Au cours de la rencontre mensuelle des responsables de l’Union des patriotes pour le Mali (UPM) tenue, le samedi 20 août, le président du parti et non moins professeur de droit à l’Université des sciences politiques et juridiques de Bamako (USPJB), Pr Baïla Niang a décrypté la situation sécuritaire du Mali, la question des réformes institutionnelles, la migration irrégulière et l’opération de déguerpissement des artères principales de la capitale.
Selon le président de l’UPM, Pr Baïla Niang, tous les acteurs impliqués dans les opérations de déguerpissement et les observateurs de la situation sociopolitique doivent s’accorder sur un fait par rapport à l’opération de libération des emprises des artères principales de la capitale. L’installation des commerces et étals sur les abords de nos routes est une violation de l’espace public. Et de poursuivre que la réaction de l’État à cette violation devait se faire en trois étapes. À court terme, on devait donner le temps aux différentes mairies afin d’identifier des zones de recasement des déguerpis ouvrant ainsi la possibilité pour l’État de soutenir cette action des mairies. À moyen terme, il a proposé de valoriser les marchés périphériques de la capitale en les rendant attrayants. À long terme, il dira qu’il faut aller vers la régionalisation sans préjudice à l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali qui prévaut également la régionalisation dans certaines de ses clauses.
De sa lecture, une bonne politique de régionalisation permet de lutter contre l’exode rural. « Ces jeunes affluent vers la capitale parce que Bamako est prédateur de ressources des autres localités du pays. La régionalisation permet à chaque capitale régionale de mettre en place des politiques économiques et de lutte contre le chômage des jeunes », a-t-il précisé.
Et ajouter que puis que les autorités ont commencé le déguerpissement sans identifier les sites de recasement, les autorités administratives et locales doivent installer les déguerpis dans des marches des différentes communes avec des mesures incitatives de la part des autorités administratives et locales.
Par rapport à la question de l’immigration des jeunes, l’universitaire a indiqué que le phénomène de l’immigration est conséquence de la mauvaise gouvernance au Mali. Les jeunes décident de s’engager dans l’immigration irrégulière parce qu’il y a trop de distorsion dans la distribution de la richesse. « Le désespoir, le manque de perspectives, la corruption endémique poussent les jeunes à partir pour mettre fin à l’humiliation du fait de leur situation économique très précaire », a-t-il déploré.
À le croire, pour lutter contre le phénomène, l’État doit mettre en place programme sérieux et ambitieux pour endiguer le chômage des jeunes en prenant quelques dispositions notamment : une politique foncière qui valorise l’insertion des jeunes dans le secteur primaire (pêche, agriculture, élevage). D’après lui, il s’agit aussi pour l’État encore une fois d’aller à la régionalisation, car il est établi que la majorité des jeunes qui partent mourir dans les eaux méditerranéennes sont issus des quartiers périphériques et des milieux ruraux. « La régionalisation donnera l’opportunité à chaque région de développer des initiatives d’insertion des jeunes », a-t-il souligné.
Concernant l’arrestation du chroniqueur de la radio Maliba FM, il a rappelé que les gouvernements successifs au Mali n’ont jamais toléré les critiques. « Rien d’étonnant à ce que les évènements se soient passé ainsi. Les tenants du pouvoir doivent se sentir interpellés pour tirer au clair toute cette affaire et des sanctions soient prises à l’encontre des agents publics ou contre toutes autres personnes ayant participé à cette violence. Le peuple attend », a-t-il martelé.
Sur la question des réformes institutionnelles, le président de l’UPM est formel : « La régionalisation est un préalable pour l’État malien afin de faire à la dynamique sécuritaire très instable au Mali et dans le Sahel. Tous les pays du Sahel présentent les germes de la crise. Notre pays se trouve au beau milieu du Sahel ». À ses dires, l’insécurité dans notre zone se nourrit de la contrebande (le trafic de la cigarette et de la drogue). Avec toutes ces forces négatives en présence, le Mali est sur une poudrière pour éviter que notre pays ne subisse l’effet de l’embrasement, le gouvernement malien doit s’engager dans une réforme institutionnelle très profonde à travers une bonne politique de régionalisation permettant ainsi aux différentes capitales régionales de développer les initiatives locales.
Et de poursuivre que cette situation sécuritaire très précaire se complique davantage avec les bombardements des positions de groupe État islamique en Lybie par les Américains. Ainsi, pour fuir la puissance de feu des Occidentaux, les combattants de ce groupe terroriste traversent l’Algérie pour rejoindre le nord du Mali. Cela prouve que l’Algérie a un autre agenda différent de celui du Mali. De son analyse, il n’y aura pas de stabilité au nord du Mali au détriment de l’Algérie. « L’Algérie fait en sorte qu’elle reste la principale pièce maitresse de la résolution de la crise malienne. Dans ces conditions, le danger pour notre pays si jamais l’Algérie succombe s’en finit pour le Mali », a-t-il conclu.
Mama PAGA