Au moment où communauté internationale, partenaires et amis du Mali, s’activent (à Alger) pour la signature d’un accord de paix définitive et globale, notre pays a plus que jamais besoin de se lancer sur la voie de la réconciliation nationale, afin de renouer avec les valeurs fondatrices de notre nation. Des valeurs qui sont fait de tolérance, d’acceptation mutuelle et du vivre ensemble. Ce qui n’est possible que si, les uns et les autres, au-delà de ce qui est arrivé, acceptent de renouer le fil du dialogue, pour que chacun, selon sa compréhension des choses, puissent expliquer comment le pays s’est retrouvé dans l’abîme et formuler en même temps des pistes de solutions. C’est cet impérieux besoin de renouer le dialogue entre les Malien, qui est à la base de la création, en 2013, de l’Institut Malien pour la recherche action pour la paix (IMRAP).
En partenariat avec Interpeace et financé par le Danemarque et l’Union européenne, l’IMRAP, a été à la rencontre des communautés maliennes à la base, pour particulièrement prendre leurs avis sur une question : les obstacles à la paix au Mali. Dans les 8 régions et dans 3 camps de réfugiés, la question (les obstacles à la paix) a été abordée par 4700 personnes, à travers 123 focus groupes et 70 entretiens. Ces entretiens, débats et discussions parfois houleux, ont permis aux équipes de IMRAP de recenser certaines plaintes des populations, adressée notamment à la gouvernance de l’Etat qui a gardé certaines failles datant (pour certaines) de l’indépendance.
Les défaillances structurelles dans la délivrance du service public sont ainsi interprétées comme des inégalités de traitement et des injustices de la part de l’Etat, et parfois des partenaires techniques et financiers, entrainant une catégorisation entre ‘favorisés’ et ‘exclus’, entre Nord et Sud, entre ville et campagne, entre Bamako et le reste du pays. Selon l’étude que IMRAP a menée «La décentralisation, pensée comme solution à ces problèmes, n’a jusqu’ici pas su apporter les réponses adéquates, en raison notamment de l’exploitation de ses zones d’ombres par les divers acteurs et autorités en présence».
Le lundi dernier, le rapport que l’institut a dressé de ces différentes rencontres, échanges et débats et où les populations abordent les causes et conséquences des conflits sociaux au Mali, a été publié, au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée à l’hôtel Radisson Blu. Plusieurs invités (ambassadeurs, Ptf, organisations de la société civile, familles fondatrices de Bamako…) avaient fait le déplacement.
Intitulé «Autoportrait du Mali : les obstacles à la paix », le document de 204 pages, rapporte d’une part les plaintes, accusations et récriminations des populations (dénonçant des faits de mauvaise gouvernance, de corruption au sein de l’administration jeunes, de favoritisme de l’Etat..) et de l’autre, les tentatives d’explications avancées par les autorités au niveau nationale et décentralisé.
La cérémonie (de lancement du rapport) a débuté avec la projection d’un film documentaire sur les débats et les discussions, suscités parmi les populations des différentes couches socio professionnelles afin de cerner de manière claire ce qui a fait fâcher l’autre ou encore les failles et/ou dysfonctionnements de l’Etat ayant pu conduire à certaines situations (spéculation foncière, crise de l’emploi, école, insécurité, rébellion armée…).
Dans sa présentation, la directrice exécutive de l’IMRAP, Mme Aiché Konaté, a évoqué le processus qui a été suivi jusqu’à l’élaboration du rapport. Un document dont la diffusion sera, selon elle, au cœur de la deuxième phase du programme. Pour Mme Konaté, à ce stade, l’institut n’a fait aucune recommandation, mais a retenu une dizaine de pistes de réflexions. Entre autres, la question de savoir si la décentralisation et la gouvernance constituent une solution ou un problème ? L’autre question majeure qui se pose, a-t-elle ajouté, concerne le processus d’Alger. «Les populations à la base ont le sentiment d’être exclues…
Le président du conseil d’administration, Oumar Sacko, a expliqué le contexte de création de IMRAP dont le principal objectif est de contribuer à réduire la distance entre les Maliens.
- Igalkama Ag Oumar, chef de cabinet du ministre de la Réconciliation Nationale, a salué une initiative louable, qui s’inspire des valeurs traditionnelles et culturelles de notre pays. «Nous n’avons d’autre choix que de bâtir ensemble un avenir qui nous est commune », a déclaré le porte parole du ministre de la Réconciliation Nationale
Papa Sow