Pouvoir de Transition et tension avec la communauté internationale : Ces menaces qui radicalisent la stratégie de la rupture

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En affirmant l’éventualité de la poursuite de dirigeants militaires de la Transition pour de supposées violations des droits de l’Homme, la Communauté dite  internationale pourrait inciter les militaires à se maintenir au pouvoir.

Le récent Rapport de la Division des droits de l’Homme de l’ONU sur les événements de Moura (de mars à avril 2022)  comporte des menaces à peine voilées de poursuite contre de hauts responsables militaires de la Transition malienne . Ces menaces de poursuites pour de prétendues violations graves des droits humains, dont des crimes de guerre, ne pourraient être mises à exécutions que si le pouvoir de Transition décidait d’aller dans ce sens.

Or, le pouvoir du Col Assimi Goïta s’est résolument inscrit dans une stratégie de rupture d’avec la communauté internationale, du moins celle d’obédience occidentale coiffée par la France et ses alliés. Ce qui fait d’ailleurs que même l’opinion publique à Bamako préconise le retrait du Mali de la convention créant la CPI pour ne pas risquer une quelconque poursuite de ses dirigeants devant cette juridiction.

En plus, l’on sait que les dirigeants ou hauts responsables militaires, supposés dans le viseur de la CPI ou de juridictions spécialisées, ne peuvent être mis au banc des accusés que quand ils quittent le pouvoir. Ce fut par exemple le cas de Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, d’Hissein Habré du Tchad, de Jean-Pierre Bemba de la RDC, etc.

En clair, cette éventualité de poursuite aura le mérite de pousser le chef de la Transition malienne à se sentir comme obligé de s’arcbouter au pouvoir pour ne laisser aucune chance à cette procédure judiciaire. C’est du reste ce qui fait que le pouvoir de Bamako a rassuré quant à sa volonté de diligenter des enquêtes internes.

C’est aussi ce qui fait que le gouvernement de Transition  a plutôt lancé une contre-offensive pour contrecarrer ces velléités de « diabolisation des forces armées maliennes », les accusant de divers crimes de violations des droits de l’Homme. Car, après ce rapport sur Moura, le gouvernement malien a tout simplement accusé l’ONU « d’espionnage ».

En effet, dans un communiqué publié le 13 mai, les autorités de transition malienne ont annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « atteinte à la sûreté extérieure de l’État […] et complot militaire ». Cette démarche obéît à la logique selon laquelle la meilleure défense consiste à attaquer et ne surtout pas se laisser intimider. Cela s’ajoute à la plainte que l’Etat malien a déposée devant le Conseil de Sécurité de l’Onu contre l’implication de la France dans les appuis aux terroristes sur son sol. Et, comme Paris et ses alliés ne donnent aucune chance à ces procédures d’évoluer, il est alors souhaitable que ce climat de suspicion aboutisse au non-renouvellement du mandat de la MINUSMA le mois prochain. A défaut, le gouvernement plaidera à faire modifier de façon substantielle ce mandat, qui ne  permet pas à la force onusienne d’épauler véritablement le Mali dans la lutte contre les terroristes.

Et l’opinion majoritaire dans le pays semble favorable  au maintien à la tête du pays des militaires qui ont renversé le régime balbutiant et affaibli d’IBK  en août 2020. Cette tendance n’a-t-elle pas été récemment confirmée par un sondage de la Fondation Frieidrich Ebert Stiftung, sur la popularité du Colonel Assimi Goïta. Et cette popularité, dans le contexte actuel, où l’on s’achemine vers un oui massif au référendum du 18 juin prochain

Dans tous les cas, la tension d’avec la communauté internationale et la posture de menace des Occidentaux constituent des facteurs renforçant le réflexe identitaire de la Nation malienne. Ce qui pousse quasiment tous les Maliens à s’unir derrière leur armée, l’instrument de défense de leur souveraineté, pour dénoncer ce rapport de l’ONU sur les événements de Moura. Laquelle dénonciation consolide le sentiment national et de « rassemblement face aux comploteurs et déstabilisateur étranger ». Un contexte qui fera du Col Assimi Goïta un héros susceptible de mieux mener cette nouvelle forme de « résistance néocoloniale ». D’où la porte ouverte à une éventuelle candidature triomphante de l’actuel chef suprême des Armées.

Dans quel cas, c’est donc la communauté internationale qui aura incité l’actuel homme fort de Bamako à tenter de se donner un vernis démocratique après le double coup de force d’août 2020 et de mai 2021.

Boubou SIDIBE /maliweb.net

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7 COMMENTAIRES

  1. La bonne excuse… ils ont déjà prévu de rester au pouvoir, il n’y aura jamais d’élection, une dictature se met en place progressivement.

  2. Le gouvernement n’a rien a se reprocher puisque l’enquête indépendante menée par Evgueni Prigogine à disculpé le Mali.

    • Je prie “JM5R” de nous donner les sources (liens électroniques et les noms des médias qui ont publié (quand?) ce qu’il annonce comme une certitude; sinon, je vais le classer dans la rubrique des Trolls pro-soviétiques, comme la plupart des commentateurs affirment, sans avancer des sources informationnelles crédibles, pour diaboliser la France!

  3. La CPI doit juger d’abord Reagan (qui a bombarde et tue la fille adoptive de Khadafi on oubliera jamais), H Bush, Bill Clinton, W Bush, Cheney, Powell, Rumsfeld, Tony Blair, Sarkozy, Juppe, Obama, Biden, Hilary Clinton et David Cameron pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, detournement de l’ aide humanitaire a Haiti et faux et usage de faux

  4. Sidibeke avec ou pas les pressions de la communauté internationale, nous aimons nos fils et filles dans la transition et surtout nous demandons a nos fils militaires appelles les 5 Colonels, des vrais patriotes de rester au pouvoir pour 10 années afin de finir avec les pratiques politiciennes actuelles dévastatrices et de donner une nouvelle dynamique de développement a notre patrie.

    • Les colons français disaient la même chose que toi : les noirs ne sont pas assez évolués pour décider sagement de leur avenir.

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