Quelques réactions des cadres sur la situation très tendue entre Alger et Bamako : Ce que je pense: Savoir raison garder; faire montre de pondération.
Cheick Sidi Diarra
Lorsque deux Nations tissent des liens d'amitié et de coopération, c'est pour approfondir une connaissance mutuelle de leurs potentiels et favoriser les échanges économiques, sociaux, politiques et culturels et en tirer les bénéfices pour le bien de leurs populations respectives.
La coopération culturelle, en particulier, est le meilleur moyen de construire des ponts entre les Nations. On revient chez soi toujours riche de la culture de votre pays d'accueil. L'histoire douloureuse de la décolonisation a certes lié le sort du Mali et de l'Algérie. Mais au-delà, les deux pays ont réussi à construire des liens solides en s'appuyant sur cette histoire commune et sur leur vision du monde.
De l'assistance humanitaire en période de crise, à l'appui au renforcement des capacités de nos personnels de l'armée et la sécurité, à leur équipement, de la suppression de visas d'entrée entre les deux pays à la desserte du Mali par la compagnie aérienne nationale. Des consultations diplomatiques entre les deux pays dans les enceintes telles les Nations Unies et l'Union africaine. Toutes ces réalisations ont pu se faire parce que les deux Nations partageaient les valeurs communes. La coopération culturelle a permis de donner les compétences scientifiques à des milliers de cadres maliens qui occupent de hautes fonctions dans le pays aujourd'hui.
Je le dis en connaissance de cause. Près de deux cents (200) bourses étaient offertes annuellement, toutes catégories confondues, pendant les dix ans que j'ai passés en Algérie comme ambassadeur. Cela fait plusieurs centaines, si ce n'est des milliers de cadres formés en Algérie Chacun des cadres formés en Algérie devrait être un Ambassadeur de bonne volonté pour apaiser les relations entre le Mali et l'Algérie en cette période critique Je rends un hommage appuyé au Dr. Mahamadou Konaté pour son appel à l'apaisement entre les deux Nations. Entre ces deux Nations que tout lie, il peut arriver des périodes d'incompréhension. La destruction du drone malien en est une. Je le regrette et le déplore. Toutefois cela ne doit pas atteindre un point de non-retour. La diplomatie devrait servir à dire notre désapprobation de la conduite d'un ami et à aplanir les aspérités, tout cela, dans la discrétion absolue. Il faut éviter que les masses ne s'en mêlent sans connaitre les enjeux. Elles contribuent à attiser le feu. Il faut, par ailleurs, faire en sorte de tenir à distance nos concitoyens, qui, en donnant le sentiment de témoigner pour l'histoire, contribuent à instiller de la haine en nous.
Dans la gestion de cette crise, il faut mettre en avant la raison d'Etat.
Il faut avoir à l'esprit le sort de nos compatriotes: expatriés en transit vers l'Europe, celui de nos étudiants et stagiaires, l'approvisionnement de nos régions du Nord en biens et services. Il faut envisager de possibles solutions diplomatiques entre les deux pays .et savoir mettre à profit le soutien possible dont nous pourrions bénéficier de l'Algérie en sa qualité de membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies jusqu'en décembre 2026.
Le Mali va saisir les instances internationales. C'est une bonne approche. Mais, il doit faire confiance en la neutralité de la Cour internationale de justice ou éventuellement à une cour arbitrale. Tout cela est encore possible parce que l'irréparable n'a pas été commis. Il n'y a pas eu mort d'homme. Que Dieu nous en préserve. Nos autorités doivent s'atteler à apaiser les mouvements d'humeur, d'ailleurs légitimes, au sein de la population.
Les deux pays doivent œuvrer, chacun de son côté, à éviter que l'irréparable ne survienne.
Les deux pays doivent réactiver les rapports de bon voisinage, qui n'auraient jamais dû se dissiper. La géographie, l'histoire et la sociologie nous condamnent à vivre en voisins, pour toujours.
Des rencontres au plus haut niveau politique sont souhaitables dès maintenant.
Concernant la question de fond, la gestion de la crise du Nord, nous devons rapidement trouver un consensus national autour d'un nouveau référentiel qui remplacerait le caduc Accord issu du processus d'Alger afin d'engager des démarches de règlement sur la base de ce nouveau référentiel, qui doit être une partie intégrante du projet de Charte pour l'unité, la paix et la réconciliation nationale.
La solution à rechercher pourrait être exclusivement malienne, mais elle nécessite la création d'un espace pour le dialogue parallèle à l'action militaire.
S'il est dit que le conflit est le continuum de diplomatie sous une forme différente, nous Maliens, devrions œuvrer à trouver une issue pacifique pour éviter de recourir au conflit; Car nul ne peut prédire l'issue d'un conflit.
Ma conviction profonde est qu'il faut construire des ponts entre les Nations là où cela n'existe pas et les renforcer là où cela existe déjà..
Cheick Sidi Diarra.
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