L’Observatoire de la Gouvernance de la sécurité privée en Afrique en collaboration avec le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées-Genève(DCAF) a organisé à l’intention des Organisations de la société civile des pays d’Afrique, un atelier sur le thème : « la Gouvernance des entreprises militaires et de sécurité privées(ESP). C’était le 20 septembre 2017au Grand Hôtel de Bamako, en présence de Mr Aly Sagne, Président-LSD, de Mme Sharon Anderes, chargée de projet et de Tiémoko Souleymane Sangaré, président de la Fondation pour le Développement au Sahel au Mali.
Dans son discours d’ouverture, M. Aly Sagne a tout d’abord salué la présence des représentant de Sociétés Africaines comme le Cameroun, le RD Congo, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Burkina, le Mali. Il a indiqué que la gouvernance des entreprises militaires et de sécurités privées constitue aujourd’hui un sujet de vives préoccupations au niveau international. Selon lui, la recrudescence des conflits, les nouveaux enjeux sécuritaires tels que la cybercriminalité transfrontalière, la piraterie maritime, le terrorisme, les moyens de plus en plus sophistiqués qui sont en jeu ont amené l’augmentation des ESP depuis les années 90. Pour ce faire, M Sagné dira que l’Afrique constitue aujourd’hui un véritable marché émergent pour cette industrie de type nouveau, les conflits chroniques participant à entretenir et à développer ce business. Il a noté le Group 4 Securor(GAS), un géant parmi les EMSP, qui opère depuis au Cameroun, au Ghana, en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Mauritanie, au Nigeria et en Sierra Leone. Selon lui, avec un chiffre d’affaire de 244 milliards de USD en 2013, les ESP offrent une diversité de services aux multinationales (notamment les compagnies pétrolières, gazières et minières), aux organisations internationales comme, l’ONU, les ONG internationales, les Institutions financières, les Etats. Il a rappelé les soutiens logistiques qu’elles fournissent concernant la surveillance des bâtiments, la protection des personnes, l’escorte des convois d’aide humanitaire, l’instruction militaire et le conseil aux forces armées, l’exploitation de systèmes d’armement complexes ainsi que des missions de renseignement. Pour lui, les ESMP participent parfois directement aux combats. Selon M Sagne, dans ce contexte, le respect du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme peut se révéler problématique, alors que la supervision et le contrôle des activités des EMSP demeure insuffisante. Il a rappelé que dans la plupart des pays Africains, les réglementations sur les EMSP sont obsolètes, inadaptés et très limités, surtout en matière de droits de l’homme. Il a indiqué que les législations nationales sont muettes sur un certain nombre de standards clés comme : la transparence, le statut et la moralité des agents ; la Sous-traitance ; la formation ; les contrats et les passations de marché de sécurité ; la diligence raisonnable pour se conformer aux principes des NU ; l’usage excessif de la force, la torture ; les relations avec les civiles et les communautés locales, etc. les domaines d’intervention permis et non permis ; les conditions d’emplois et de travail dans les EMSP ; les mécanismes de reddition des comptes et l’accès à la justices et réparation aux victimes. Selon M Sagne, en réponse à ces nouvelles menaces introduites par les EMSP, plusieurs initiatives (gouvernements, Organisations Internationales, ONG) ont été lancées, avec l’objectif de définir une réglementation internationale, permettant d’encadrer et de contrôler le fonctionnement et les opérations de ces acteurs. Ces dans ce sens qu’en 2008, la Suisse, le CICR et le DCAF avaient lancé l’initiative du Document de Montreux, a-t-il fait savoir. Et, en 2010, une initiative multipartite dotée d’un mécanisme de contrôle externe et indépendant chargé de vérifier la conformité des performances des EMSP a été mise en place, grâce au soutien du Gouvernement Suisse, a-t-il ajouté.
Fakara Faïnké