L’association « Synergie pour les handicapés physiques » (SHP) tape du poing sur la table et menace de boycotter les prochaines élections générales. Son président prévient que les handicapés « refusent de faire élire des dirigeants qui se nourrissent de leur souffrance ».
« Nous sommes systématiquement marginalisés dans les services publiques. Et au quotidien, nos droits fondamentaux sont foulés au pied. Nous appelons ATT au secours ». Ce cri du cœur est de Dramane Dembélé, président de l’Association « Synergie pour les handicapés physiques ». Commerçant de son état, l’homme dénonce les conditions de vie difficiles des personnes invalides. Manque de terrain d’entraînement, de citée pour handicapés, mauvais traitement dans les stades, non attribution des logements sociaux…tels sont les maux dont souffriraient lui et ses camarades. Cela, malgré les nombreuses promesses tenues à leur égard par les pouvoirs publics, les nombreux dons envoyés par les partenaires dans le cadre de leur insertion.
Grand amateur de sport, Dramane Dembélé loue le rôle joué par les handicapés dans les compétitions sportives.
« Dans plusieurs disciplines (comme le javelot, les courses de vélos, etc.) nous avons amené dans notre pays, de nombreuses médailles. Pourtant, on n’a jamais été récompensé comme les autres », regrette-t-il. « Nous avons demandé une place au Stade Omnisports Modibo Keïta pour suivre les matchs. Nous sommes nombreux à faire le déplacement pour suivre les matchs du championnat national. Mais une fois au stade, nous avons difficilement accès aux gradins. Et nous sommes obligés de sortir avant la fin du match pour ne pas avoir des ennuis. Malgré tout, la Fémafoot et la Ligue de football du district de Bamako ne veulent pas nous écouter », se plaint le président Dembélé. Qui regrette qu’ « au Mali les droits fondamentaux des handicapés soient encore foulés au pied ».
« Le plus marrant, dénonce notre interlocuteur, c’est l’attitude des policiers et des autres forces de l’ordre à notre égard. Nous sommes considérés comme des moins que rien, et de ce fait, nous ne bénéficions d’aucune considération. J’ai été victime plusieurs fois de harcèlement de la part de policiers. Une fois on a failli me brutaliser parce que tout simplement je n’ai pas voulu céder ma place».
« ATT a tout fait pour les hommes valides, mais nous, nous sommes restés les parents pauvres de sa politique d’insertion sociale. La promesse de favoriser l’intégration des handicapés diplômés dans la fonction publique, n’a pas été tenue même à 20%, dénonce notre interlocuteur. Avant d’ajouter : « Ils sont nombreux les camardes handicapés à faire leurs études dans des conditions extrêmement difficiles. Aujourd’hui, le diplôme en poche, ils se retrouvent confrontés à la dure réalité du chômage ».
« Pis, renchérit le président de l’association Synergie, dans les services publics nous sommes considérés comme les derniers usagers ». « Il faut que ATT fasse quelque chose pour nous avant de partir en 2012, sinon notre situation va de mal en pire », espère-t-il tout en dénonçant les actions sporadiques du mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion qui profitent à des « voleurs qui détournent tout ce que les partenaires déloquent pour la cause des handicapés ». « C’est ainsi que face à cette situation, nous avons lancé un mot d’ordre de boycott de tous les candidats pendant les élections présidentielles à venir. Nous ne croyons plus aux promesses politiciennes. Nous avons décidé de ne plus élire des gens qui se nourrissent de notre souffrance », a martelé Dramane Dembélé. Qui ajoute que dans les jours à venir, son organisation entreprendra les autres associations d’handicapés pour renforcer leur manifestation.
Issa Fakaba Sissoko
Dramane Dembélé, président de l’Association Synergie pour les handicapés physiques