Préparatifs de la fête du Ramadan : “Promo Bazin riche” : attention à l’arnaque

Depuis le début du mois de ramadan, le Grand marché de Bamako vibre aux sons et aux couleurs d’une campagne de baisse des prix du Bazin riche. Face à cette forme de publicité commerciale en vogue, la prudence doit être de mise. Et pour cause.

La fin de la longue histoire d’amour entre les Africains de l’Ouest et le Bazin n’est pas pour demain. A plus forte raison entre les Maliens et leur tissu préféré. A Bamako, ville des 3 Caïmans, l’attachement des populations au Bazin se mesure à l’aune des deux grandes fêtes islamiques de l’année.
Cette année, depuis le début du mois de ramadan, qui consacre le coup d’envoi du compte à rebours de la fête qui a lieu à sa fin (Aïd el-Fitr), l’affluence autour des commerces de Bazin au Grand marché ne faiblit pas. Depuis le 20 juillet, ce, jusqu’à ce 10 août 2012, le Grand marché de Bamako est le théâtre d’une vente promotionnelle de Bazin riche.
Au lieu 5500 F CFA le mètre, il est cédé à 4000 F CFA. Comme une trainée de poudre, des spots publicitaires aidant, cette nouvelle a vite fait le tour de la capitale. Depuis, le magasin des Samb SARL de Mamadou et Bakary Samassa, situé à l’Immeuble Yaya refuse du monde.
Les visiteurs sont des clients ou de simples curieux. Pour décongestionner leur magasin les Samassa ont créé des points de vente supplémentaires chez d’autres détaillants qui s’attachent le service de jeunes (coxeurs) qui distillent “la bonne nouvelle”. Ils sont payés au prorata des clients amenés.
Attaques mutuelles
L’initiative de promo a suscité une vive émulation au marché. D’autres commerçants estimant que les clients ont mordu à l’appât des “premiers promoteurs” emploient le même slogan mais, dit-on, autour des produits de mauvaise qualité. Ils sont aidés, eux aussi, par des jeunes gens engagés quotidiennement pour convaincre les passants avec des tarifs alléchants.
“Venez visiter notre magasin, au lieu de 5500F CFA nous vendons le mètre du Bazin riche à 4000 F CFA…”, lancent-ils aux clients. On les appelle “taré-tarés”  (quel bon vent !) Leur nom ne colle pas avec leur intégrité professionnelle ou morale : le Bazin de mauvaise qualité et d’origine chinoise ou gambienne est vendu au prix du Bazin riche dit en promotion.
Beaucoup de “tarés-tarés” se défendent des accusations qui les mettent au cœur de cette tromperie. Samba N., vendeur de brodés et de Bazin, déclare ceci : “Il est impossible de vendre du vrai Bazin riche à 4000 F CFA, ce n’est que du bluff tout ça”. Avant de mettre en doute la qualité du Bazin surnommé Diamant allemand ou Jamal-O vendu en promotion qui, selon lui, doit être vendu à 3300 F CFA au lieu de 4000 F CFA à cause de sa qualité.
Tel que nous l’avons constaté du Bazin de 1750 ou de 2000 F CFA est vendu au prix dit promotionnel du Bazin riche.

Conflits d’intérêts
Des teinturières émettent elles aussi le doute sur la qualité du Bazin Diamant allemand en promotion. “Ça ne résiste pas aux coups de foulonnage (gossili)”.
Pour le représentant de la marque Jamal-O (Bazin en promotion) les accusations sont sans fondement et relèvent d’une campagne de dénigrement dont ils disent connaître l’origine. Ils disent s’attendre à une adversité dans le commerce de Bazin qui, selon eux, est dominé par les “Diokôramé” qui veulent garder leur monopôle sur le produit.
Cette allégation fait sourire un représentant Diôkôramé d’une marque de Bazin reconnue au Mali. Sous couvert de l’anonymat, il affirme que la promo est une bonne chose si elle profite aux clients. Et émet des doutes sur a qualité du Bazin en promo.
Ce qu’on peut dire et qui reste le seul avantage pour les clients de cette grande promo sur le Bazin c’est qu’ils ont su jusqu’où des commerçants sont capables de leur sucer le sang au nom d’une promotion qui n’est que de nom. Pis, elle aura également permis de savoir que ces jeunes gens qui arpentent les rues et artères de Bamako avec des pièces de tissus sous l’escarcelle dans des sachets qu’ils vendent aux citoyens au prix du Bazin riche ne sont pas les seuls auteurs de la tromperie sur la marchandise.

Pour acheter un morceau de tissu de Bazin à Bamako aujourd’hui, le risque de se faire escroquer est élevé. Aux clients d’être vigilants.
Markatié Daou et Fatoumata Haïdara

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