Après une tournée qui l’a mené dans plusieurs localités de notre pays, le Pr Clément Dembélé a animé, le vendredi 24 novembre, une conférence de presse afin de faire le point de son périple.
Pour le conférencier, le Mali est confronté à plusieurs problèmes se situant à différents niveaux de notre société. Et de poursuivre qu’il est évident que l’on ne peut pas gérer le Mali sans les Maliens eux-mêmes car personne ne peut parler à la place des Maliens. Selon lui, l’erreur a été toujours de faire croire aux Maliens que l’homme politique malien est supérieur au peuple. “Le bon sens voudrait que l’on aille voir les Maliens partout où ils sont afin de discuter avec eux et recueillir leurs préoccupations ainsi que leur difficulté. Lors de mes différentes tournées, les Maliens se sont exprimés, ils ont dit dans quel Mali ils veulent vivre”, a-t-il ajouté.
Selon le Pr Dembélé, lors de son périple, il s’est rendu compte que de Kayes à Kidal en passant par Sikasso et Ségou, les Maliens n’ont pas le même discours ni les mêmes réalités socioculturelles, encore moins la même vision du Mali. À ce titre, il est plus que nécessaire que les politiques aillent à la rencontre des Maliens à la base, avant d’élaborer leur projet de société. “Nous constatons que la plupart des projets de société sont rédigés dans le bureau sans au préalable une concertation avec des populations à la base. Celui qui ne fera pas ce travail fera pire que le président IBK car les Maliens ont compris maintenant et ils ne se laisseront plus faire. Ils ont compris que le pouvoir n’est pas dans les bureaux, mais entre les mains du peuple”, a-t-il renchéri.
De sa lecture, ils sont nombreux les hommes à ne pas comprendre que nous sommes passés à la troisième phase de la démocratie malienne. “La première phase c’était de mettre fin au régime dictatorial et de poser les principes de base de la démocratie. La deuxième phase a consisté à voir les limites et les faiblesses de la démocratie. L’occasion pour toute une génération d’hommes politiques de montrer leurs limites et leur lacune dans la gestion des affaires publiques. Nous rentrons maintenant dans la troisième phase qui est la conscience du peuple”, a-t-il précisé.
La capacité des Maliens de sortir du carcan politicien
Aux dires du conférencier, à l’issue de cette dernière phase de notre démocratie, le candidat qui sera élu à la tête du pays sera celui du peuple. Selon lui, dans quelques mois, le monde entier regardera le Mali pour savoir si les Maliens ont compris et s’ils sont prêts à échapper à ce carcan politicien. Cela, dit-il, se manifestera par le vote citoyen des Maliens en faisant fi du mensonge politique, de la démagogie et de la corruption afin de jeter les vraies bases d’une société tournée vers le progrès.
À ses dires, son périple de plus de 12 800 km à l’intérieur du pays lui a permis de rencontrer 27 860 Maliens qui s’inscrivent dans cette dynamique. “Cette aventure nous a permis de nous enquérir des problèmes auxquels les Maliens sont confrontés. Ainsi, le problème fondamental des Maliens c’est de manger à leur faim. Ensuite, ils sont confrontés au problème d’éducation caractérisé par l’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi. Notre système forme des chômeurs. Nos compatriotes souffrent également du manque d’accompagnement sincère du secteur agricole, de la corruption, de l’insécurité grandissante, du manque d’accès à la santé, estimé à plus de 60 % des Maliens”, a-t-il déploré.
Evolution de conscience au niveau des Maliens
De son avis, malgré ces difficultés qui minent le quotidien des Maliens, cette tournée lui a permis de constater qu’une prise de conscience s’opère au niveau des populations. “Il y a une évolution de conscience chez les Maliens de façon générale car ils ont compris que les discours des politiciens sont opposés aux réalités sur le terrain. Ils ont compris également qu’il ne faut plus vendre sa dignité à cause des billets de banque lors des élections. Il ne faut plus vendre cinq ans de sa vie pour du thé et des pagnes”, a déclaré le Pr Dembélé.
Évoquant l’organisation d’une concertation nationale des Maliens, il dira qu’elle vise à élire un président soucieux du problème des Maliens. “La finalité c’est qu’en 2018 le peuple malien donne son candidat et que cela ne soit pas le candidat d’un quelconque parti politique encore moins le candidat fabriqué par des puissances étrangères. Il faut un président qui va installer le dialogue entre le sommet et la base”, a conclu le Pr Dembélé.
Boubacar PAÏTAO