Une moyenne annuelle de 447 accidents de travail, un coût de réparation de 556 millions de Fcfa par an, des handicapés à vie et des décès, tel est le lourd tribut payé dans notre pays.
Pour contenir les risques professionnels et les maladies au travail, la communauté internationale a consacré le mois d’avril, mois de la prévention des risques professionnels à travers le monde. Notre continent, qui détient le record des cas d’accidents au travail dans le monde, a choisi de dédier le 30 avril de chaque année à cette thématique. Le Mali n’est pas resté en marge des festivités marquant la 18ème édition de cette journée, célébrée partout en Afrique francophone. Notre pays a organisé le mercredi dernier une série d’activités, dont le point culminant a été la tenue d’une conférence-débats dans la salle Balla Moussa Keïta au Centre international de conférences de Bamako. Le thème débattu à cette occasion est : « Des coordinations nationales des Comités d’hygiène et de sécurité fonctionnels, des intersyndicales en santé et sécurité au travail actif pour renforcer la prévention des risques professionnels et de la productivité des entreprises ». La cérémonie d’ouverture de cet espace d’échanges et de discussion a été présidée par le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du nord, Amadoun Konaté, en présence du directeur général de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), Bréhima Nouhoum Diallo, et du représentant du président du Conseil d’administration de l’INPS, Ismaël Diallo, président de l’Organisation patronale des entreprises de construction (OPECOM).
La célébration de cette journée a pour objectif d’attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur la nécessité de promouvoir des emplois décents et sûrs, de réduire de façon significative le nombre d’accidents de travail et des maladies liées au travail, a expliqué le ministre Konaté, qui fonde sa religion sur les statistiques alarmantes fournies par le Bureau international du travail (BIT) sur les accidents de travail. Selon lui, chaque année, 2,34 millions de travailleurs sont victimes d’accidents de travail, 2,02 millions de travailleurs souffrent de maladies professionnelles et toutes les 15 secondes, on enregistre au moins un décès à l’occasion du travail. Un paradoxe dramatique a retenu l’attention du ministre Konaté : le ratio des offres d’emploi salarial, 2% (le plus faible au monde) par rapport à celui des accidents mortels enregistré chaque année en Afrique par rapport aux autres continents, soit 18% (le plus élevé au monde). Au niveau national, le constat est tout aussi alarmant.
Le service des accidents de travail et des maladies professionnelles a enregistré une moyenne annuelle de 447 accidents de travail sur les cinq dernières années ont engendré un coût de réparation de 556 millions de Fcfa en moyenne par an, des handicapés à vie et des décès. D’où le cri d’alarme du ministre qui a profité de l’occasion pour lancer un appel aux pouvoirs publics et aux organisations d’employeurs et de travailleurs afin qu’ils s’engagent à faire une large place à la prévention des risques professionnels, qui est l’arme la plus efficace contre tout événement malheureux.
UNE GESTION CONCERTÉE DES RISQUES. Cette prévention permet d’anticiper sur la survenue, la gravité des accidents de travail et des maladies professionnelles, réduisant ainsi les dépenses liées à ces risques, limitant le temps de travail perdu et accroissant la productivité des entreprises. Toutefois l’anticipation nécessite des préalables à satisfaire. C’est pour cette raison que le ministre Konaté a encouragé la poursuite de la mise en place des comités d’hygiène et de sécurité dans les entreprises. Ces organes, selon lui, regroupent les employeurs, les représentants des travailleurs et les spécialistes de la santé et de sécurité au travail. Ils constituent des relais des services de prévention des risques professionnels dans les entreprises.
Dans ces comités, les employeurs ont l’obligation de prévenir les risques professionnels en prenant des mesures de prévention et de protection passant par l’évaluation et la maîtrise des risques au travail. Les cadres, agents maîtrise, spécialistes de santé et sécurité, travailleurs, délégués en charge de la sécurité et de la santé, syndicats, tous ont un rôle à jouer en pratiquant le dialogue social. Selon Amadoun Konaté, le comité d’hygiène et de sécurité, de par sa composition constitue le cadre idéal d’une gestion concertée des risques professionnels. Il a pour mission de procéder ou faire procéder par un de ses membres à une enquête à l’occasion de tout accident et de toute maladie professionnelle ; d’assurer avant toute implantation de matériel ou de machine que ceux-ci présentent leurs dispositifs de sécurité conformes aux normes et à la réglementation en la matière ; de procéder à de fréquentes inspections de l’établissement en vue de s’assurer de l’application des prescriptions législatives, réglementaires et consignes concernant l’hygiène et la sécurité.
Le comité est également appelé à donner son avis sur toute mesure se rapportant à l’objet de sa mission notamment sur le règlement et consignes de sécurité de l’établissement. Il organise aussi l’instruction des équipes chargées des services incendie et de sauvetage. Enfin il veille sur l’observation des consignes de ces services et développe par tous les moyens efficaces les notions de sécurité, d’hygiène et de santé. Le directeur général de l’INPS, Bréhima Nouhoum Diallo, d’ajouter qu’il ne saurait y avoir de développement véritable si le principal facteur de production que constitue l’homme, travaille et vit dans un environnement professionnel ou les mauvaises conditions d’hygiène le disputent à l’insécurité.
- O. DIALLO