Ramadan : La marche des condiments sous forte pression

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CONDIMENTSPendant que les prix des produits de  grande consommation comme le riz, le mil, le sucre, le lait, l’huile alimentaire sont stables grâce aux dispositions prises, ceux des tubercules et des légumes frais ont déjà atteint des niveaux records.

 

 

La communauté musulmane de notre pays a entamé hier le carême. Cette période rime avec une grande consommation de produits alimentaires. Déjà, les chefs de famille ont pris d’assaut les marchés de la capitale pour s’approvisionner en produits de première nécessité comme le riz, le mil, le sucre, le lait, l’huile alimentaire.

 

 

Si les dispositions prises ont permis de maintenir les prix de ces produits stables, tel n’est pas le cas des légumes, fruits et autres condiments frais ou secs.

Déjà, les spéculateurs se sont rabattus sur ces produits essentiels du panier de la ménagère pour chercher le maximum de profits. En effet, depuis, l’annonce de cette période propice aux grandes dépenses, les légumes et les produits frais ont pris de l’ascenseur. Et les vendeurs et vendeuses de condiments se donnent à cœur de joie à la spéculation. Aujourd’hui, oignons, tomates, pommes de terres, carottes, haricot vert, poissons frais et autres légumes frais s’illustrent déjà par leur cherté.

 

 

De coutume, les ménages bamakois privilégient les premiers jours du mois de ramadan pour l’achat des condiments conservables. Il faut dire que la situation des prix de ces premiers de jours de carême détermine le comportement général du marché tout le reste du mois. Depuis hier, les marchés de condiments de la capitale font le yo-yo. Et un tour au marché Wonida de Bozola, nous a permis de constater que les ménagères auront des soucis à se faire pour concocter les savoureux plats qui caractérisent le ramadan et dont les jeûneurs raffolent.

 

 

En effet, le marché « Wonida » est le principal centre de négoce des produits frais en provenance des zones de production mais aussi et surtout lieu d’approvisionnement des autres marchés de légumes de la capitale. Ici, depuis lundi, des cargaisons de légumes affluent à un rythme soutenu. Mais, dès leurs arrivées, des véhicules transportant les légumes sont pris d’assaut par les commerçantes. Et les éternels marchandages entre les grossistes et détaillants bat son plein. Malgré cette abondance apparente les prix n’ont pas baissé au contraire ils ont notoirement flambé.

 

 

Djénéba Diarra, foraine, venait de débarquer à Wonida avec un Sotrama rempli de tomates fraiches et autres légumes frais. Sa cargaison est ravie par les commerçantes qui se lancèrent dans d’interminables marchandages. Selon elle, c’est la période hivernale qui est à la base de cette situation. « De façon générale, l’hivernage n’est pas la période propice à la production de légumes. Les rares légumes qui s’achètent maintenant dans les foires  hebdomadaires et les zones de production sont chers et ne sont pas de bonne qualité. Pire, les producteurs profitent de cette période pour renchérir les prix parce qu’ils doivent aussi faire leur provisions de Ramadan. La situation est encore plus pénible avec le Ramadan où la demande de légumes explose et l’offre n’est pas au rendez-vous», analyse la spécialiste.

 

 

Awa Samaké, une autre grossiste de légumes confirme la tendance haussière des légumes. Elle a assuré qu’elle a acheté le sac de carottes à 20.000 Fcfa à la foire de Koutiala. « Pendant cette période, tous les produits frais prennent de l’ascenseur. Par exemple, les carottes proviennent de Sikasso, de Koutiala et du Burkina Faso. Ces carottes présentent un calibre assez meilleur par rapport à ceux produits dans les jardins de la périphérie de Bamako, d’où la cherté. Tous les produits frais sans exception sont actuellement sous tension. Mais nous n’en pouvons rien. Nous sommes obligés de vendre comme ça », indique t-elle.

 

 

LA POMME DE TERRE ET L’OIGNON AUSSI. En effet la pomme de terre et l’oignon font partie des produits les plus sollicités par les ménagères pendant cette période. Le kilogramme de pomme de terre qui se vendait à 400 Fcfa il y a une semaine, se négocie maintenant à 750 Fcfa/kg. Et l’oignon passe de 300 ou 350 Fcfa/kg à 500 et 600 Fcfa/kg selon les variétés.

 

 

Pire, la pomme de terre et les échalotes made in Mali se font rares sur les marchés. C’est désormais le dicta de la pomme de terre sénégalaise et marocaine. Les oignons proviennent également du Sénégal, du Maroc et même de la Chine.

 

 

Les commerçants de ces produits sont catégoriques. « Il n’y a pas de production de pomme de terre et oignons au Mali pendant l’hivernage. Nous sommes obligés de  recourir aux pays de la sous-région tels que le Sénégal et la Gambie pour l’oignon. Pour ce qui concerne la pomme de terre, il faut aller jusqu’au Maroc. Ces produits nous viennent souvent même d’Europe et de l’Asie. Mais, il n y a pas que l’oignon et la pomme de terre, il y a aussi la tomate, le poivron, la carotte et même le chou et des produits fruitiers », indique Mamadou Sylla, commerçant de pomme de terre.

 

 

Comme la plupart des ménagères rencontrées au marché de légume de Dibiba, Mme Mariam Ongoiba est désemparée. « A l’exception du sel, tout est devenu cher, les prix des condiments ont grimpé de façon inexplicable. L’oignon est aujourd’hui cédé à 500 à 600 Fcfa le kilogramme. La pomme de terre est passée du jour au lendemain de 400 à 750 Fcfa/kg. Les légumes comme la tomate, le chou, la carotte, le poivron, le céleri, le persil et le piment sont inabordables. Dieu est grand », lance t-elle très dépitée en invitant les autorités à surveiller le marché pendant cette période.

 

 

Un sentiment de crainte, de colère et d’incompréhension anime les ménagères qui se démènent pour offrir à leurs familles des mets délicieux. Mais, elles vont désormais devoir rivaliser d’ingéniosité pour faire face à cette nouvelle donne. Et les chefs de familles qui espéraient un Ramadan paisible avec la stabilité des prix des produits de première nécessité vont aussi devoir revoir leurs calculs.

D. DJIRE

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