Après avoir décliné les priorités du gouvernement, à savoir améliorer la sécurité, conduire des réformes politiques et institutionnelles, organiser des élections crédibles, réduire le train de vie de l’Etat, moraliser la vie publique, mettre fin à l’impunité dans le pays et satisfaire une part importante de la demande sociale, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et son gouvernement ont pris leur bâton de pèlerin. Objectif : informer et sensibiliser les différentes couches sociales, politiques, institutionnelles et avoir leur adhésion aux différentes priorités ; une adhésion indispensable pour la réussite de la transition. L’ont-ils obtenue ?
Entre le 13 et 24 juin 2021, le Premier ministre de la transition II, Dr. Choguel Kokalla Maïga et des membres de son gouvernement ont fait le tour des grandes personnalités, des regroupements sociaux et politiques, des organisations de la société civiles et des services techniques. Il s’agit entre autres des anciens Premiers ministres, les présidents des institutions, des syndicats pour ne citer que ceux-ci. Partout où ils sont passés, le message est clair.
Les priorités du gouvernement déclinées par Choguel.
Les anciens Premiers ministres, de Soumana Sacko à Dr. Boubou Cissé en passant Modibo Sidibé, Sidibé Mariama Kaïdama Sidibé, Ahmed Ag Hamani, Moussa Mara, Abdoulaye Idrissa Maïga, Soumeylou Boubèye Maïga, Ousmane Issoufi Maïga, Younoussi Touré, Diango Cissoko et Cheick Modibo Diarra, le tour a été fait.
Même si tous ont accueilli avec enthousiasme la visite de Choguel K. Maïga et qu’ils se soient dits honorés d’avoir été consultés pour donner leurs avis, voire qui ont exprimé leur adhésion, certains ont néanmoins émis des réserves. C’est le cas de l’ancien Premier ministre Soumana Sako, ancien chef du gouvernement de la transition dirigée par feu Amadou Toumani Touré.
Dans un communiqué publié, mardi 15 juin 2021, le parti Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS-Faso Hèrè), a annoncé que son président d’honneur, Dr. Soumana Sacko, en sa qualité de doyen des anciens chefs de Gouvernement et à la demande du nouveau Premier ministre, a reçu le Dr. Choguel Kokala Maïga.
À l’occasion de cette visite de courtoisie, et après avoir réitéré sa condamnation des deux coups d’État que le Mali vient de subir en l’espace de neufs mois, le Dr. Soumana Sacko a partagé avec son interlocuteur ses commentaires sur le discours d’orientation prononcé par celui-ci le 13 juin dernier devant les membres du nouveau Gouvernement.
En particulier, Soumana Sacko a attiré l’attention du nouveau Premier ministre sur deux lignes rouges à ne pas franchir : l’application de l’Accord anti-national d’Alger et le projet de révision de la Constitution démocratique du 12 janvier 1992.
Visite aux partenaires sociaux
Le Premier ministre, chef du Gouvernement, M. Choguel Kokalla Maïga, a rendu visite, le mercredi 16 juin 2021, à la Confédération syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), à la Confédération Malienne des Travailleurs (CMT) et à la Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali (CDTM). Après avoir exposé aux responsables syndicaux les trois piliers de la Transition tel que voulu par le Président de la Transition, S.E. le colonel Assimi Goïta, il a invité les partenaires sociaux à œuvrer pour l’apaisement du climat social.
Les responsables de la CSTM, de la CMT et de la CDTM ont unanimement félicité le Premier ministre pour sa nomination à la tête du Gouvernement et se sont dits disposés à œuvrer pour l’apaisement du climat social.
Avant la visite de ces trois centrales syndicales, Le Premier ministre, chef du Gouvernement, Dr. Choguel Kokalla Maïga, s’était rendu le mardi, 15 juin 2021, au siège de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) pour rencontrer le bureau du syndicat.
En se rendant à la Bourse du Travail, siège emblématique de l’UNTM, le Premier ministre était venu certes en visite de courtoisie, mais Choguel entendais aussi et surtout afin d’œuvrer pour l’apaisement du climat social qui dépend en grande partie des acteurs sociaux.
Cette initiative du Premier ministre, qui a été appréciée à sa juste valeur par la principale centrale syndicale, ne semble pas avoir suffi à calmer les ardeurs puisqu’après cette visite, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali menace, de reprendre les mouvements de grève si ses revendications ne sont pas satisfaites. D’ailleurs, elle avait donné un délai de dix jours à Choguel et à son équipe.
Aux dires des syndicalistes, la visite n’avait pas permis de rentrer en profondeur sur les différends qui opposent les deux parties.
C’est pourquoi le secrétaire général adjoint de l’UNTM, Abdourahmane Infa Touré, disait ceci : «Nous avons des compressés et des partants volontaires à la retraite qui, pendant 30 ans, attendent des droits qui ne sont pas tombés. Nous avons aussi le problème de notre grille mise en œuvre depuis le 1er janvier 2021, qui n’a pas vu le jour. La centrale syndicale donne (donc) dix jours au nouveau gouvernement de transition pour satisfaire ses revendications. Passé ce délai, elle déposera un nouveau préavis de grève ».
«Les dates données par le gouvernement sortant, ce n’était pas dans l’intention de les appliquer. C’était des dates pour nous berner. Si ce nouveau gouvernement pense aussi qu’il peut nous mépriser, il nous trouvera sur son chemin », précise Abdourahmane Infa Touré.
Aux dernières nouvelles, le Premier ministre a entamé des démarches afin de désamorcer la situation, mais un accord définitif n’est pas encore acquis.
En plus, les enseignants de la Faculté des Langues. des Lettres et des Sciences du Langage ont entamé ce jeudi, 1er juillet 2021, une grève illimitée.
Par ailleurs, le Conseil National de Transition, le Haut Conseil des Collectivités, la Cour Suprême et la Cour Constitutionnelle, Patronat, la COFOP ont tous exprimé leur adhésion aux priorités du gouvernement.
C’est dire que Choguel est loin d’avoir l’adhésion de tous pour les priorités qu’il a déclinées.
Zié Coulibaly
Source : Plume Libre