En Afrique, le Mali est devenu une destination prisée par les touristes sexuels. La faiblesse d’une réglementation dissuasive et une population libérée du poids des traditions favorisent le phénomène.
Bamako, l’allumeuse
Bienvenue au quartier de l’Hippodrome en commune II à l’Est de la ville de Bamako, la capitale malienne. Hôtels de luxe, clubs et restos chics, bungalows au toit de paille… Le quartier passe pour être le lieu de villégiature le plus séduisant de la ville de Bamako. Mais dans ce quartier la rue « Blabla » est surtout le lieu de prédilection du tourisme sexuel.
La rue «Blabla » est le point de ralliement des Occidentaux vieillissants qui souhaitent goûter aux charmes de jeunes prostituées, pas toujours majeures
Ici, des jeunes filles maliennes et étrangères à peine sorties de l’adolescence rivalisent d’ingéniosité pour approcher les touristes blancs, tandis que les jeunes hommes exhibent fièrement leur forte musculature, histoire de pouvoir offrir leurs services à des dames âgées… ou à des messieurs. Cela conduit souvent à des situations bien dramatiques.
La police a pris l’habitude depuis quelques temps d’effectuer des descentes dans les bars de Bamako surtout à Lafiabougou en commune IV, un quartier populaire situé à l’Ouest de la ville de Bamako. A chaque intervention, les personnes interpelées se révèlent être des mineurs. Ici, les travailleuses du sexe sont en majorité des adolescentes. Des jeunes filles qui se lancent dans le commerce de leur corps pour fuir la pauvreté.
Leur cible privilégiée ce sont les clients qui viennent lever le coude. Dans les débits de boisson du quartier, ces jeunes filles défilent sous le nez des clients, qui n’ont alors que l’embarras du choix.
Une de ces jeunes filles a récemment déclaré à la police:
«Ma mère est veuve et a été paralysée à la suite d’un accident, ce qui me force à faire ce que je fais.» Avant d’ajouter tout de même que la plupart de ses clients préfèrent des relations sexuelles non protégées.
La police, traquent les touristes sexuels, même s’il est encore difficile d’estimer l’ampleur du phénomène. Cependant, des statistiques font savoir qu’une bonne partie des adolescentes des villes du Mali se livrent au commerce du sexe. Et le Code de conduite pour la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle dans l’industrie du voyage et du tourisme, semble toujours ne faire peur à personne. Ni aux pédotouristes, ni à leurs victimes.
A Badalabougou, un peu comme pour oublier les stigmates de la vie qui l’a longtemps miné, ce quartier a mis en place une politique touristique pour le moins agressive. Badalabougou, sur la rive droite de la capitale, est ainsi progressivement devenue une destination populaire. La ville accueille au niveau de la rue « Blabla 2 » nombre de touristes, des Occidentaux pour la plupart, qui, la nuit tombée, prennent d’assaut les bars, discothèques et hôtels qui pullulent dans le secteur.
Beaucoup parmi eux viennent à Badalabougou sur la rue non pas pour les charmes du quartier –qui croupit dans une galère –mais plutôt pour les charmes des jeunes Bamakoises et étrangère, le plus souvent à peine sorties de l’adolescence. Le nombre de victime du tourisme sexuel est estimé à plusieurs centaines, dont une part considérable est des enfants.
A l’exception de certaines parties de la capitale malienne, Bamako est une ville relativement sûre pour les touristes sexuels, qui n’hésitent pas à vanter la rue « Blabla » sur la rive gauche et droite de Bamako comme la destination incontournable. Ceux-ci ont d’ailleurs ouvert un blog où ils décrivent leurs «souvenirs de voyage» et échangent des informations sur le physique des maliennes, les lieux où les trouver, le prix à payer, ainsi que sur la meilleure façon de les appâter.
Les plus aventureux osent même publier quelques photos montrant leurs rapports sexuels avec ces jeunes femmes. Un blog ouvert depuis des lustres sans que les auteurs soient vraiment inquiétés par les autorités.
