Promotion des langues nationales : Une politique en gestation

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La valorisation des langues nationales dans le processus de développement socio-économique est une question fondamentale et incontournable.

Une conférence nationale sur le projet de document de politique linguistique s’est ouverte hier au Centre international des conférences de Bamako (CICB). La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues nationale, Salikou Sanogo. C’était en présence de plusieurs personnalités dont le ministre de la Culture, Hamane Niang, d’un représentant du secrétaire exécutif de l’Académie africaine des langues (ACALAN), Lang Fafa Danpha et de l’ancien patron de cette même académie, l’ancien ministre de l’Education, Adama Samassékou. Cette rencontre s’inscrit dans la dynamique de valorisation de nos langues nationale. Elle va examiner et d’adopter le projet de document de politique linguistique nationale. Lang Fafa Danpha a relevé que l’élaboration d’un document de politique linguistique au Mali s’inscrit en droite ligne du mandat de l’Acalan, en l’occurrence le développement et la valorisation des langues africaines, en en faisant des langues de travail à tous les niveaux, afin de promouvoir leurs usage de faciliter et renforcer les échanges culturelles et socio-économiques entre les pays. Ainsi, les langues nationales doivent contribuer à la réalisation de l’intégration africaine et au développement du continent. Mais cette démarche ne doit pas occulter les langues héritées de la colonisation qui font désormais parties du patrimoine historique de l’Afrique. Mais plutôt faire en sorte que les langues du continent soient utilisées de façon harmonieuse dans tous les domaines de la vie publique. Cela nécessite une réhabilitation des langues nationales en face à celles langues héritées de la colonisation. « De ce fait, l’Acalan privilégiera une politique d’inclusion sauvegardant le patrimoine linguiste national et le développement de toutes les langues. Il ne s’agira plus d’une politique linguistique qui accordera un statut favorable aux langues héritées de la colonisation au détriment des langues nationales qui se trouvent frappées d’ostracisme dans les domaines de la vie publique, mais plutôt d’une politique linguistique fondée à court, moyen et long termes sur un véritable partenariat entre les langues dans les secteurs du développement de la nation : éducation, administration », a dit le représentant de l’Académie.

Le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues nationales a indiqué que élaboration du document s’inscrit dans la logique de la mise en œuvre des recommandations du Forum national sur l’éducation tenue en 2008. Le document devrait contribuer à tracer un cadre légal et consensuel pour renforcer et rendre plus efficace les actions de promotion de nos langues nationales dans le domaine de l’éducation. « Ainsi, au regard de nos objectifs de développement et des enjeux du renforcement de la décentralisation et de la démocratie participative, la prise en charge de la problématique de l’utilisation des langues nationales dans notre développement socio-économique bien enracinée dans nos valeurs de civilisation, est devenu une question fondamentale et incontournable », a noté le ministre, en rappelant que sur les 13 langues nationales recensées dans notre pays, 12 ont été instrumentées et dotées chacun d’un alphabet et de règles d’orthographe : bamankan, bomu, dogoso, fulfulde, mamara, maninkakan, songhoy, soninké, syènara, xasonxanne, tyèyaxo, tamasheq. Mais la situation actuelle de l’utilisation des ces langues se caractérise, d’une part, par une tendance de plus en plus grande à leur utilisation dans tous les domaines de la vie publique, et d’autre part par la persistance d’entraves diverses à leur promotion systématique. « Le statut actuel des langues nationales est en deçà du niveau d’aménagement du corpus. Cette distorsion interpelle les esprits et les consciences et milite pour un ajustement du statut qui en fera des langues de travail dans l’espace public national ainsi que des instruments privilégiés de l’intégration sous-régionale. Les conclusions de cet exercice national devraient permettre de formuler et de proposer aux pouvoirs publics, les éléments de base judicieux, réalistes et pertinents pour l’élaboration d’une législation relative à l’aménagement linguistique du pays pour les décennies à venir.

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