Au Conseil national du patronat du Mali (Cnpm), les groupements professionnels et les conseils patronaux régionaux qui le composent reprennent leurs droits et sifflent la fin de la récréation. En termes plus sérieux, dans leur écrasante majorité, ils se sont réunis pour prendre des décisions de sortie de crise, notamment par l’installation d’un comité transitoire chargé de la relecture des textes, avant d’organiser de nouvelles élections. “C’est ridicule de s’accommoder d’un président choisi par la justice”, renchérit un président de groupement professionnel.
C’est le mercredi 13 janvier que les présidents des groupements professionnels et les présidents des Conseils patronaux de Régions, agissant au nom et pour le compte e leurs structures respectives, ont adopté un mémorandum de sortie de crise, pour tirer le syndicat patronal du gouffre dans lequel il est en train de sombrer. Une situation aggravée par la suspension de son mandat de gestion du Programme de vérification des importations (Pvi) par le gouvernement. Le risque de perdre la gestion du Pvi qui est un acquis de plus de vingt ans, a précipité la décision des groupements professionnels et conseils patronaux régionaux qui ne peuvent plus assister à ce qui semble être une mort programmée de l’organisation patronale.
Il nous revient que, lors de la rencontre, les groupements professionnels et conseils patronaux régionaux ont déploré la tournure prise par les dernières élections du Bureau patronal, notamment le vaudeville juridico-administratif qui écorche l’image de ce syndicat devenu quasiment une institution, très respectée, aussi bien au Mali qu’à l’international.
Comme nous le soulignions dans nos colonnes à plusieurs reprises, cette situation a engendré une marginalisation de l’organisation patronale par les Autorités de la Transition, qui ont beau jeu d’évoquer le contentieux en cours pour ne pas la considérer comme le partenaire stratégique incontournable qu’il est, en ce qui concerne les questions économiques en général et celles relatives au secteur privé en particulier.
Le Conseil national du Patronat du Mali (Cnpm), c’est d’abord les groupements professionnels qui, tel que stipulé dans l’alinéa 2 de l’article 1 des Statuts de l’organisation patronale “délèguent au Cnpm la responsabilité de conduire toutes études et actions en faveur du bien commun des entreprises quelles que soient leurs formes et dimensions, étant entendu que les questions liées à l’exercice d’une profession relèvent de la responsabilité de la ou des organisations professionnelles concernées”.
Si dans la situation actuelle, il n’existe pas réellement de Cnpm, au point que les activités soient plombées et des acquis importants menacés de disparition, les groupements professionnels et les conseils patronaux des régions ont tout à fait raison de se prononcer et au besoin prendre position pour sauver leur organisation.
C’est ainsi que, usant de leur pouvoir de décision, ils ont validé un mémorandum daté du 13 janvier et l’ont fait comprendre dans une déclaration sans équivoque: “Nous mettons en place un comité de crise pour la mise en œuvre des actions contenues dans le mémorandum”.
Justement, ce mémorandum validé par – au moins – les deux tiers des groupements professionnels et conseils patronaux régionaux, soit au moins 26 sur 39 (donc plus question de quorum) informe de la décision de mise en place d’un Comité de crise de sept (07) membres, présidé par Soya Golfa, président du Groupement des commerçants du Mali, pour “engager des procédures administratives et juridiques” en vue de l’ouverture d’une période transitoire au Cnpm, pour une durée qui sera définie par une Assemblée générale.
Ce Comité de crise, avant d’organiser de nouvelles élections pour connaître les membres du nouveau bureau exécutif, devra procéder à une relecture des textes. Tâche qui reviendra à un comité dont les travaux seront validés par une Assemblée générale.
Mais pourquoi n’attendre que maintenant pour prendre une aussi sage décision ? Un président de groupement professionnel de rétorquer que ce schéma était déjà proposé aux deux parties en conflit, mais il y a eu de fortes réticences d’un côté où on préfère s’en remettre à la justice. “Alors que nous sommes un syndicat patronal qui ne peut s’accommoder d’un président désigné par les tribunaux. C’est ridicule pour les patrons que nous sommes ! Il y a d’autres voies de solution”. Renchérit-il.
Amadou Bamba NIANG