Les préparatifs de la fête ont commencé depuis le début de la semaine. Cette année, malgré les difficultés financières, les Maliens sont restés encore fidèles à leurs habitudes. Pour se rendre à l’évidence, il suffit de faire un tour au Marché rose et aux Halles de Bamako où la fièvre de la fête s’est installée.
Depuis plus d’une semaine, la fièvre de la fête est montée d’un cran dans notre capitale. Des vendeurs ambulants prennent d’assaut les artères avec habits et chaussures pour enfant. Dans le centre-ville, la circulation est sujette à des embouteillages permanents. Pour se rendre au Grand marché, la voiture n’est pas recommandée. Une animation particulière règne dans ce haut lieu du commerce de la ville des trois caïmans. Les alentours du Marché rose sont envahis par une marée humaine. Des mères de familles, accompagnées de leurs enfants, s’affairent autour des vendeurs d’habits ou de chaussures et d’autres articles non moins importants.
Les femmes, elles-mêmes, sont plutôt intéressées par les multiples variétés de tissus à la mode, exposées dans les boutiques ou sur les étals. Quant aux jeunes filles, elles se bousculent devant les boutiques de prêt-à-porter pour s’extasier devant les robes, jupes et pantalons. Le choix n’est pas toujours facile, tant le marché est bien fournit. On y trouve en effet toute sorte d’effets vestimentaires.
Au marché Rose où la mobilisation est particulièrement forte, nous avons rencontré Bourama Diaby, grossiste d’habits. A quelques jours de la fête, la plupart des commerçants importateurs de vêtements ont importé de grosses cargaisons de marchandises, surtout pour enfants. En M. Diaby se frotte les mains. «Malgré les difficultés du moment, la tendance des prix est à la baisse. Je suis bien placé pour l’affirmer, car les commerçants qui vendent au détail viennent se ravitailler chez nous les grossistes. Aujourd’hui, il y a plus d’importateurs que de commerçants détaillants. Cette situation engendre une anarchie totale sur le marché. C’est pour cela que le marché est inondé et cela joue forcement sur les prix», affirme-t-il.
Si les marchés regorgent de marchandises à bon prix, qu’en est-il du portefeuille des consommateurs ? Déjà bousculés par les dépenses du mois de Ramadan, nombre de chefs de famille tirent la langue. «Ces dernières années, les occasions de dépenses se succèdent, et cela, dans un contexte économique difficile. Si ce n’est pas les prix des produits de première nécessité qui flambent, c’est la rentrée des classes qui coïncide avec une fête. On ne peut même plus aborder le problème d’argent avec les chefs de famille. Il faut les comprendre, c’est dur», nous révèle Mme Coulibaly. Une autre mère de famille rencontrée dans une boutique du marché reconnaît que les habits sont véritablement moins chers cette année, mais ajoute-t-elle, c’est l’argent qui manque. En plus des difficultés économiques, les clients dénoncent la mauvaise qualité des produits. «Si les habits coûtent moins chers, ils ne sont pas de bonne qualité. Auparavant, les robes des petites filles étaient résistantes. Maintenant, elles se déchirent dès qu’on les lave. D’ailleurs, même si les prix baissaient encore plus, en quoi cela nous profiterait, si on n’a pas d’argent ?», s’interroge Mme Maïga.
Tout comme le Marché rose, le marché des halles Bamako est aussi plongé dans la mouvance de la fête. L’entrée principale de ce Centre commercial est occupée par de nombreux petits vendeurs d’articles pour femmes. Impossible de faire la différence entre les commerçants et les clients. Les coiffeuses installées des deux côtés de l’allée centrale s’affairent autour des vendeurs de cheveux artificiels pour assurer l’approvisionnement de la semaine. Mme Cissé Djénéba Traoré vend des vêtements et plusieurs autres articles pour femmes. Elle assure qu’elle tire son épingle du jeu. «Les prix sont bas. En fait, on veut profiter de l’occasion pour liquider nos stocks».
A un mois de la rentrée des classes, certains chefs de famille ont décidé de donner la priorité aux fournitures scolaires. C’est le cas de M. Sissoko «La situation est plus grave que vous l’imaginez. N’insistons même pas sur le fait que le mois de Ramadan est un mois de dépenses. Nous avons des élèves vacanciers chez nous. Ceux-ci vont faire la fête ici, avant de rentrer. Il faut donc les habiller et les prendre en charge pour la rentrée. Or, nous avons nos propres enfants pour lesquels il faut faire les mêmes choses. En tout cas moi, j’ai choisi ma priorité : c’est la rentrée des classes», précise-t-il.
Nouhoum DICKO