L’excision est perçue par les jeunes comme un problème de santé et de violation des droits humains de la femme et de l’enfant. Afin de lutter efficacement contre le phénomène, des organisions ont entrepris certaines initiatives pour améliorer la capacité d’intervention des jeunes sur la question des mutilations génitales féminines. Ces jeunes seront impliqués dans le plaidoyer auprès des pouvoirs publics en vue d’accompagner la lutte.
Dans le cadre du projet implication des jeunes dans la lutte contre les mutilations génitales féminines, l’Association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles (Amsopt) avec le partenariat financier du comité inter-africain de lutte contre les pratiques néfastes à la santé de la mère et de l’enfant a organisé récemment un atelier de formation à l’intention des jeunes des six communes du district de Bamako.
Le séminaire présidé par la directrice de l’Amsopt, Mme Sidibé Kadidia Aoudou, a regroupé les jeunes issus des différentes organisations de jeunesse dont de nombreux élèves et étudiants. Selon les responsables de l’Amsopt, le choix de ce groupe cible s’explique par la réalité que les jeunes seront les futurs parents et en eux ils portent le germe du changement. L’éradication des MGF dans un futur proche passe nécessairement par la sensibilisation et l’implication des jeunes dans les activités en faveur de l’abandon de la pratique de l’excision.
La session de formation avait pour objectif d’informer les jeunes sur le rôle et les fonctions des organes de reproduction, diffuser les conventions CDE et CDEF, le protocole de Maputo, la prise de conscience par rapport au problème de l’excision, le renforcement des capacités des jeunes pairs éducateurs en matière de MGF et impliquer les jeunes dans la sensibilisation contre les MGF â travers l’approche pair-pair. Le séminaire de formation, qui a duré 5 jours, a permis de faire un rappel sur le contenu des modules déjà entamé lors de la première phase du projet comme la santé de la reproduction, le rôle et le fonctionnement des organes génitaux, les mutilations génitales féminines et ses liens avec les violences faites aux femmes et les droits humains notamment. L’objectif visé étant la matérialisation des conséquences liées à la pratique de l’excision qui peuvent être aussi immédiates que tardives. Participative, la formation a utilisé l’andragogie à travers les méthodologies polycopies, travaux individuels et de groupe, jeux de rôle, brainstorming, synthèses, dessin, boite à images, projection diapos, etc. Cette méthode a permis aux jeunes de comprendre les complications médicales et les drames socio-économiques causés par l’excision alors qu’elle n’a aucun caractère thérapeutique.
Au Mali, le taux d’excision varie selon les localités. Une forte pratique est constatée dans les régions du sud, à l’image de Koulikoro (99%), Kayes (98%), Sikasso (97%), Ségou (95%) ; Bamako (94%), Mopti (88%). Les régions les moins touchées sont celles du septentrion ; Tombouctou, Gao et Kidal avec un taux de 34%, selon la troisième édition de l’enquête démographique et de santé. Malgré les campagnes d’information et de sensibilisation entamées, il y a plus de 20 ans, 80,3% des Maliens penchent pour la continuité de la pratique pour diverses raisons liées le plus souvent à la pesanteur socioculturelle et religieuse. Le Mali doit donc redoubler d’effort pour renverser cette tendance parce l’excision est nuisible à la santé de la femme et au bien-être familial.
Par Ibrahim SANGALA“