementales ont contre-attaqué en menant des opérations antiterroristes qui se sont traduites par des arrestations arbitraires, des exécutions, des tortures et autres mauvais traitements. La question sécuritaire a freiné la capacité des OSC à organiser des activités et à offrir des prestations de service dans certaines parties du pays.
Le rapport parle également de la Conférence d’entente nationale qui s’est tenue à Bamako du 27 mars au 2 avril 2017. Bien que des contingents, dont les partis politiques d’opposition et les groupés armés, aient tout d’abord refusé de participer à la conférence, ils ont fini par y assister en réponse au plaidoyer de la société civile. Pour finir, le rapport définitif au sujet de la conférence constate la participation de 1078 participants représentant chaque région du pays. « Environ 400 des participants représentaient des OSC », indique le rapport qui fait également cas de la tentative d’organisation d’un référendum sur la révision de la constitution.
Une réforme qui aurait octroyé des pouvoirs supplémentaires au président, créé de nouvelles régions et reconnu la patrie des Touaregs dans le nord du pays. « La société civile et les partis politiques d’opposition ont exprimé leur inquiétude au sujet d’une augmentation des pouvoirs octroyés au président de la République, notamment le pouvoir de nommer un tiers des sénateurs et de démettre à sa guise le Premier ministre de ses fonctions. Prévu à l’origine pour le mois de juillet, le référendum a été reporté sans qu’une date ultérieure ne soit fixée. Des milliers de Maliens sont descendus dans la rue à la mi-juillet pour protester contre le référendum », indique le rapport.
Participation massive des OSC aux élections
Le rapport parle également des élections des conseils régionaux et des réformes institutionnelles et du processus du DDR (Démobilisation, désarmement et réintégration). « Dans le cadre du Conseil national de la société civile (CNSC), les OSC ont pris part à différents comités consultatifs concernant le travail d’organismes de développement régional et la réforme du secteur de la sécurité », souligne le rapport.
Comparativement à l’année 2016, il ressort globalement que la pérennisation des OSC n’a pas changé en 2017. L’indice du contexte juridique ainsi que celui de la capacité organisationnelle est de 4,3%. La viabilité financière (5,5%) ; prestation de services (3,7%) ; infrastructure sectorielle (4,6%) ; image publique (4,3%) ; plaidoyer (3,6%). Il n’a été constaté que sur un seul point : le plaidoyer. Il s’est amélioré à mesure que des OSC coopéraient avec diverses instances publiques, assumaient un rôle essentiel dans la suspension du référendum constitutionnel pour assurer la stabilité du pays, travaillaient à réunir toutes les parties prenantes au sein de la Conférence de compréhension nationale et formaient des coalitions dans des domaines tels que la lutte contre la corruption, les droits alimentaires et la sécurité de la nutrition.
Le chargé de programmes n’a pas manqué de rappeler qu’en 2017, le Mali comptait 1450 organisations non-gouvernementales (ONG) qui sont des associations ayant signé un accord-cadre officiel avec l’Etat. Ce chiffre comprend 120 ONG étrangères et 1330 ONG maliennes. « Le nombre d’associations informelles n’est pas connu et aucune estimation n’est disponible », a-t-il expliqué.
Au cours des échanges entre les participants, le débat s’est généralement focalisé sur le financement des ONG locales. Il a été décidé à l’unisson de la mise en place d’un groupe de suivi pour la prise en charge des différentes recommandations formulées dans le rapport.
A.Touré