Le Premier ministre Moctar Ouane est entre la pression du M5-RFP et les tirs d’une poignée de responsables de la transition dont le plus visible est Issa Kaou N’Djim, quatrième vice-président du Conseil national de transition (CNT). Ce dernier qui est connu du public pour ses sorties médiatiques inopportunes a réussi à braquer une partie des membres de la transition contre le Premier ministre. En fin calculateur, Issa Kaou N’Djim essaie de profiter de la contestation du Premier ministre par les opposants restés fidèles au M5 RFP.
En réalité, Kaou N’Djim en veut à Moctar Ouane depuis que celui-ci s’est montré un peu plus à l’écoute des membres du M5-RFP et des soutiens de l’imam Mahmoud Dicko entrés en rébellion contre lui. N’Djim n’a jamais apprécié la nomination d’un proche de l’imam Dicko, Amadou Donga Maïga, comme conseiller à la primature. C’est d’autant plus gênant pour Kaou N’Djim que Dounga avait été chassé de la Cmas de l’imam Dicko par ses soins.
C’est en fait une guerre par procuration qui est menée contre les proches de Mahmoud Dicko qui ont décidé de combattre à leur tour Kaou N’Djim. Plusieurs membres de la Cmas de l’imam Dicko ont déclaré la guerre au quatrième vice-président du CNT, dont l’agenda est de préserver les avantages de la Transition. En fait, Moctar Ouane n’a pas suivi Kaou N’Djim dans son aventure, voulant mettre des bâtons dans les roues de la Transition, afin de créer une crise pour prolonger la période transitoire.
L’hostilité de N’Djim envers Moctar Ouane est devenue plus manifeste lorsque celui-ci a dévoilé le chronogramme électoral. Dans une sortie récente, N’Djim a promis de faire sortir le peuple contre le gouvernement qui n’a rien entrepris pour apporter des changements dans la gouvernance du pays. C’est étonnant de la part d’un homme qui crie sur tous les toits son opposition au chronogramme électoral qui met fin à la Transition en un peu moins de 10 mois.
Bien qu’inquiété par un responsable de la Transition, Moctar Ouane reste droit dans ses bottes. Il a pris des initiatives visant à adoucir le cœur des membres du M5-RFP en créant une commission d’orientation de la transition. Il a entrepris plusieurs rencontres avec la classe politique pour mieux prendre en compte les préoccupations des membres de cette catégorie importante de la nation. Or, c’est tout le contraire que veut Issa Kaou N’Djim qui a tout fait pour écarter les hommes politiques du processus de la Transition.
L’une des raisons de l’animosité de N’Djim est donc la réhabilitation des partis politiques, entamée par Moctar Ouane. Non seulement cette ouverture aux autres forces vives de la nation est bien fondée, elle procède également d’une demande pressante de la communauté internationale. Que ce soit le médiateur de la Cedeao, les Etats-Unis ou l’Union européenne, tous les partenaires du Mali réclament une ouverture du processus de la Transition aux autres forces.
Mais Kaou N’Djim n’en a cure, habitué qu’il est à saboter les initiatives de promotion des partis politiques. C’est d’ailleurs lui qui est le seul à réclamer haut et fort la suppression de l’aide publique aux partis politiques. Un débat est en cours sur cette suppression, les partis n’ayant pas obtenu jusqu’ici l’aide au titre de 2020 à fortiori celle de 2021.