Promotion des langues nationales : Le Soninké célébré désormais les 25 septembre suite à une décision de l’Unesco

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Le soninké n’est plus un dialecte, mais désormais une langue à part entière. C’est en effet la seconde langue africaine reconnue par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) après le Swahili. L’institution spécialiséede l’Organisation des Nations unies (ONU) a décidé le 13 octobre 2023 de la célébrer chaque année le 25 septembre.

«Je parle…donc je suis…» ! Le rappelle est de l’Association pour la promotion de la langue et de la culture soninké (APS). Et d’ajouter, «la langue est constitutive de notre identité culturelle, mais elle est aussi ce trait d’union qui permet d’entrer en résonance avec l’autre». On comprend alors aisément que cette association se réjouisse de la proclamation d’une Journée internationale de la langue soninké. Une décision prise à l’unanimité le 13 octobre 2023 par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

Cette décision est «une belle illustration» de la fédération des compétences de l’Etat de Gambie et des Etats co-auteurs tel que le Mali, de l’Association pour la promotion de la langue et de la culture soninké (APS) et des nombreux co-sponsors. Après le Swahili, le soninké devient ainsi la 2e langue africaine a bénéficié d’une journée internationale. D’où la légitime fierté et la satisfaction de ceux qui se sont battus pendant des décennies pour parvenir à cette consécration au «bénéfice de l’Afrique toute entière».

«Notre projet de résolution pour la proclamation d’une Journée internationale de la langue soninké a été adopté à l’unanimité des États membres de l’UNESCO sans débat», s’est réjoui Ousmane Bocar Diagana, président de l’APS, du Festival international de Soninké (FISO) et de la Confédération internationale des Associations Soninké (CIAS) qui ont porté le dossier. «Jusque-là, une seule langue africaine avait ce statut, c’est le swahili. Le soninké est la 2e langue. Nous espérons que cette consécration va ouvrir la voie à d’autres langues comme le peul, le bambara, le wolof…», a-t-il espéré.

Il faut rappeler que la langue soninké est parlée par au moins 1,5 millions de locuteurs dans les régions frontalières du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie. Sans compter une forte diaspora de cette communauté dispersée dans le monde. Les Soninkés sont un peuple de l’Afrique de l’ouest qui, autrefois, vivait dans le très riche et légendaire empire du Ghana, que d’autres appellent l’empire Wagadou. Koumbi Saleh était sa capitale (Capitale de l’Empire du Ghana à partir du 4e siècle, elle a été localisée au sud de l’actuelle Mauritanie lors de fouilles archéologiques en 1913). Selon la légende, ce peuple disposait d’immenses richesses, grâce à un pacte avec un serpent.

La fondation du royaume du Ouagadou, à l’origine de l’empire du Ghana, d’après la tradition orale des griots soninké, est attribuée à un personnage légendaire, Dinga Cissé, l’ancêtre des Soninkés. L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est une institution spécialisée de l’Organisation des Nations unies. Elle a été créée le 16 novembre 1945 à la suite des dégâts et des massacres de la Seconde Guerre mondiale.

Moussa Bolly

 

 Reconnaissance du Soninke comme langue par l’UNESCO :

 Une victoire posthume de feu Diadié Soumaré

«En ces moments symboliques, je pense et fais des dou’as (bénédictions) pour feu Diadié Soumaré. Merci à toi pour l’accompagnement et d’y avoir cru. Alhamdoulillahi (Dieu merci), le 25 septembre est désormais décrété par l’Unesco comme la Journée mondiale de la langue soninké. Merci à l’APS d’avoir porté ce dossier devant l’ensemble du monde» ! La Reconnaissance est de Ousmane Bocar Diagana, président de l’APS, du Festival international de Soninké (FISO) et de la Confédération internationale des Associations Soninké (CIAS) qui ont porté le dossier de cette belle reconnaissance.

Diadié Soumaré a été un fidèle compagnon de route de la cause des migrants subsahariens

En effet, la décision prise le 13 octobre 2023 à l’unanimité à l’Unesco est une victoire posthume du regretté père fondateur de l’APS arraché à notre affection le 23 juin à l’âge de 74 ans. Ancien président de l’APS et figure emblématique de la communauté malienne voire africaine de France, l’illustre disparu a presque consacré toute sa vie à la promotion de la culture, de l’identité soninké à travers des initiatives comme le FISO.

Né vers 1945 dans une famille de marabouts à Souéna Soumaré (village situé dans la région de Kayes au nord-ouest de Bamako), Diadié avait débarqué à Marseille (France) le 24 décembre 1962 à 18 ans… «Je ne savais ni lire, ni compter, encore moins écrire en français. Je connaissais juste l’arabe que j’ai appris à l’école coranique», avait-il souvent l’habitude de confier aux médias. Ouvrier dans une fonderie, il a été approché dès 1963 par le curé Robert maréchal pour suivre des cours du soir de français. En 1965, il obtient le certificat d’étude, commence une formation de comptable et obtient un Certificat d’aptitude professionnel (CAP) en 1969. Ce parchemin lui a permis d’obtenir un poste d’aide-comptable dans une entreprise de distribution de pièces d’automobiles. Mais, il ne s’arrêta pas en si bon chemin.

En 1971, il a obtenu le Brevet de technicien en comptabilité qui lui a permis d’intégrer le groupe de transport international Danzas comme comptable en 1972. Sa soif d’apprendre se poursuit jusqu’à ce qu’il intègre le prestigieux cercle des experts-comptables au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) à Paris où il est sorti diplômé en 1981. Au-delà de cette passion de se forger un destin, Diadié a toujours été un homme très engagé pour les autres et pour sa communauté. C’est ainsi qu’il a collaboré avec la Fondation Abbé Pierre. Il a présidé le Groupe de recherche et de réalisations pour le développement rural (GRDR/Migration-Citoyenneté-Développement) de 1994 à 1997. Il s’agit d’une association internationale de solidarité de droit français qui intervenait en Afrique de l’ouest (Mali, Sénégal, Mauritanie, Guinée-Bissau) et en France. C’est par la suite que le regretté Diadié a fondé et présidé le Haut conseil des Maliens de France de 1997 à 2008.

Il fut aussi Secrétaire général de l’Association Gidimaxa Jikke, une organisation qui offre la possibilité d’apprendre à lire, écrire, à parler le français et à se former à l’informatique. Infatigable militant de la cause des migrants, il s’est engagé sans relâche pour la cause des sans-papiers et des SDF. Il a œuvré toute sa vie pour l’inclusion des Maliens en France et la promotion de projets humains et sociaux entre sa patrie et son pays d’adoption. Selon de nombreux témoignages suite à son décès en juin 2019, «grâce au solide réseau associatif et politique qu’il est parvenu à constituer en France, Diadié a contribué à la concrétisation de nombreux projets pour le Mali, comme la construction de logements sociaux dans la région de Kayes en partenariat avec la Fondation Abbé Pierre».

Membre fondateur du Conseil des sages des Maliens de France, Diadié Soumaré restera dans les mémoires comme l’un des piliers de la diaspora malienne en France. On comprend alors aisément que la  nation l’ait décoré Officier de l’ordre national à titre posthume. De son vivant, il avait été élevé en 2001 au rang de Chevalier de l’ordre national. La décision de l’Unesco de célébrer le soninké comme langue chaque année le 25 septembre est sans doute le meilleur hommage que l’on pouvait aussi lui rendre quatre ans après sa disparition !

Moussa Bolly

 

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