S’il y a un domaine particulier auquel les autorités de la Transition ont accordé une attention particulière, c’est sans nul doute les légitimités traditionnelles. De Bamako, à Koro en passant par Sikasso, Bougouni et des régions du Nord, elles sont venues de toutes les régions du Mali sur invitation des pouvoirs publics les 11 et 12 novembre pour avoir leurs conseils et orientations pour la réussite de la Transition. L’occasion a été mise à profit par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta et son Premier ministre Choguel Kokalla Maïga de réaffirmer leur place importante dans le Mali nouveau (Mali Kura).
onner aux légitimités traditionnelles tout le respect et la considération qu’ils sont en droit d’attendre dans le cadre du Mali nouveau (Mali Kura en bambara) fait partie des priorités des autorités de la Transition. Pour cela, depuis la rectification de la Transition portée par le président Assimi Goïta beaucoup initiatives ont été prises dans ce sens par le gouvernement sous la conduite du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.
Le ton a été donné par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga le 11 novembre au Centre international de conférences de Bamako (CICB) lorsqu’il recevait sur invitation des autorités une forte délégation des légitimités traditionnelles venues de toutes les régions pour leur faire part de l’attention que la Transition leur accorde et recueillir par la même occasion leurs conseils, propositions et suggestions pour la bonne marche de la Transition.
Le Premier ministre a déclaré à ses visiteurs du jour que cette démarche s’explique par leur volonté de rompre d’avec des pratiques anciennes qui les mettaient à l’écart des prises de décision engageant le devenir de la nation.
“Notre commune volonté est de vous inviter, comme cela se passait autrefois, comme cela continue de se passer encore, dans nos assemblées traditionnelles, sous l’arbre à palabres, dans le vestibule, le toguna ou le weltaré, pour vous édifier sur les réalités nationales du moment et vous charger d’une mission. Que vous soyez représentants de familles fondatrices de village, de quartier ou de ville, chefs coutumiers, dignitaires religieux ou communicateurs détenteurs de la tradition orale, vous possédez, chacun en ce qui vous concerne, des qualités qui façonnent votre originalité. Les populations peuvent se lasser des hommes politiques parce que ces derniers, pour diverses raisons, n’ont pas su honorer des engagements pris. Les populations ne peuvent se lasser de vous parce que vous incarnez les vertus qui fondent notre humanisme”, s’est adressé le Premier ministre à la forte délégation des légitimités traditionnelles.
Il a salué l’exemplarité dont ces autorités font montre, laquelle se caractérise, selon lui, par leur courage de se déterminer, de prendre position, quand les circonstances l’exigent, l’obligation de dire la vérité, quel que soit le lieu, quelle que soit la circonstance. Aussi il a salué leur combat pour la justice, l’équité avec lesquelles ils tranchent les différends qui leur sont soumis. Ce, avec le sens de l’honneur, de la dignité, de l’intégrité ; la noblesse dans les manières de dire et de faire, le sens de la mesure, de la retenue dans les propos. “En un mot la noblesse au sens large du terme”, a fait savoir le chef du gouvernement.
Reçues au palais de Koulouba le vendredi 12 novembre c’est aussi ce message de considération que le président de la Transition le colonel Assimi Goïta a rappelé. Il a surtout salué l’engagement de ces légitimités pour l’équilibre social, dans le cadre de la paix, de la réconciliation nationale et le vivre ensemble.
“Votre engagement au quotidien est une chance énorme pour l’équilibre social qui est un facteur déterminant au sein de toute collectivité. Les qualités que vous incarnez à cet effet vous prédisposent à une culture permanente de la paix sociale par la promotion du dialogue et de la solidarité”, a indiqué le chef de l’Etat qui a profité de cette rencontre pour leur annoncer une bonne nouvelle à savoir : octroyer dans un avenir proche aux légitimités traditionnelles un macaron, un drapeau que chacun fera flotter en un endroit visible de sa maison, de préférence à la porte d’entrée ou au milieu de la cour. Une annonce accueillie par une salve d’applaudissements par les participants à cette rencontre.
En guise de reconnaissance, les légitimités traditionnelles ont salué à l’unanimité cette démarche des autorités de la Transition qui, pour la première fois de l’Histoire, ont associé non seulement des légitimés des grandes villes mais aussi des terroirs à une telle rencontre d’un niveau élevé sur la vie de la nation.
De Bajan Ag Hamatou, de la délégation de Ménaka en passant par El hadj Djibril Diarra de Koulikoro, à Zantigui Diakité chef de la délégation de Bougouni à l’image de toute la délégation reçue ce jour au Palais, tous ont salué cette attention des nouvelles autorités à leur égard. “Les chefs traditionnels ont toujours été écartés de la gestion du pouvoir, notamment dans le processus de prise de décisions. C’est une erreur qui est en train d’être corrigée progressivement par le président de la Transition et son gouvernement”, a déclaré Bajan Ag Hamatou. Même son de cloche chez Mohamed Intalla Amenokal de Kidal : “J’ai beaucoup d’espoir que ceux qui sont là aujourd’hui apporteront des solutions pour qu’on sorte de cette situation. Je suis très heureux de représenter la région de Kidal”.
Les légitimités ont souhaité la prorogation de la Transition afin de permettre aux tenants actuels du pouvoir de mener les réformes nécessaires dans la gouvernance du pays et de créer les conditions nécessaires pour des élections crédibles, libres et transparentes dans un environnement sécurisé.
Notons que les légitimités traditionnelles sont aussi au premier rang des Assises nationales de la refondation en cours.
Kassoum Théra