Conformément aux nouveaux textes régissant le transport au Mali et dans l’espace Uemoa, les autorités locales du cercle de Nara ont sommé les agents du Conseil malien des transporteurs routiers (Cmtr) de ne plus percevoir au niveau des postes de contrôle la «redevance Cmtr». Juste après cette décision courageuse et patriotique, le président du Cmtr, Youssouf Traoré, est rentré dans la danse en faisant pression sur le gouverneur de la région de Koulikoro. Ce dernier, à son tour, a donné des instructions fermes au préfet pour annuler au plus vite cette décision.
Pour réduire les tracasseries routières dans la zone Uemoa, les autorités des différents pays membres ont décidé de prendre des nouvelles mesures. Parmi lesquelles, il y a la directive n°8/2005CM/Uemoa du 16 décembre 2005 et la décision n°15/2005/CM/Uemoa du 16 décembre 2005 portant modalités pratiques d’application du plan régional de contrôle sur les axes routiers inter-Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), et de l’arrêté interministériel n°3314/MET-MSIPC-MF-MEA-MA-MEIC-MATCL-SG du 26 novembre 2008.
Les dispositions pertinentes de la directive n°8/2005CM/Uemoa du 16 décembre 2005 relative à la réduction des points de contrôle sur les axes routiers inter-Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ; la décision n°15/2005/CM/Uemoa du 16 décembre 2005 portant modalités pratiques d’application du plan régional de contrôle sur les axes routiers inter-Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ; et l’arrêté interministériel n°3314/MET-MSIPC-MF-MEA-MA-MEIC-MATCL-SG du 26 novembre 2008, limitent les autorités de contrôle sur les axes inter-routiers à la Police, les Douanes, la Gendarmerie nationale, les Eaux et Forêts, les services de contrôle sanitaire, phytosanitaire et zoo-sanitaire.
L’article 8 de la Directive précitée dispose que les contrôles routiers aux postes de contrôle doivent se faire selon les prescriptions en vigueur sur un site unique regroupant les administrations sus-indiquées parmi lesquelles le Cmtr n’est pas cité.
Le président du Cmtr a été informé par les plus hautes autorités en la personne de son ministre de tutelle. Dans une correspondance n°00456/METD/SG du 11 décembre 2014 adressée au président du Cmtr, le ministre de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, à l’époque, Mamadou Hachim Koumaré, lui avait notifié qu’à partir du 31 décembre 2014, les perceptions de la «redevance Cmtr» ne se fassent pas dans les postes de contrôle et éviter de lier le transport de fret malien au paiement préalable d’une taxe supplémentaire.
Malgré ces avertissements du ministre de tutelle au président Traoré, ce dernier est resté sur sa position en violation de tous les textes régissant le transport au Mali et dans l’espace Uemoa. Sur ses instructions, certains agents continuent de travailler aux postes de contrôle pour vendre illégalement des tickets de transport, malgré l’interdiction dans plusieurs localités du Mali.
Le cercle de Nara était donc un lieu propice pour mieux faire ces tracasseries. Conscientes de cette situation illégale dans le cercle, les autorités locales, notamment le préfet, les sous-préfets, les maires et les agents de sécurité, ont décidé le 15 août 2017 de chasser les agents du Cmtr des différents postes de contrôle dans le cercle. Du coup, le représentant local du président, Mamadou Coulibaly dit Baba Coulou, été informé de la décision. Ce dernier, à son tour, a informé son tout-puissant président de la nouvelle.
Il a donc fallu juste trois jours pour voir s’exprimer la capacité de manipulation du président du Cmtr. Youssouf Traoré dit Bani Youssouf, auquel la perception illégale de la «redevance Cmtr» profite, a immédiatement fait pression sur le gouverneur de la région et le directeur régional des transports, pour obtenir l’annulation de cette décision qu’il qualifie d’embêtante. Il a donc abusé de son pouvoir pour faire plier ces deux personnalités de la région. Une fois conquises, ces deux personnalités ont à leur tour demandé au préfet de suspendre immédiatement la décision pour permettre le retour des agents du Cmtr aux postes de contrôle, en violation flagrante des nouveaux textes régissant le transport au Mali et dans l’espace Uemoa. Les agents du Conseil maliens des transporteurs routiers (Cmtr) ont regagné leurs postes depuis plusieurs jours.
Ces violations flagrantes des textes par le président du Cmtr, pour servir ses propres intérêts, continuent au moment où les plus hautes autorités font d’une priorité la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Malgré ces signaux, le président du Conseil malien des transporteurs routiers (Cmtr et Président directeur général de Bani Transport, Youssouf Traoré, continue de défier tout un pays. Comme cela ne suffit pas, il va jusqu’à menacer certaines autorités locales au téléphone. Le ministre des Transports, Baber Gano, est donc urgemment interpellé sur cette question. L’intérêt d’une seule personne ne doit pas être privilégié au détriment de l’intérêt général.
Selon nos sources, les transporteurs du cercle de Nara comptent aller en grève dans les jours à venir pour protester contre ces pratiques qui n’honorent personne.
Affaire à suivre.
Wassolo