L’effritement des valeurs comme la citoyenneté, le patriotisme et l’intégrité sont en partie responsables de la grave crise qui secoue le Mali depuis près d’une décennie. Pour sortit de ce cycle infernal, il faut un changement de comportement à tous les niveaux avec notamment l’avènement d’une autre citoyenneté, donc d’un autre Malien. Une œuvre de longue haleine à laquelle s’attèle le gouvernement à travers le ministère de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne. Une volonté politique qui s’est récemment traduite par l’élaboration et l’adoption d’une Politique nationale de la citoyenneté et du civisme assorti d’un Plan d’actions 2017-2020.
Faire de la restauration des valeurs de construction citoyenne des actions de paix et de réconciliation, donc de développement ! Telle est une volonté clairement affichée par le président Ibrahim Boubacar Kéita depuis son investiture en septembre 2013. Et la création d’un ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne est le cadre institutionnel de la concrétisation de cette vision présidentielle.
Il s’agit de tirer tous les enseignements des expériences passées pour apporter des réponses appropriées à crise des valeurs comme la citoyenneté qui est en train de pousser progressivement notre pays vers le chaos. La Construction citoyenne, telle conçue par la vision d’IBK, est axée sur les valeurs cartésiennes de la culture plurielle et diverse du Mali.
La meilleure approche pour «construire un modèle de citoyen malien» qui soit plus respectueux de ses droits et devoirs, pétri de valeurs de civisme, de civilité, du respect des normes de transparence, de la bonne gouvernance et de la préservation des biens publics et qui participe activement à asseoir la paix, la solidarité et qui promeut le développement économique et social et le bien-être des populations à tous les niveaux.
C’est en tout cas l’ambition des décideurs du pays à travers l’élaboration et l’adoption d’une Politique nationale de la citoyenneté et du civisme (PNCC).
Pour son élaboration, le ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne a opté pour un processus participatif, inclusif, de large ouverture, au plus proche possible des communautés. Ainsi, des concertations régionales et locales ont été organisées partout dans le pays pour «donner la parole aux acteurs» et autres parties prenantes, pour établir un diagnostic précis et actualisé da la situation.
Cette politique tire son essence de certains constats comme l’effritement de l’autorité de l’État, la montée de l’extrémisme violent et du radicalisme chez les jeunes, la méconnaissance des symboles de la République, la faible observation des règles d’éthique au niveau de l’administration, la méconnaissance des textes régissant la vie publique, les droits et les devoirs par les citoyens, le difficile accès à l’administration et à la justice, la non valorisation de l’enseignement de l’éducation civique et morale, la cherté de la vie.
L’Education familiale sacrifiée pour la chasse du quotidien
La rupture entre le citoyen et l’Etat est par exemple un constat inquiétant que l’on peut faire aisément dans notre pays. «L’Etat a du mal à faire exercer son autorité et ses décisions sur les citoyens. Les règles établies par les pouvoirs publics sont foulées aux pieds par les populations y compris par ceux-là mêmes qui sont chargés de les appliquer», souligne la DNCC.
Ainsi, les personnes commises aux fonctions d’administration et de gestion n’ont pas, dans la majorité des cas, le sens de l’Etat ainsi qu’une bonne connaissance des règles d’éthique et un comportement exemplaire, aggravant du coup la rupture entre l’Etat et le citoyen.
Et l’éducation familiale est sacrifiée depuis longtemps face à la cherté de la vie et le faible pouvoir d’achat des ménages font que les parents passent plus de temps à la recherche de la subsistance familiale que de s’occuper réellement de leurs enfants. «L’éducation de l’enfant, naguère du ressort de la famille et de la communauté toute entière, s’estompe dans la dislocation des familles et dans la désintégration des communautés et groupes sociaux», déplore-t-on dans le document.
Et il est aujourd’hui clair que beaucoup de nos compatriotes connaissent peu ou ignorent les symboles de la Républiques. D’où l’urgence d’une construction de la citoyenneté et du civisme. Tout comme la méconnaissance des textes régissant la vie publique, les droits et les devoirs par les citoyens plaident également en faveur de cette action.
La construction citoyenne va au-delà de l’éducation civique qui fait référence au transfert de l’ensemble des connaissances nécessaires pour promouvoir la participation effective et efficace des populations à la vie politique.
