Au Mali, nous devons être des jeunes engagés résolument dans l’action. Tout développement théorique n’a de sens véritablement que s’il permet d’éclairer notre engagement concret pour la transformation positive de la société malienne. Nous retiendrons simplement que la citoyenneté renvoie à un triptyque qui semble galvaudé par les discours, mais qui conserve toute sa portée : Droit, Devoir et Responsabilité.
Le citoyen n’est pas un sujet, mais une personne responsable qui participe à la gestion de la cité qui lui confère des droits et lui impose des devoirs. Ainsi perçu, la citoyenneté est un engagement libre et gratuit de personnes qui agissent, pour d’autres ou pour l’intérêt collectif, dans une structure débordant la simple entraide familiale ou amicale. L’engagement citoyen ne s’oppose pas à l’engagement politique. Bien au contraire, il en constitue le fondement. Tout engagement politique qui n’est pas fondé sur un engagement citoyen est un risque pour la République et pour la bonne gouvernance. Car il ne serait dicté que par des intérêts personnels, corporatistes, en porte à faux avec les valeurs de la République.
L’engagement politique n’est pas une entreprise commerciale ou un investissement à long terme qui vise la promotion sociale de ceux qui l’exercent, mais une initiative citoyenne qui vise la conquête du pouvoir et qui place au centre de ses préoccupations l’intérêt national, l’intérêt général. Nous, jeunes, devront être les sentinelles pour veiller à ce que notre parti, association ou plate-forme, ne soit pas gangrené par des pratiques et des comportements individualistes pour ne pas dire arrivistes et donc anti-citoyens et anti-républicains.
Nous sommes des républicains, il faut le rappeler. Notre engagement politique et citoyen ne doit pas être de façade. Il doit se traduire dans nos prises de positions, nos analyses et nos propositions d’alternatives, mais aussi et surtout dans nos pratiques quotidiennes ; dans nos attitudes militantes et dans le fonctionnement de nos différentes structures. C’est cette forme de citoyenneté qui doit nous amener à toujours avoir les yeux rivés sur l’intérêt général sur l’intérêt supérieur de la nation.
S’il nous arrive de réclamer des responsabilités, cela doit se faire dans la discipline et doit être motivé par une volonté de mieux servir le pays, et non pour occuper des postes de sinécure et jouir des avantages qui en résultent. Plus que des citoyens, nous devons être des militants politiques républicains. C’est-à-dire que nous visons la conquête et l’exercice du pouvoir. C’est pourquoi, nous devons être à la pointe du combat pour la sauvegarde de notre République qui exclut toute dévolution monarchique du pouvoir.
Le combat pour la démocratie, pour la République qui est le cadre d’expression par excellence de la citoyenneté, doit être le combat de tous les Maliens, mais plus particulièrement le combat des jeunes. Ce pays est le nôtre, nous avons l’obligation citoyenne de le sauvegarder au-delà de toutes nos différences, voire de nos divergences politiques et idéologiques. Aucun régime politique ne peut s’opposer à la volonté des jeunes. Les jeunes représentent plus de deux tiers de la population malienne. C’est pour cette raison que nous devons être à la pointe du combat républicain car rien qui touche à l’avenir de la nation ne doit nous laisser indifférents.
Nous ne sommes pas des sujets qui se plient au bon vouloir du roi, mais des citoyens qui participent et qui veillent à la gestion de la cité. Pour qu’il en soit toujours ainsi, il est important de renforcer les capacités d’action des jeunes et d’améliorer leur implication dans le combat républicain et citoyen. La question est d’autant plus importante que la dernière élection présidentielle a connu une forte participation des jeunes de 18 à 35 ans. Il est donc temps de redéfinir de nouveaux termes pour un dialogue et des débats politiques, sociaux et économiques auxquels les jeunes seront des acteurs à part entière.
Il faut favoriser l’adhésion consciente de la jeunesse au processus d’émergence d’une citoyenneté active basée sur le respect des droits en privilégiant d’autres formes de représentation sociale basées sur le dépassement des schémas traditionnels. Il faut créer des synergies entre les jeunes issus de tous les secteurs de la société civile ; renforcer les capacités organisationnelles des jeunes acteurs de la société civile par le biais d’outils pédagogiques et d’un programme de formation en techniques de plaidoyers, résolution de conflits, communication et dialogue, planification stratégique, mobilisation sociale, etc.
Dans ce vaste chantier, il faut rappeler que les jeunes de la Diaspora doivent jouer pleinement leur partition. Ils doivent rester attentifs à tout ce qui se fait dans le pays. Malgré la distance qui les sépare du pays, ils doivent être de tous les combats citoyens et républicains. Ils doivent développer des formes de lutte appropriées pour ne pas être en reste. L’engagement citoyen pour la défense de la République doit être pour nous un engagement quotidien et non des initiatives épisodiques. Ce n’est plus une guerre de tranchées, mais un combat de rue dans lequel les conquêtes se font mètre par mètre car l’adversaire est de taille et est résolument déterminé à changer les règles du jeu démocratique en pleine compétition.
Mais fort heureusement, nous sommes plus déterminés que lui car nous sommes conscients qu’aucun sacrifice ne sera de trop pour sauver la République. Armés de nos convictions et de notre détermination, encadrés par nos aînés, nous serons à la pointe du combat pour la République, pour la démocratie pour que triomphe nos idéaux de paix et de justice sociale.
Sambou Sissoko