Kayes, l’opulente
Tous ceux qui ont eu l’occasion de visiter la cité des rails s’accordent à le dire: avec ses mines d’or, ses boîtes de nuit, et ses hôtels, Kayes est une vraie usine à touristes. Très fréquentée par une clientèle venant majoritairement d’Europe, la station attire forcément par le charme luxuriant de ses sites, son cosmopolitisme et l’exubérance des soirées qu’elle propose, le plus souvent animées par les meilleurs DJ. Située à plus de
Kayes, c’est aussi ces cabarets surchauffés où les étrangers peuvent venir admirer les danseuses Kassoké. Mais la ville est surtout une destination réputée pour être un véritable lieu de débauche. Partout, on peut croiser des prostituées qui semblent n’avoir aucun mal à offrir leurs charmes à des touristes. Et dans les rues, de très jeunes gens tiennent compagnie à des vieux messieurs souvent bedonnants ou à des femmes d’un âge assez avancé. On peut les voir aussi dans certains restaurants huppés de la ville, quand ils ne les accompagnent pas tout simplement dans les bars que compte Kayes.
Au Mali, la cité des rails est devenue, depuis plusieurs années, une destination de choix pour les touristes sexuels. Le soleil, la douceur du climat et surtout l’assurance de mettre la main sur des proies faciles, les encourage à revenir parfois plusieurs fois par an. Pourtant, il continue de régner comme une sorte d’omerta sur la question. Tout le monde est au courant, mais presque personne n’en parle. Ni les autorités, ni les populations locales.
Ségou, la libertine
Dès la tombée de la nuit et loin du tumulte du marché, le cœur de Ségou bat aux carrefours de la ville. A ces croisements de rues, se sont installés les principaux bars et cabarets ainsi que les plus grands restaurants qui rythment les soirées de cette ville, située à
C’est ici que se déversent chaque année, surtout entre novembre et janvier, plusieurs dizaines de touristes. Et pratiquement tous à la recherche de ce que Ségou offre de plus exotique en plus de son cadre paradisiaque: ses jolies filles et ses jeunes éphèbes.
Cependant, malgré les projets de développement, le chômage est accablant et le tourisme sexuel a le vent en poupe.
Ici, pour les touristes généralement en provenance de France ou de l’Allemagne, le bonheur ne coûte qu’une petite misère: 5.000 francs CFA pour un échange avec une jeune Ségovienne quand ils ne déboursent pas 15.000 francs CFA (90 euros) pour faire venir un mineur dans leur chambre, avec la complicité des vigiles des hôtels. Pour l’heure, les autorités ferment les yeux et préfèrent parler de simple prostitution.
Mopti, la perverse
La ville de Mopti a toujours eu la réputation d’être un haut lieu du libertinage. Une ville où tout semble permis; une ville dont l’image est, depuis longtemps, associée au tourisme sexuel et à la pédophilie.
Les prostitués, hommes et femmes, ont bien vu la manne et ont eux aussi envahi Mopti. Mais les touristes, en quête de chair plus fraîche, s’offrent les services de «rabatteurs» qui les accostent pour leur «livrer» des mineurs.
Ce n’est plus un secret pour personne: à Mopti, les enfants sont les doubles victimes du tourisme sexuel. Celles des fameux «rabatteurs» et celles des pédotouristes. Des associations se sont engagées dans la lutte contre ce fléau et ont forcé les autorités à agir. Mais, les résultats sont encore peu satisfaisants:
Les procédures contre les étrangers restent très rares. Les autorités craignent de porter préjudice au tourisme en ternissant la réputation du pays.
Sikasso, Tombouctou et Gao, les pudiques
L’accueil est chaleureux pour les touristes dans ces trois régions. Chaleureux mais dissuasif, au vu des messages qui informent des lourdes peines prévues en cas d’«attentat à la pudeur» contre des mineurs.
Mais la nuit tombée, la première destination touristique dans ces trois villes se transforme en une véritable plaque tournante du commerce du sexe. Loin des sites, les pédotouristes, parmi les visiteurs que ces trois villes accueillent chaque année, vont se fondre avec les habitants. Les populations, sont essentiellement constituées de jeunes et frappées par la pauvreté et le chômage. Acculés par la misère, ces jeunes ont entre 15 et 20 ans et affluent les trois villes pour «trouver» une Européenne ou un mari blanc.
La prostitution est développée dans ces trois villes maliennes depuis des ans. Aujourd’hui, le chômage est massif et la pauvreté est endémique. Les familles ont du mal à subvenir aux besoins des enfants, qui se retrouvent donc dans la ville à la merci des «prédateurs» occidentaux.
Jean pierre James