Préparatifs des fêtes de ramadan à Bamako : «Vivement le retour à la stabilité financière des fonctionnaires» dixit les revendeurs du grand marché

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Par  respect  pour  la tradition, ils étaient présents : sons de tam-tam, bousculades, tohu-bohu comme pour rappeler que nous sommes à la veille d’une fête. Mais pour quelqu’un qui n’en est pas à sa première virée au « SUKUBA » (grand marché de Bamako) en une veille de fête de Ramadan,  le constat s’installe vite pour signifier qu’elle est bien loin cette frénésie caractéristique des préparatifs des grandes fêtes religieuses au Mali.  Et les revendeurs sur place ne disent pas le contraire : « Nous sommes seulement à 3 jours de la fête de Ramadan, c’est seulement aujourd’hui que nous avons commencé à enregistrer une faible affluence des clients ! Alors que les autres années déjà à 20 ou 10 jours avant les fêtes, le marché reste bondé de monde », s’est lamenté Ousmane N’diaye, devant l’étalage de chaussures de femmes et d’enfants qu’il tient dans la rue longeant la grande Cathédrale à l’intérieur du marché. D’une voix encourageante,  Ousmane N’diaye,  de son mieux,   essayait de convaincre les quelques personnes qui s’étaient arrêtées devant son étalage. Durant la trentaine de minutes que nous avons passée avec lui, sur la dizaine de clientes  (pour la plupart ) qui lui demandaient le prix de ses marchandises, seulement une jeune dame avait effectué un achat d’une valeur de  4000F Cfa pour une paires de sandales.  Ousmane, diligenté par  ses paires pour nous parler, a expliqué la lenteur de leur vente en cette aurore de fête par la conjoncture monétaire désormais  incrustée dans la vie des Maliens, singulièrement chez  les fonctionnaires. Qui de plus en plus peinant à joindre les deux bouts ont déserté le chemin des achats d’articles ne rentrant pas dans le cadre alimentaire. «  Ce sont les fonctionnaires qui sont nos plus grands clients, ce sont leurs femmes et enfants qui viennent faire les achats. Avec la situation actuelle du pays, l’argent ne circule plus, c’est quand eux ils ont l’argent que nous aussi nous pouvons espérer en avoir. Aujourd’hui, ça ne va pas, nous le savons,  le pire sont les jours fériés pour nous, c’est des moments morts  pour notre marché  », a continué de se plaindre notre revendeur M. N’Diaye pour expliquer leur situation actuelle de mévente. Un avis largement partagé par cette propriétaire de boutique de prêt-à-porter de Bazin et de pagnes Wax  sise à Hamdallaye ACI 2000 dont les articles varient entre 50 000FCFA et 150 000F. Mme X, pour respecter son souhait de garder l’anonymat, nous a déclaré qu’elle en est à sa pire vente à une veille de fête. «  Depuis que ce régime s’est installé, nous ne pouvons pas faire de vente, ils gardent tout à leur niveau ! L’argent ne circule pas dans le pays, c’est ce qui provoque cette situation.  Mes gros clients sont des fonctionnaires mais actuellement ils n’ont rien, donc ils ne font plus d’achats. D’habitude, je place mes articles dans les différents  services, mes plus gros clients sont des douaniers chez  qui je plaçais  mes boubous Bazin cousus à Dakar, et ils me payaient à peine deux jours après. De nos jours, mon commerce ne  marche plus, même ces douaniers, quand ils me prennent des habits, c’est à peine qu’ils parviennent à me régler, ce sont  des chefs de famille, ils ont d’autres priorités comme le prix de leurs condiments…. », s’est révoltée X, une dame d’une grande allure rencontrée dans une boutique de Bazin où elle était venue s’acquitter avec peine d’une partie de sa dette chez son grossiste de Bazin. Les propriétaires de boutique de Bazin de la place déclarent également  n’être point épargnés par la morosité du marché. « On ne vend pas, on est juste assis là, il n’y a point de marché cette année », témoigne  un autre propriétaire de grande boutique de Bazin de la place.

De la bousculade en dépit des jérémiades :

Seul le marché de coiffures et de poses de faux cils et ongles nous a semblé tenir face à l’actuelle  difficulté financière que connaissent les populations. En effet, l’accès aux coiffeuses professionnelles du grand marché était difficile en ce mardi 14 juillet. De nombreuses jeunes dames se bousculaient pour se coiffer, se faire poser des cils ou se faire la manucure. Les kiosques contenant les mèches étaient noirs de monde. Même si, aux dires des quelques coiffeuses  approchées,  le marché de la coiffure a enregistré une faible affluence cette année, on pouvait constater la grande affluence des clientes pressées de payer des mèches ou se faire poser des cils et ongles.

D’un constat général, l’engouement autour des  préparatifs des festivités de l’Aïd El Fîtr de cette année a été freiné par les difficultés financières que connaissent bon nombre de citoyens, seuls les enfants sont restés prioritaires dans l’obtention d’habits et de chaussures  pour la  fête  comme en ont témoigné les femmes rencontrées sur place au grand marché.  Les articles d’enfants varient entre 500f, 25 00F 4000F et 10000FCfa ou plus.

Khadydiatou SANOGO

 

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