Les travailleurs temporaires (environ 150 jeunes) de l’opérateur de téléphonie Orange Mali ont décidé de mettre fin à jamais de manière légale à ‘’l’esclavage du temps moderne’’ de cette société dans notre pays. A savoir, s’abriter derrière des bureaux de placement, notamment RMO et CEI SARL pour engager du personnel au nom d’un contrat de prestation et de l’intérim, tout en outrepassant les règles en la matière, des années durant. A cet effet, ces travailleurs temporaires regroupés en collectif ont donc saisi le Tribunal de travail le 4 octobre dernier, qui a programmé son audience pour le 28 de ce mois. Tous les espoirs sont fondés sur cette juridiction pour dire le droit sur une situation d’injustice d’une puissante multinationale dans notre pays.
On n’a même pas besoin de chercher loin pour admettre que la société Orange-Mali règne en véritable borgne dans le pays des aveugles au Mali. Elle est restée des décennies durant une entreprise évoluant en roue libre à l’encontre non seulement de ses clients que de son personnel local. Cependant, force est de l’admettre qu’elle a toujours bénéficié des complicités certaines auprès des gens d’en haut, du Régulateur du secteur et de l’appareil judiciaire. Le glas de la fin de cet abus semble désormais sonné par elle. Un collectif des travailleurs temporaires, malgré le poids des pressions et d’autres menaces a décidé de prendre son destin en main pour dénoncer et clamer la justice par rapport à leur sort.
Flash back
Depuis fort longtemps, la société Orange-Mali jette son dévolu sur deux structures de placement (RMO et CEI SARL) afin de recruter du personnel sous les vocables du contrat de prestation et du contrat d’intérim. Quoi de plus normal, sauf que selon plusieurs victimes de ces modes de recrutement, les choses ne se passent pas dans les règles de l’art. Qu’autant Orange-Mali ne reconnaît pas ces agents comme son personnel mais procède à leur licenciement abusif dans la plupart du temps. La même société ne procède jamais à la régularisation de leur situation, malgré leur durée d’employabilité qui dépasse celle du travail temporaire.
Et de l’autre côté, les bureaux de placement concernés s’attellent à renouveler tacitement et indéfiniment les contrats de ces travailleurs au point de leur octroyer des CDI (Contrat à durée indéterminée) pendant qu’ils sont soumis à un lien de subordination juridique avec Orange Mali. Ce qui constitue une violation grave du code de travail concernant le travail temporaire.
«Je suis employé au sein d’Orange Mali dans ces conditions depuis plus de douze ans sans aucune amélioration de traitement » lamente un travailleur temporaire. Qui soutient que sur environ 1400 agents placés par RMO et CEI SARL, Orange-Mali a eu déjà à licencier 850 parmi eux. Ce sont donc 150 agents (67 en activités et 84 hors activités) issus de ces bureaux de placement qui ont décidé de mettre fin à cette situation d’injustice, d’abus de pouvoir et de violation de code de travail au Mali. Après avoir saisi la Direction régionale du travail du district de Bamako, qui a confirmé le bien fondé de leur démarche en qualifiant cette conduite de l’opérateur de téléphonie mobile de délit de : « dissimulation de travail par le biais des bureaux de placement », ce collectif a introduit une plainte le 04 Octobre au niveau du Tribunal de travail. Qui a programmé son audience sur cette affaire pour le 28 Octobre prochain.
« Nous réclamons la requalification de nos contrats et le paiement des dommages et intérêts pour les préjudices subis », nous a déclaré un membre de ce collectif. Sans aucun doute Orange-Mali risque gros cette fois-ci.
A suivre
M.D