Primature : Choguel Maiga, PM ou paravent assumé ?

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En attendant de signer définitivement son retour à la Primature, le Premier ministre Choguel Maiga est sorti de sa réserve pour en manifester l’intention, à travers deux épisodes aussi intrigants l’un que l’autre. Le premier acte a consisté à se faire recevoir en audience à Koulouba où sa casquette de chef du Gouvernement se confondait avec une stature de visiteur assujetti à la tradition protocolaire d’un corps étranger. En atteste la restitution devant caméras des motifs de sa présence ainsi que du contenu de ses échanges avec le chef de l’Etat, à la manière d’une personnalité diplomatique au sortir d’une audience avec le locataire des lieux. Choguel Maiga dit ainsi être allé signaler sa disponibilité à reprendre service après une longue épreuve sanitaire et indique par la même occasion être dans l’expectative d’une autorisation formelle de son employeur pour un retour effectif. Sauf que le rescapé de la Clinique Pasteur en avait hâte au point de ne pouvoir attendre les formalités requises pour passer au deuxième épisode : forcer les entrées de la Primature qu’occupe tout le long de son absence un Premier intérimaire. En effet, sans mesure abrogative de la désignation du ministre de l’Administration territoriale comme PM intérimaire, le revenant y a affecté un bref passage d’essai, vendredi dernier, au détour de l’enregistrement d’une adresse à la nation ventilée par anticipation sur les réseaux sociaux avant sa diffusion par l’Ortm. En substance, Choguel Maiga y insiste sur ses intentions d’insuffler une nouvelle dynamique à la Transition ainsi qu’à la vocation panafricaniste de l’œuvre de Refondation enclenchée par les autorités.

Le troisième épisode se traduira-t-il par son installation définitive ? La question se trouve sur toutes les lèvres et les supputations vont bon train quant aux modalités de la reprise de main de Choguel Maiga. D’aucuns jugent tout du revenant (es qualité PM) assimilable à une gestion bicéphale de la Primature tant que n’aura pas été levée la mesure nominative d’un PM intérimaire à sa place. Ils estiment, au demeurant, que le recours à un décret d’intérim paraît d’autant moins fortuit qu’il ne se justifiait que par une volonté manifeste d’alourdir le processus d’une passation de main entre l’intérimaire et le titulaire du poste de chef de Gouvernement. D’autres, en revanche, se disent persuadés que Choguel Maiga ne pouvait créer l’événement en paradant successivement à Koulouba et à la Primature sans la caution et la bénédiction tacite des plus hautes autorités que le PM à couvertes au passage de lauriers à chaque épisode de sa réapparition publique.

Quoi qu’il en soit, le retour du PM sera intervenu dans un contexte de fragilisation de la Transition par les limites de ses promesses mirobolantes ainsi que des illusions vendues aux Maliens sur fond de résilience de moins en moins tenable et assez sélective pour engendrer une crise de confiance entre les citoyens et les dirigeants actuels. Au point que le moratoire revendicatif arraché au front social est en passe de voler en éclat, au regard des possibles effets d’entraînement de la boîte de Pandore récemment ouverte par le front scolaire, dans un contexte de renchérissement continue du cout de la vie. Greffiers et enseignants de l’article 39 menacent d’emboîter le pas aux élèves et étudiants sur fond de frustration et de protestation contre la sélectivité des sacrifices imposés à certains Maliens au nom du penchant d’autres concitoyens pour l’opulence. C’est du reste la dérive ayant cristallisé les contradictions internes mises en exergue par la récente démarcation d’un soutien et non des moindres de la Transition, l’influent membre du CNT et précurseur du mouvement Yerewolo Ton, Adama Diarra alias Ben le cerveau.

S’il était accueilli tel qu’il en a hâte, le PM titulaire le sera, en définitive, dans un terrain socio-politique rendu davantage marécageux par les équations de l’avant-projet de constitution que les autorités de la Transition s’apprêtent à soumettre au suffrage des Maliens. À quelques encablures de son épilogue, le processus se heurte notamment à une vague d’hostilités sans commune mesure, qui présage d’une mésaventure similaire aux précédentes tentatives échouées de réforme constitutionnelle, alors que par-delà les nombreuses levées de bouclier, le processus était déjà hypothéqué par une réalité sécurité à laquelle résiste de moins en moins la grande propagande essoufflée sur la montée en puissance de l’armée.

Autant d’écueils porteurs de démystification progressive pour le chef de l’Etat longtemps demeuré sous le paravent du mutisme et la carapace politique des soutiens intéressés de la Transition. En s’accommodant d’un retour de Choguel Maiga dans cette ambiance d’incertitudes et désarroi, ça n’est le Premier ministre que Assimi Goita accueille mais le bouclier tout indiqué contre les explosifs mécontentements qui couvent depuis quelques temps. En attendant de relever les défis qui sous-tendent sa résurrection sur la scène, le revenant a beau jeu de prouver son aptitude physique à la corvée, à coups d’exhibitions de sa disponibilité.

A KEITA

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3 COMMENTAIRES

  1. ABDRAMANE KEITA, PERSONNE , SAUF LES IDIOTS, NE PENSAIT QUE LA TRANSITION ALLAIT ETRE UN FLEUVE TRANQUILE, SURTOUT DANS LE CONTEXTE DE LA CONJONCTURE MONDIALE. C’EST DANS LA DOULEUR QUE NAISSE LE NOUVEAU NE, C’EST AUSSI AU BOUT DE L’EFFORT QU’ON OBTIENT LA FRUIT.
    ARRETONS DE PLEURNICHER OU DE CHERCHER TOUJOURS LA PETITE BETE : LA SOUVERAINETE, LA VRAIE, ON PEUT L’ACQUERIR AU BOUT DE CETTE TRANSITION. C’EST A CHACUN D’Y METTRE DU SIEN.

  2. choguel n’ a plu sa place a la primature.
    ce serait très dangereux pour les putschistes eux-mêmes de récupérer ce vaurien choguel.

  3. Politiquement tout se complique. Le premier ministre par intérim s’est très bien acquitté de sa tâche. Il serait même bien mieux accepté par les divers interlocuteurs que Choguel K. Maïga.

    Choguel K. Maïga a un défaut, il est trop politique et beaucoup se demande s’il travaille pour le pays ou pour les élections avec comme objectif la présidentielle. Cela ne plait pas aux militaires qui souhaitent faire une transition sans avoir à faire trop de politique à l’ancienne. Malheureusement pourront-ils longtemps écarter Choguel K. Maïga alors que la contestation monte et que des réponses politiques sont attendues ?

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