Vecteurs essentiels de la démocratie dans notre pays, les jeunes ont le devoir citoyen de militer dans les associations et les partis politiques. C’est du moins l’avis du président de Cri-2002. Face aux militants de l’association “Mobilisation citoyenne des jeunes”, Abdoulaye Sall plaide pour une jeunesse débout, capable de s’impliquer, de participer, de se former, de former d’autres et de mobiliser pour la cause de sa communauté.
Après les étudiants de la Faculté des sciences juridiques et politique (FSJP) et celle des lettres et des sciences du langage de l’Université de Bamako, le président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie (Cri-2002) était face aux jeunes ce samedi 22 juin à la Maison de la presse sur la thématique “Choix politique des jeunes dans les élections présidentielles de 2013”.
Organisée par l’association “Mobilisation citoyenne des jeunes”, en partenariat avec Cri-2002, cette conférence a consacré le lieu de l’expression démocratique et d’échanges fructueux entre la jeunesse et plusieurs invités.
D’entrée de jeu, le président de Cri-2002 rappelle que la jeunesse et la vieillesse ne sont qu’un état d’esprit. Quel rôle ce jeune joue dans sa communauté lorsqu’il n’a pas travaillé à asseoir sa citoyenneté ?, s’interroge le conférencier, pour qui, la jeunesse se traduit par la prise de conscience de se rendre utile pour son pays.
“Un jeune qui n’a rien à faire de la vie de sa nation, qui est sans carte d’identité, qui ne sait pas s’il est inscrit la liste électorale, qui n’a pas retiré, ou qui ne compte pas retirer sa carte Nina (Numéro d’identification nationale), qui estime que la formation n’est pas sa tasse de thé, etc. n’est jeune que par son âge”.
Pour les élections de 2013, Cri-2002 et l’association “Mobilisation citoyenne des jeunes” lance une initiative novatrice. Elle consiste en l’organisation d’une soirée dont le ticket d’entrée sera la possession de la carte Nina. Abdoulaye Sall de renchérir que les jeunes ont ce devoir de s’impliquer dans la vie publique.
Face aux enjeux
Avec 47 % de la population, les jeunes occupent une place de choix dans le processus électoral au Mali. Pourtant, ils restent les parents pauvres de la démocratie, du fait de leur faible représentativité aux postes électifs, et leur absence dans les urnes le jour du vote.
A l’Assemblée nationale, sur les 147 députés que compte l’institution, les hommes compris dans la tranche d’âge de moins de 40 ans (pouvant être considérés comme des jeunes) ne sont que 3. Le jour du vote, ils se bousculent très peu, sinon jamais devant les bureaux. Conséquence, les taux de participation aux élections au Mali dépassent à peine les 30 %.
L’enjeu est énorme pour les élections à venir. Et la crise politico-sécuritaire a suscité chez les populations, notamment les jeunes, un réel engouement pour la chose politique. En témoignent les débats dans les “grins” (cercles d’amis) et lieux de causerie.
Pour Dr. Abdoulaye Sall, cet engouement doit se traduire par leur forte participation au scrutin du 28 juillet. Le choix politique est donc un défi pour eux, à travers le renforcement de la citoyenneté.
“Jouer pleinement son rôle dans la démocratie impose un choix politique à faire et construire le sens de la citoyenneté. Ceci vous met face au défi de votre comportement dans la société, votre participation à la vie publique”, recommande le président Cri-2002 aux jeunes. Avant d’ajouter : “Vous devez nous approprier les valeurs qui ont fondé notre civilisation si vous voulez bâtir une nation fière de son histoire et de ses traditions”.
S’il est vrai, selon les psychologues, que la personnalité d’un enfant se forge entre 0 et 6 ans, le conférencier souligne que la famille constitue par excellence le lieu de la micro-démocratie.
Le choix politique des jeunes c’est aussi de travailler en prenant en compte la dimension du rôle des chefs et autorités traditionnels. “Tant qu’on continuera à reléguer cet aspect au second plan, notre démocratie souffrira des tares qui continueront à l’affecter sérieusement”, analyse le président de Cri-2002, qui met l’accent sur les vertus de bonne gouvernance qui doit caractériser toute démocratie digne de ce nom.
Invitant les jeunes à militer dans les associations et les partis politiques, sur la base de convictions réelles, il appelle à la formation, la sensibilisation, l’information et à la mobilisation. “Vous devez cultiver en vous la culture du débat, vous former, et à former d’autres pour être des bons citoyens. Vous devez véhiculer le message selon lequel une élection se passe dans la paix, sans violence”, prêche Abdoulaye Sall devant les jeunes.
Issa Fakaba Sissoko
Dr. Abdoulaye Sall : conférencier