Déjà 17 jours qu’a débuté le mois de ramadan, mois de la miséricorde, de l’entr’aide, du partage – qui en violation des principes religieux est devenu synonyme de difficulté et de cherté du coût de la vie pour les chefs de famille – , le constat est alarmant : c’est pendant cette même période que la flambée des prix des denrées de première nécessité est plus intense. Selon l’explication la plus répandue la guerre Russo-ukrainien serait passée par-là car la majeure partie de la farine de blé consommée au Mali vient de cette zone. Sauf que cette guerre est venue trouver la situation déjà critique à cause l’embargo instauré par la Cedeao à l’encontre du Mali. Et comme si celà ne suffisaient pas, certains commerçants, comme chaque mois de carême, en ont profité pour augmenter les prix. Il s’agit au fait d’une habitude bien ancrée chez les commerçants maliens à chaque période jeûne.
Pour en savoir plus sur la situation intenable pour beaucoup de chefs de famille, nous avons sillonné les différents marchés de la Commune I pour nous enquérir de la situation réelle de la flambée des prix et recueillir les avis de certains consommateurs inquiets de cette situation devenue intenable pour beaucoup de concitoyens.
Mme Togola Aïchata Diarra du marché de Boulkasoumbougou relève ainsi confie que Ramadan au Mali a la particularité d’être un filon pour certains commerçants très friands de surenchère sur les prix des produits. Et de s’en référer au prix du bidon d’huile de 5L qui est passé de 7 000 FCFA avant le début du mois béni à 8 000 FCFA. De quoi contraindre, selon elle, les ménagères à compléter la popote pour pouvoir maintenir convenablement la marmite sur le feu.
Venu s’approvisionner pour les 15 derniers jours du ramadan au marché de Djélibougou, Moussa Guindo s’alarme quant à lui sur les cas du « sucre blanc qui était vendu entre 20 500 F CFA les 50k avant de passer à 21 000 puis 27 500 FCFA, du riz «malo wusu qui coûte désormais 24 000 F CFA au lieu de 21 000 initialement ainsi que du riz Gambiaka qui a grimpé à 19 000 F». Le coût des 25 kg de lait Mixweel ne lui donne pas plus de satisfaction puisqu’il passe de 55 000 F à 70 000 F CFA sur le marché, s’indigne-t-il, exprimant sa désolation de voir à quel point le commerçant malien affectionne le profit par la surenchère pendant Ramadan.
Aly Ba, un autre interlocuteur approché par nos soins, déplore pour sa part la vocation et les valeurs de partage et de solidarité que piétinent « Beaucoup de commerçants en faisant de la rétention des produits pour les vendre plus chers pendant le mois de Ramadan au mépris de leur foi Islamique.
De leurs côtés, les commerçants invoquent l’embargo pour expliquer les raisons de ce changement de prix malgré les assurances données par le gouvernement. C’est le cas d’Abdou Diarra, commerçant, qui a fait part de ses perceptions du phénomène en ces termes : « Les consommateurs doivent comprendre que ce n’est pas tous les produits sur le marché qui sont subventionnés par l’Etat et que cette flambée de prix est due à l’embargo qui a renchéri le dédouanement de nos marchandises ». Et Brama Doumbia, commerçant détaillant à Doumanzana, de marteler qu’une marge bénéficiaire passe obligatoirement par une hausse à la proportion du prix d’acquisition du produit auprès des grossistes.
Aly Poudiougou