Bien d’hommes et de femmes avaient cru qu’avec l’avènement du multipartisme intégral, le peuple qui avait sacrifié de ses valeureux enfants, verrait le bout du tunnel, non sans raison :
En fait, pendant 23 longues années de gestion des affaires par Moussa Traoré et sa famille politique, notre peuple a enduré dans sa chair et dans sa conscience les affres de l’apache régime militaro- politique. L’on avait cru que le départ de Moussa du pouvoir allait donner à ce peuple le mieux être socio-économique, politique et culturel. C’est ainsi qu’avec la plus grande ferveur populaire les femmes et les enfants du Mali ont donné leur vie pour que plus rien ne soit plus comme avant. Rappelons que le peuple malien a perdu plus de 220 de ses filles et des fils dans le combat du Mouvement démocratique pour un Mali radicalement nouveau.
Mais un premier constant cuisant c’est que les femmes et les hommes qui ne faisaient appeler «démocrates» ont cultivé aussi de la classe politique nationale le goût du profit et le sens de l’ostentation. La suite, on la connaît : l’affairisme, le clientélisme, l’achat des consciences, les détournements de deniers publics se sont confortablement installés dans notre pays.
Au lieu de donner un coup d’arrêt aux contrefaçons, nos «démocrates» se sont donné à cœur joie à la délinquance financière, économique et politique. L’on comprend donc pourquoi un patriote burkinabé n’a pas manqué de dire que devant l’argent les gouvernants maliens n’ont pas d’honneur. Cela est d’autant exact qu’il n’y a pas un seul secteur d’activités au Mali qui n’est pas infecté par le virus de la corruption et de la délinquance financière sous toutes ses formes.
Au nom de la démocratie les chats se sont associés aux souris, les voleurs aux menteurs, les escrocs aux fumistes, les myopes de la politique aux déprédateurs de notre tissu socio- politique national faisant ainsi de notre pays une sorte de gâteau à se partager sur un plateau d’argent et du sens de l’honneur une peste bovine. C’est à l’image de ces mélanges hétéroclites qu’on a assisté à des alliances politiques totalement contre nature. C’est pourquoi, ces politiciens sans scrupule, sangsues du peuple travailleur du Mali se sont transformés en politiciens criquets sans repères et sans le moindre sens de la décence à la recherche de dividendes économiques et financiers, bradant ainsi progressivement au diable l’honneur et la dignité de notre peuple. Ces politiciens véreux ont sérieusement infecté le climat politique national.
Au lieu de servir notre pays, ils se sont lancés à la recherche du plus grand profit, s’organisant ainsi vers et pour l’extérieur. La conséquence visible aujourd’hui d’une telle attitude politique malencontreuse c’est que notre peuple a été exproprié de l’intégrité de son territoire.
Pourtant, le Togolais, Edem Kodjo avait déjà averti : «A force d’avoir regardé vers l’extérieur, de s’être organisé vers l’extérieur et pour l’extérieur, à force d’avoir accepté tout de l’extérieur, concepts comme produits…, l’Afrique subit plus que tout autre les effets pervers de la crise venue d’ailleurs.»
L’opportunisme politique est devenu la sève nourricière de nos politiciens crapuleux et médiocres. Pour preuve, combien de «partis politiques» se sont recomposés et combien de fois, enregistrant ainsi les mouvements des charognards d’une branche à une autre, à la recherche de quoi remplir le gosier. En tout cas, ces valses des politiciens capricieux n’ont nullement pour gage de rendre le moindre service loyal à notre peuple, bien au contraire !
A la faveur des farces politiciennes, on assiste de plus en plus à toutes sortes de tournage politicien : au nom de la démocratie, les vrais ennemis deviennent de «vrais» amis et cela aux dépens de nos masses laborieuses et sans le moindre souci de la décence politique.
Le général ATT, connaissant bien le caractère frivole et hypocrite des politiciens maliens dans leur écrasante majorité et miroitant les postes de responsabilité à leurs yeux, n’est pas passé par mille voies : sans se réclamer d’un parti politique, il est parvenu à débaucher la crème politicienne de ces très nombreux «partis politiques» en sa qualité de candidat indépendant. Il faisait ainsi de tous ces politicards des coresponsables de sa gestion à lui, hélas, pour le moins calamiteuse. ATT est renversé le 22 mars 2012.
En politiciens affairistes, bien d’hommes et de femmes, cogestionnaires de nos affaires avec ATT n’ont fait que leur sale boulot de fretins retourneurs de veste pour dire à Amadou Haya Sanogo qu’ils sont au service du Mali. Mieux, combien de frelons ont crié à la porte du Premier ministre Modibo Diarra pour être nommés ministres dans son gouvernement ! Comme on l’a vu, les dindes et les dindons charlatans ont secoué tous les cocotiers pour faire partie du gouvernement du Premier ministre du CNRDRE.
Hier comme aujourd’hui, ce sont les mêmes pratiques qui minent notre Assemblée nationale. Ils étaient très nombreux ces hommes et ces femmes qui applaudissaient au passage du vent du RPM, sans se soucier un seul instant de cette préoccupation fondamentale du peuple malien à savoir son mieux être socioéconomique et culturel.
Après avoir partagé la gestion chaotique du pays avec le RPM, voilà des vagues de sortie qui secouent chaque jour davantage le parti du tisserand. Que voient aujourd’hui ces honorables députés qui abandonnent la majorité dite présidentielle sans autre forme de procès ? Est-ce parce qu’avec le locataire de Koulouba peu de bribes sont tombées de la bouche de celui qui a été magistralement choisi par son peuple pour enfin traduire dans les faits les aspirations les plus légitimes des masses populaires ? Selon toute vraisemblable, lorsque les billets de banque se déballent à l’Assemblée nationale, c’est la ruée vers le plus offrant !
A quelque exception près, ce navetanat à l’Assemblée nationale n’honore nullement ceux qui sont tombés pour l’émergence d’un Mali nouveau, d’un Mali où il fera bon vivre pour tous ses fils sans discrimination aucune. Aujourd’hui, tous les patriotes sincères doivent se démarquer sans délai de ses politiciens frelons qui ne peuvent que développer le gouffre de ce peuple qui n’a que trop souffert.
Ces patriotes, (il y en a encore même s’ils sont de moins en moins nombreux) doivent se retrouver pour faire obstacle aux calamités politico-administratives en cours dans notre pays.
Forts du soutien de nos masses laborieuses, ces patriotes se doivent de mettre de côté les querelles de leadership pour reconstruire notre identité confisqué par les démons affairistes d’une renégate bourgeoisie sans honte. Ces patriotes doivent faire leur cette célèbre pensée de Tibor Mendé selon laquelle «pour récupérer l’identité et le respect de soi, il faut changer l’orientation même de l’économie. Au lieu de regarder vers l’extérieur, elle doit s’orienter vers l’intérieur et se préoccuper davantage de résoudre les problèmes locaux que d’affronter ceux qui résultent du contact avec le monde industriel.»
Pour l’honneur du Mali ! Pour le bien être de notre peuple travailleur !
Fodé KEITA
Si la recomposition de conscience pouvait emprunter le pas du vouloir changer et que les acteurs politico-sociaux et économiques se remettent en question, le visage Mali allait avoir de bonnes empreintes et atteindre les normes dignes de son image.
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