Les partants volontaires à la retraite et les fonctionnaires retraités par anticipation, regroupés au sein de la Coordination des Associations des Travailleurs Victimes du Programme d’Ajustement Structurel (C.A.V.P.A.S.) et qui ont accepté à l’époque cette mesure, sans coup férir, sont aujourd’hui, abonnés au désespoir. Ces retraités, le plus régulièrement du monde, ont constitué leur dossier de retraite. Ils les ont déposés, ensuite, auprès des services administratifs compétents. Depuis, ils attendent. Impatiemment.
Après plusieurs décennies de bons et loyaux services, méritent-t-ils d’être ainsi traités, ces travailleurs, ces agents et cadres qui ont consacré le plus clair de leur vie à participer au développement de notre pays ? Ce mépris incompréhensible, donne raison à ceux qui assimilent la retraite, sous nos cieux, à « un assassinat administratif ». Car il y a bien lieu de parler d’un crime parfait, dès lors qu’on peut se permettre de livrer ainsi aux affres de l’existence des pères et des mères de famille. Nombre d’entre eux ont encore des enfants à charge. Nombre d’entre eux sont encore loin d’avoir éteint les effets des engagements financiers pris ou des dettes contractées. Tous arrivent à un âge où la maladie frappe sans prévenir et fond sur sa proie sans pitié. Et Dieu sait que la santé, dans notre société, a un prix. Il faut avoir les moyens de faire face. Sinon… Quel crime ont-ils commis ces retraités volontaires et ces fonctionnaires retraités par anticipation pour mériter ce triste sort ? Et pendant combien de temps encore durera leur calvaire. Dans le silence entendu de leurs tortionnaires. Dans la complicité des chefs et des « haut placés » qui savent et qui ne disent rien. Les avez-vous vus lever le plus petit doigt ou risquer le moindre avis sur un dossier qui, par son évolution, est à situer, désormais, dans le champ des plus graves violations des droits de l’homme ? Empressons-nous d’ajouter que ce qui arrive à ces retraités admis à faire valoir leur droit à la retraite ne constitue pas un cas isolé. L’administration, nous renseigne-t-on, a plusieurs autres cas sur les bras, sinon sur la conscience. Des cas tout aussi graves. Des cas encore plus graves. Des cas qui heurtent notre conscience à tous. Suffisamment, en tout cas, pour nous empêcher de continuer de dormir du sommeil du juste, ou de nous taire lâchement. Il ne reste plus que ces cas provoquent le sursaut salvateur de tous ceux qui refusent de cautionner la bêtise ou d’encourager la sottise. De toutes les manières, les faits que nous rapportons sont déjà assez éloquents pour instruire le procès de notre administration. Qui donnera tort à ceux de nos concitoyens, qui appellent de leurs vœux que nous débarrassions cette administration de sa gangue bureaucratique et paperassière, que nous la transformions en une administration de développement ? Nous aurions tant voulu que le synonyme d’une administration de développement soit une administration humaine. Le but, ici, c’est de faire retenir que nos services administratifs, par leur mode de fonctionnement actuel, complote contre l’homme, écrase et broie des hommes. Nos services administratifs sont à l’image des salles de torture ou des champs pour des exécutions massives et sommaires. Dans chaque dossier qui traîne sur le bureau d’un fonctionnaire, se trouve écrite, à l’encre d’une indicible souffrance, l’histoire d’un homme ou d’une femme. Derrière chaque numéro matricule, il y a un drame humain qui se noue. Et chaque jour qu’on perd pour traiter et conclure un dossier, c’est un homme, c’est une femme, déjà à terre, que l’on continue de piétiner ; c’est un retraité, après qu’il se fut sacrifié sur le terrain du devoir, que l’on prive de ses droits. La réforme de notre administration, à la lumière de tous ces faits, est plus que jamais à l’ordre du jour. Il ne peut pas s’agir d’une opération cosmétique qui se limiterait à quelques aménagements techniques. Il ne peut pas s’agir non plus d’aller pirater les autres pour venir plaquer sur notre administration des réalités d’ailleurs. Il s’agit de prendre possession de notre esprit pour dresser l’architecture d’une autre administration. Celle dans laquelle nous projetterions le meilleur de nous- mêmes. Une telle administration, sans être la retraite des bienheureux, doit cesser, au moins, d’être l’enfer des retraités.
Une génération sacrifiée sur l’autel d’intérêts égoïstes
Aujourd’hui, il y a un nombre de 5666 partants volontaires à la retraite. Avec à l’appui plus de 600 décès. La plupart de ces retraités ont vu depuis des ans leur famille disloquée, beaucoup ont vu leur femme abandonner le foyer sans espoir de retour, les enfants sont exposés à la délinquance, les filles à la prostitution. C’est tout une génération 1000 enfants ou plus, qui a été sacrifiée parce qu’elle n’a pas pu bénéficier des droits à l’éducation, à la nourriture, à la santé pour ne citer que ceux là. Déscolarisés, mal nourris, en mauvaise santé, ces enfants risquent de devenir la lie de la société, des dangers si les pouvoirs publics ne prennent pas les mesures nécessaires pour les récupérer. La première mesure urgente et de sauvegarde consisterait à ordonner aux irresponsables responsables de leurs malheurs, aux cupides fonctionnaires des finances chargés de leurs dossiers de payer intégralement le reliquat des droits des retraités volontaires de la Coordination des associations des travailleurs victimes du programme d’ajustement structurel (C.A.V.P.A.S.) et autres, afin qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle de vrais chefs de famille
Me Dème, le bourreau des retraités
En 2007, l’Etat malien a octroyé aux partants volontaires à la retraite la somme de 2,5 milliards de nos francs au titre de l’aide sociale. Sur cette manne financière, des cadres du département de la fonction publique, le notaire Me Dème et avec la complicité de l’ancien président de la Coordination des retraités, ont dégusté à la petite cuillère, la bagatelle de plus d’un milliard de francs CFA.
Suite à cette boulimie, le nouveau bureau a porté plainte devant la justice et l’ancien président est actuellement en liberté provisoire. Mais le dossier reste toujours pendant devant le Pôle économique et financier. C’est dans cette situation que l’Etat malien s’apprêterait à mettre à la disposition du notaire Dème et de cet ancien bureau de Coordination la somme de 500 million de francs CFA pour indemniser les partants volontaires à la retraite qui n’ont pas bénéficié de cette aide au motif que leur part a été détournée. Selon le nouveau bureau, ils n’ont pas été omis comme les combinards veulent le faire croire. Et pour plus de transparence, le nouveau bureau a toujours demandé que ces partants soient payés au niveau des structures appropriées de l’Etat. Au sein de l’Administration, il y a actuellement une volonté délibérée, manifeste d’empêcher ses partants volontaires de recouvrer leurs droits. Cela fait maintenant plus de 10 ans que certains n’ont pas perçu un centime comme droit. Quant à d’autres, à part les broutilles au titre des malheureuses aides sociales, ils n’ont perçu aucun copeck. Cela se confirme à partir du moment que depuis plus de 15 ans, les partants volontaires ne bénéficient pas de la pension d’ancienneté pleine et entière à fortiori d’autres droits. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, les partants volontaires à la retraire ont fait une déclaration commune au premier ministre le 17 août 2011 avant de l’adresser une lettre d’information en date du 14 septembre dernier. Sans suite. Et jusque-là l’Etat malien continue de faire la sourde oreille.
Affaire à suivre !
Jean pierre James