Prorogation des mandats des conseillers communaux : De l’argent jeté par les fenêtres !

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La décision prise par le conseil des ministres dans sa réunion du 13 octobre dernier relative à la prorogation des mandats des conseillers communaux, à titre exceptionnel, continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Jusqu’ici, nombreux sont ceux qui doutent du bien-fondé d’une telle démarche notamment dans un contexte où les caisses de l’Etat sont presque vides.

Malgré les justifications apportées par les autorités, cette démarche ne convainc pas. C’est le moins que l’on puisse dire. D’autant que les dépenses sont nombreuses et qu’une bonne partie  des ressources financières semble être consacrée aux forces de défense et de sécurité très sollicitées ces derniers temps à cause de la montée du terrorisme.

Surtout que cette décision intervient au moment où de nombreux élus locaux ne sont plus présents dans leur circonscription depuis de nombreuses années. La plupart d’entre eux sont dans les grandes villes à cause de l’insécurité.

De nos jours, nombreuses sont les localités du pays où les menaces terroristes sévissent de plus en plus justifiant ainsi l’absence des autorités qu’elles soient administratives ou communales.

Outre cette situation, il faut rappeler que, en 2016, il y avait de nombreuses circonscriptions où les élections municipales n’ont pu se tenir pour diverses raisons. Pourtant, tout le monde sait que, même si c’est minime, les élus communaux touchent des indemnités de la part de l’Etat.

Imaginez-vous qu’avec cette situation, de nombreux élus communaux perçoivent des fonds sans fournir le moindre effort pour les populations qui leur ont accordé leurs suffrages. Surtout que dans plusieurs localités aujourd’hui, qu’on le veuille ou pas, notamment au Nord, ce sont les membres des autorités intérimaires installés depuis 2018 qui assurent le service minimum au profit des populations. C’est la raison pour laquelle certains ont préconisé à l’Etat de revoir cette décision et faire une évaluation des localités où il n’y a plus d’autorités administratives.

La stabilité et la continuité de l’action publique

Faute de pouvoir les redéployer, il faut au moins suspendre les montants qui leur sont accordés afin de tout concentrer vers les grandes agglomérations où les autorités sont plus présentes. De plus, avec cette démarche, on pourrait également faire des économies qui seront nécessaires pour faire face à d’autres dépenses majeures auxquelles la transition fait face comme l’entretien de l’outil de défense.

Il faut rappeler que le mandat actuel des élus communaux datant de 2016 devrait prendre fin en novembre prochain. Afin d’éviter un vide juridique et continuer à assurer la stabilité et la continuité de l’action publique, à travers la fourniture des services sociaux de base, en attendant les prochaines élections municipales, les autorités ont décidé de proroger le mandat de conseillers communaux à titre exceptionnel.

Même si les autorités ont donné des gages que cette décision ne fait obstacle ni à la poursuite du traitement des dossiers liés aux sanctions administratives des élus dans le cadre du contrôle de légalité, ni aux poursuites judiciaires dans le cadre de la lutte contre la corruption, nombreux sont ceux qui en doutent.

Ces derniers craignent que cette porte de sortie ne puisse permettre à certains élus communaux mêlés à des affaires douteuses d’échapper à la justice. Ce qui est sûr, le temps sera le meilleur juge, même si d’ores et déjà cette décision peine à être comprise par une certaine opinion.

 

Cheick B. CISSE

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