«Femme noire, femme africaine ; Femme noire, femme africaine. Ô toi ma mère, je pense à toi…Ô Daman, ô ma mère, toi qui me portas sur le dos. Toi qui m’allaitas, toi qui favorisas mes premiers pas. Toi qui, la première, m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre. Je pense à toi…» Nous devons la célébrité de cette phrase à Camara Laye à travers son ouvrage, L’Enfant Noir. L’auteur y porte un regard sur la femme noire et a vite compris qu’aucune société ne peut se développer en réduisant à minima la contribution des femmes.
Aucune société ne peut en effet trouver le chemin de son plein accomplissement en confinant les femmes dans des activités périphériques et subalternes ou dans des fonctions de dernier degré qui en font d’elles des étoiles filantes qui surfent sur la surface de la nuit. Pourtant, bon nombre de femmes soutenues et accompagnées par des bonnes volontés qui surgissent de tous les compartiments de la société, se mobilisent tous les jours dans un admirable combat. Il faut bien remettre les choses au bon endroit et la société sur ses deux pieds. L’eau qui tombe goutte à goutte, nous apprend une sagesse africaine, finit par avoir raison du rocher le plus dur. Aussi, les coups de boutoir assénés ici, les coups de bélier donnés là, les poussées et les pressions conjuguées, ont ouvert des brèches dans la muraille des habitudes établies et consolidées. Les habitudes étant des forces, les pesanteurs sociales, les us et coutumes, les traditions ont tracé à la femme une feuille de route. Déviations par-ci, sens interdits par-là, des stops partout. Où va-t-elle mettre les pieds et la tête ?
La formation du dernier Gouvernement dans notre pays nous démontre que le bout du tunnel n’est pas pour demain. Elles ne sont qu’au nombre de quatre seulement dans cet océan de mâles à rallier Koulouba tous les Mercredis. Non, arrêtons-nous un peu pour donner une place à la femme dans notre société ! Elles sont nos mères, nos sœurs et enfin nos épouses. Qui est l’homme qui peut venir dans ce monde sans la femme? La question reste posée.
Etant jeune fille, elle est sollicitée en mariage. Persuadée de l’amour du prétendant, elle donne dos à la maison de ses parents et quelquefois de sa ville, de son village, de son pays, voire de son continent. Elle quitte son père et sa mère et sacrifie son environnement pour le besoin de la cause. Et cette dernière est reçue par un homme qui s’en réjouit et s’en félicite, parce qu’il est comblé. Ses attentes sont satisfaites. Adieu le célibat. Adieu les nuits blanches. De geste en geste, elle se retrouve avec une grossesse. Une autre vie commence durant neuf mois. Les jours et les nuits ne sont plus les mêmes. Elle doit souvent perdre sommeil en se mettant en bonne position pour le bien-être du bébé qu’elle attend impatiemment. Elle supportera tout cela, soutenue par la joie de donner la vie. Mais, elle sentira les douleurs de l’enfantement pendant une heure, un jour ou des jours, des semaines, voire des mois, toujours brave et courageuse. Des mois et des années durant, c’est cette femme qui nourrira l’enfant de son lait sacré. C’est à elle de savoir s’il a faim ou s’il est malade. La brave maman doit interpréter les pleurs et gémissements de son enfant. Les morves et ses autres saletés sont nettoyées à longueur de journée.
Cet devenu homme, ou comme le dirait l’autre, Grand homme ou un Boss, au lieu d’être reconnaissant envers cette femme, se moque plutôt d’elle ou, à la limite, la méprise. «Laissez-la, qu’est-ce qu’elle peut dire ou faire ; ce n’est qu’une femme», voilà ce qu’on entend dire souvent. Non, la femme en général, et cette malienne en particulier, mérite mieux que ça. Il faut «rendre à César, ce qui est à César». Mettons donc de côté les discours creux et fallacieux, et faisons de la promotion de la femme une réalité dans notre pays.
Destin GNIMADI