Au Mali, les organisations de la société́ civile (OSC) jouent un rôle fondamental dans la promotion des droits, la sensibilisation des populations et la défense des intérêts collectifs. Cependant, un constat préoccupant émerge : elles sont en déphasage avec la population.
Les associations de défense des consommateurs, en particulier, peinent à établir un lien effectif avec ceux qu’elles prétendent représenter.
Un écart grandissant
La méfiance des populations face aux OSC peut s’expliquer par plusieurs facteurs :
-Déconnexion des réalités locales : beaucoup d’OSC, surtout celles qui sont financées par des partenaires internationaux, semblent plus préoccupées par la conformité́ aux exigences des bailleurs de fonds que par les besoins réels des communautés.
-Manque de communication : les associations de défense des consommateurs peinent à communiquer de manière efficace sur leurs actions. Les populations, souvent mal informées, ne perçoivent pas comment ces associations travaillent pour défendre leurs intérêts.
-Absence de projets concrets : les initiatives mises en place par certaines OSC manquent d’impact tangible sur le quotidien des citoyens. Alors que les problèmes de consommation, tels que la qualité́ des produits et services, sont cruciaux, peu d’actions se concrétisent sur le terrain.
Réformes nécessaires pour renouer le lien.
Pour restaurer la confiance et l’efficacité́ des OSC au Mali, plusieurs stratégies peuvent être envisagées :
-Renforcement de la base locale : les OSC doivent impérativement ancrer leurs actions dans les réalités locales en collaborant étroitement avec les communautés pour mieux comprendre leurs besoins et attentes.
-Amélioration de la communication : l’adoption de stratégies de communication adaptées, utilisant des canaux accessibles à la population, est essentielle pour sensibiliser et informer sur les droits des consommateurs et les actions menées.
Mise en œuvre de projets concrets: les associations de défense des consommateurs doivent développer des projets tangibles qui répondent aux défis quotidiens rencontrés par les citoyens, notamment en matière de qualité́ des produits, des prix ou de pratiques commerciales abusives.
-Renforcement des capacités : il est crucial de former les membres des OSC et des associations de défense des droits des consommateurs sur des questions juridiques, économiques et techniques afin d’améliorer l’efficacité́ de leurs interventions.
-Evaluation et responsabilité́ : les OSC doivent instaurer des mécanismes d’évaluation de leurs actions, permettant aux populations de donner leur avis et d’exiger des comptes sur les résultats obtenus.
Il faut dire que le déphasage entre la société́ civile malienne et la population est un enjeu majeur qui nécessite une réflexion profonde et des actions concrètes. En redéfinissant leur rôle et en s’engageant véritablement dans les problématiques des citoyens, les OSC, notamment les associations de défense des consommateurs, peuvent redevenir des vecteurs de changement et de proximité́, essentiels pour le développement du Mali.
Issa Kaba Sidibé
Source : La Différence