Le mercredi 12 février, Reporters Sans Frontières a rendu public son « Classement mondial de la liberté de presse2014 ». Evolutions, impacts négatifs des conflits armés sur la liberté de l’information et ses acteurs, conflit entre la liberté de l’information et le sacro saint concept de sécurité nationale et de surveillance, privatisation de la violence…Voilà les grandes lignes de ce rapport vide de toute tendresse envers les pays peu respectueux de la liberté de presse.
On sait que dans le monde, les conflits armés ont embrasé nombre de pays parmi lesquels se trouve la Syrie où, depuis mars 2011, le régime de Bachar Al Assad réprime la contestation populaire, et a entrainé le pays dans une guerre civile et confessionnelle qui met en danger la liberté d’information et ses acteurs. Ce qui fait que la Syrie arrive à la 177 e place, juste avant ceux que le rapport appelle « le trio infernal » à savoir le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée, « véritables enfers pour les journalistes ».
Par ailleurs, dans les pays qui, chaque année, publient des rapports sur les droits de l’homme où ils distribuent les bonnes et les mauvaises notes au monde entier, la liberté de l’information est étouffée au nom du sacro saint concept de sécurité nationale et de surveillance. C’est le cas notamment aux Etats-Unis (46 e, perd 13 places), où la condamnation du soldat Bradley Maning, la traque de l’analyste de la NSA Edwad Snowden, le scandale des relevés téléphoniques d’Associated Press, risque de 105 ans de prison pour le jeune journaliste indépendant Barett Brown, sont autant de signes marquants du recul des pratiques démocratiques.
L’Afrique patine…
L e rapport de Reporters Sans Frontières révèle que la situation de la presse en Afrique a subi en 2013 une terrible dégradation. Il y a une ombre au tableau. Le cas le plus alarmant est celui la Centrafrique, 109 e, qui perd 43 places à cause d’une année 2013 caractérisée par des violences, intimidations et attaques contre les journalistes.
Mais l’Egypte et l’Afrique du Sud sont l’antithèse de la Centrafrique. En Egypte (159 e), un vent de liberté a soufflé sur les médias auxquels le président Morsi, déchu, serrait la vis. En Afrique du Sud, qui monte à la 42 e place, RSF se réjouit surtout du refus du président Jacob Zuma de signer la loi prévoyant la poursuite en justice des personnes cherchant à porter à la connaissance du public des informations sur la corruption ou l ‘incompétence dans l’intérêt du public.
Le Mali marche à reculons
Parmi les pays où la liberté de l’information a eu à subir des éraflures, le rapport classe le Mali, qui a chuté dans le classement, à la 122 e place. Une position pas très jolie, que RSF met sur le compte de la crise au Nord du pays.
Le Mali pourrait faire partie de la catégorie des pays où les groupes infra-étatiques sont source d’insécurité pour les journalistes : Libye, Somalie, RDC…
On se souvient que les deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont été assassinés à Kidal…
Boubacar Sangaré