Le mandat de notre pays à la tête du conseil a été marqué par les évènements survenus en Libye dont les conséquences pèsent lourdement sur les quatre pays du champ.
Le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Natié Pléa, a présidé hier à l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye, la cérémonie de passation de la présidence du Conseil des chefs d’état-major des pays membres du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC). Communément appelés « pays du champ », l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, tous situés au cœur de la bande sahélo-saharienne ont créé, voilà deux ans, ce qu’ils ont appelé le Conseil des chefs d’état-major des pays membres du CEMOC. Depuis sa création, la présidence du conseil était assurée par notre pays. Avant de passer le témoin à son homologue mauritanien, le général Gabriel Poudiougou, chef d’état major général des Armées, rappellera combien la période que nous traversons était marquée par de très grandes préoccupations sécuritaires au niveau international en général et dans la bande sahélo-saharienne en particulier. Déjà en avril, notera le président sortant, face aux dangereuses évolutions de la situation en Libye, le conseil s’était réuni à Bamako, en une session extraordinaire en vue d’envisager les mesures indispensables à contenir les dommages collatéraux de la crise dont l’issue, selon lui, était sans équivoque. Parti pour mandat théorique d’une année, notre pays a assuré la présidence du Conseil pendant quatorze mois. Cette rallonge se justifie, selon le général Gabriel Poudiougou, par la densité et l’acuité des charges qui pèsent aujourd’hui sur les pays membres du conseil. Il a salué l’amélioration des communications qui a permis une grande avancée dans la mise en synergie des efforts communs de lutte contre les menaces transnationales qui envahissent les Etats. Le général Poudiougou a mis l’accent sur les progrès énormes réalisés en deux ans par le conseil.
A ce titre, il a cité l’installation officielle du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) le 21 avril 2010 à Tamanrasset en Algérie. Il a évoqué l’élaboration et l’adoption des textes de base, un plan simplifié d’opération à envisager. Ce qui a permis de conduire des travaux de planification d’un état-major multinational, de collecter et gérer des renseignements opérationnels, de tester les réseaux de communication radio mis en place dans chacun des quatre pays et la mise en œuvre de la procédure radio du réseau Ténéré. Au nombre des acquis, le général Gabriel Poudiougou a aussi relevé la planification et la conduite de l’opération “Benkan”, conjointement menée par les troupes malienne et mauritanienne du 20 mai au 29 juillet 2011. Evoquant le plan des activités opérationnelles, le chef d’Etat-major général des Armées a félicité les forces armées des quatre pays pour la détermination affichée dans la lutte commune contre le terrorisme et les organisations criminelles transfrontalières. Les patrouilles nationales, conjointes et/ou simultanées sont fréquentes le long des frontières, a souligné Gabriel Poudiougou en avertissant néanmoins que les organisations terroristes et autres groupes connexes qui constituent l’ennemi commun, agissent en réseaux transfrontaliers avec les méthodes les plus variées en s’appuyant sur la manipulation de ramifications géographiquement décentralisées. Ce mode d’action impose aux Etats du champ de resserrer les rangs par le renforcement des liens de coopération bilatérale et multilatérale en rationalisant la gestion des conséquences de la crise dite “du printemps arabe” et de la crise libyenne en particulier, a-t-il souligné. Le ministre Natié Pléa est, lui aussi, revenu sur ce qui a principalement marqué le mandat du Mali à la tête du Conseil : les évènements survenus en Libye dont les conséquences pèsent lourdement sur les quatre pays. Au général de brigade Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, nouveau président du Conseil, Natié Pléa dira que son mandat coïncide avec une période où notre espace est confronté à une prolifération accrue des armes de tous calibres, conséquence de la crise libyenne. De ce fait, fera remarquer le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le risque de voir les organisations criminelles s’emparer de cet arsenal aux fins d’usage terroriste constitue un vrai motif de préoccupation pour nos Etats. Ont également assisté à la cérémonie de passation, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Chérif, chef d’état-major de l’armée nationale populaire d’Algérie et le général de division Seyni Garba, chef d’état-major des armées du Niger. La rencontre prend fin aujourd’hui.