Initié par le ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, le Programme national d’éducation à la citoyenneté (PNEC) a commencé sa phase d’application avec la diffusion sur le petit écran du volet audiovisuel réalisé par Alioune Ifra N’Diaye. Ce programme embrasse une large gamme d’activités pédagogiques, à la manière de Toundounrou, mais est plus ambitieux que Toundounrou, qui était une simple campagne. Cette fois-ci, il s’agit d’un programme qui va s’étendre pendant un an, renouvelable en cas de succès. Il est donc fait appel à plusieurs supports, comme la boite animation, des images avec animation interactive en direction du grand public.
Ce volet sera mené dans les campagnes avec des groupes cibles bien définis sur les thèmes de l’acte de naissance, du respect du bien commun, etc. Ce type de support a été choisi pour faciliter les débats avec des villageois, car ce programme s’étend sur des dizaines de milliers de villages qui seront touchés en au minimum quatre langues (bamanan, peul, tamashek, songhaï). Cette phase du projet a commencé il y a deux semaines. Il y aura aussi des mariages collectifs sous forme de grandes réjouissances dans plusieurs communes, pour permettre même à des gens mariés, mais qui ne le sont pas à l’état civil d’obtenir un document officiel.
Selon Alioune Ifra N’Diaye, l’objectif est simple "on les marie, on leur donne un état civil et, autour de ça, on développe un programme de communication pour montrer à la population l’importance du mariage civil ". Le programme radio mettra une cinquantaine de stations en réseau, utilisera diverses langues selon les localités, et ne concernera que deux ou trois radios à Bamako. Le premier support est l’audiovisuel, la télé. Au programme, deux grandes émissions, "A Nous la Citoyenneté " et " Jeune Citoyen ". " A nous la citoyenneté " est la reprise de l’émission à succès de la campagne nationale d’éducation civique 2004, présentée actuellement sur le petit écran par Djokoloni Coulibaly et Oumou Diarra dite Djèman. Au cours de cette émission de trente minutes, on propose des courts métrages.
Le volet audiovisuel vise à permettre à beaucoup de nos concitoyens de comprendre leurs devoirs, notamment avec les aventures de Banyengo et "Aye zon bèn ", "au voleur ", qui part donc de la métaphore du voleur qu’on attrape. La caméra se promène entre ceux qui vont attraper le voleur et le corriger et s’arrête sur la vie de chacun. Il se trouve qu’ils sont aussi pervers que le voleur. Lorsque la camera s’arrête sur un marabout, on nous explique qu’il exploite 55 élèves coraniques, qui vont mendier pour lui jusqu’à deux ou trois heures du matin. Elle s’arrête sur un mécanicien ? C’est un professionnel du vol des pièces des voitures qu’on lui amène. Quand on nous montre un conseil municipal, c’est pour nous expliquer comment celui-ci vend des parcelles sur les dos des populations… " Il s’agit d’expliquer le Mali nouveau au grand public " déclare Alioune Ifra N’Diaye, réalisateur du volet télévisuel "parce que l’un des inconvénients de notre démocratie aujourd’hui est qu’il y a très peu de communication sur le sujet. Pourtant, beaucoup de possibilités nous sont données aujourd’hui, grâce à notre système politique et administratif, pour prendre en charge nos destinées. Il se peut que les gens restent sceptiques sur ces dispositions, mais la possibilité nous est donnée aujourd’hui de choisir nos dirigeants et de nous impliquer dans la gestion de notre cité. Le but du jeu est d’expliquer tout cela, d’expliquer que lorsque quelqu’un s’arrête et affirme que le ministre est un voleur, il pose lui aussi des actes irréguliers ". La deuxième émission télé, " Jeunes citoyens " est en fait une télé réalité appliquée à l’éducation citoyenne.
Les différents volets réunis doivent expliquer le pays, les textes : qu’est ce qu’une loi, un texte, une décision, comment le pays est-il organisé ? Quels sont les recours pour les citoyens ? Qu’est ce qu’un citoyen a comme droits et devoirs. Tout cela sera expliqué grâce à tous les supports combinés.
Kassim TRAORE
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