Politiques de population au Sahel : L’évolution de l’attitude

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              Après avoir été sourds aux sirènes néo-malthusiennes pendant près de vingt ans -de 1969 à 1980-, les Etats sahéliens ne se sont engagés dans la formulation de politiques explicités de population que vers la fin de la décennie 80.rn

                Avant les années 80, le postulat en vigueur, dans tous les Etats africains en général et sahéliens en particulier, était que “la croissance démographique pouvait être domestiquée par le développement économique”.

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                Toute intervention directe dans le domaine démographique, avec un esprit malthusien, n’était donc pas opportune, parce que la clé du problème réside dans l’accélération du processus de développement économique.

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                 Tous les Etats sahéliens étaient donc natalistes. La position nataliste du Mali est clairement exprimée dans les textes des différents plans et programmes de développement économique et social qu’il a mis en oeuvre depuis les années 60.                

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                Au cours de la conférence mondiale des Nations-Unies sur la population. tenue à Bucarest en 1974, le délégué sénégalais a officiellement déclaré que “l’Afrique a besoin aujourd’hui de développement, peut-être demain, la pilule”.

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                Cette position nataliste des Etats sahéliens s’explique, à l’époque, par le fait que la plupart de ces pays avaient des effectifs de population faibles, au regard des vastes étendues territoriales encore sous-exploitées.

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                Les densités démographiques étaient faibles, et dans la majeure partie des pays, à l’exception de quelques uns, le problème d’espace ne se posait pas encore.

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                 Les problèmes démo-économiques liés à la structure et à la dynamique de la population étaient moins évidents à cause du manque de conclusion d’études et de recherches démographiques pertinentes.

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                 Avant 1974, des enquêtes démographiques avaient été exécutées dans certains pays, mais à l’époque, les premiers recensements n’étaient qu’au stade de la préparation, de même que l’Enquête Mondiale sur la Fécondité (EMF).

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                 Les niveaux et les tendances démographiques n’étaient donc pas bien connus, et les pouvoirs publics sahéliens avaient peu d’éléments d’appréciation de la situation et de la dynamique démo-économique de leur pays pour pouvoir formuler, de façon explicite, des politiques de population appropriées et adoptées.             

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                C’est à partir des années 1980 que la plupart des pays sahéliens ont entamé avec peu d’enthousiasme la mise en place de programmes et politiques de population. Des unités de populations ont été alors créées pour mener des études démo-économiques en vue de la formulation de politiques de population et de l’intégration des variables démographiques dans les plans et programmes de développement.

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                Le Centre d’Etudes et de Recherche sur la Population pour le Développement (CERPOD) a été créé en 1988 pour aider les pays membres du Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) à mieux connaître leur situation démo-économique réelle, à formuler des politiques de population appropriées et à entreprendre des recherches opérationnelles dans le domaine de la planification familiale.

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                A la fin de la décennie, un climat nouveau beaucoup plus favorable a commencé à exister dans la région sahélienne, concernant l’élaboration de politiques de population et de programmes de planification familiale destinés à maîtriser les taux de natalité et le rythme de la croissance démographique à des fins de développement économique et social.

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Les facteurs contributifs aux changements de position

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                Les gouvernements ont changé d’attitudes et de positions grâce à l’effet combiné de plusieurs facteurs dont les plus déterminants sont l’influence de conclusions d’études et de recherches démographiques pertinentes, l’impact des conférences internationales sur la population, l’influence des activités des associations privées de planification familiale, la stagnation économique et les contraintes liées aux Programmes d’Ajustement structurel (PAS).

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Bakoroba COULIBALY

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