L’éducation à la citoyenneté s’applique notamment à l’éducation électorale, l’éducation à la démocratie, à la décentralisation, à l’équité des genres, aux droits humains, au développement durable… Elle suppose également l’observation des valeurs d’altruisme et celles représentatives des identités culturelles.
Communiquer pour changer les mentalités
La PNCC se veut être en phase avec toutes les politiques sectorielles et plus particulièrement avec la Politique nationale de population, la Politique de la culture, la Politique cadre de développement de la jeunesse, la Politique nationale de l’éducation et celle de l’enseignement supérieur, la politique nationale genre, la Politique nationale des droits de l’Homme.
Sa mise en œuvre nécessite le développement d’une stratégie de communication en vue d’une participation massive des citoyens au vote et un meilleur respect des textes régissant la vie de la nation.
C’est pourquoi, depuis l’adoption de la PNCC par l’Assemblée nationale, le ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne multiplie les rencontres d’information et d’appropriation à travers le pays. Prévue dans toutes les capitales régionales du pays, cette campagne de sensibilisation vise à informer les parties prenantes de la mise en œuvre de ces différentes approches et de recueillir en contrepartie leurs observations pour une meilleure application desdites initiatives.
«La construction de nouveau type de citoyen nous oblige à nous ressaisir. Le SNJ est un passage obligé pour former nos jeunes au patriotisme et à la citoyenneté», a indiqué le ministre Amadou Koïta lors d’une récente tournée d’information et d’appropriation du SNJ (service national des jeunes) et de la PNCC.
Il a profité de l’opportunité pour expliquer à l’assistance 3 fonctions principales assignées au SNJ. Primo, il permettra d’assurer la formation physique des jeunes en vue de forger, de façonner des jeunes pour comprendre le sens de la maîtrise et de la connaissance de soi.
Secundo, il doit contribuer à renforcer la formation morale des jeunes en vue de développer chez eux l’esprit civique et loyal ; de faire des jeunes des acteurs de la consolidation de l’État. Enfin, tertio, le SNJ doit assurer la formation professionnelle visant à renforcer chez les jeunes leur employabilité et leur insertion dans le tissu socioprofessionnel pour contribuer à l’émergence économique et sociale du Mali.
S’agissant de la Politique nationale de citoyenneté et du civisme, le ministre Amadou Koïta a rappelé que son objectif fondamental est de «construire un modèle de citoyen malien» qui, par exemple, participe activement à asseoir la paix, la solidarité et qui promeut également le développement économique et le bien-être des populations à tous les niveaux.
La relance du SNJ, «une idée lumineuse»
Au finish, il s’agit de doter notre pays d’un espace de civilité, de civisme et de solidarité où les populations sont fortement ancrées dans nos valeurs et pratiques positives et ouvertes à l’idéal universel qu’elles hydratent avec lesdites valeurs et pratiques positives.
«Au regard du caractère stratégique de ces fonctions dans le processus global de développement du pays, le rétablissement du Service national des jeunes dans le contexte qu’a connu le Mali à partir de janvier 2012 est une idée lumineuse… Et il faut saluer la clairvoyance du président Ibrahim Boubacar Kéita pour en avoir fait le piédestal de la mobilisation de la jeunesse pour la transformation sociétale dans le pays», a souligné M. Koïta lors de la réunion de Kayes.
A noter que la Politique nationale de la citoyenneté et du civisme est dotée d’un Plan d’Actions 2017-2021 dont l’exécution nécessite la mobilisation de près de 29, 220 milliards de francs CFA. Le jeu en vaut la chandelle !
Moussa Bolly
Les sept charpentes pour un nouveau modèle de «Citoyen Malien»
Construire un modèle de citoyen malien… Tel est l’objectif de la Politique nationale de la citoyenneté et du civisme (PNCC). En effet, pour surmonter tous les défis dont il est confronté, notre pays a plus que jamais besoin d’un nouveau type de citoyen plus respectueux de ses droits et devoirs, pétri de valeurs de civisme, de civilité, du respect des normes de transparence, de la bonne gouvernance et de la préservation des biens publics, qui participe activement à asseoir la paix, la solidarité et qui promeut le développement économique et social et le bien-être des populations à tous les niveaux.
Et la nouvelle politique en la matière sera mise en œuvre, à travers sept axes stratégiques. A commencer par l’intensification de la sensibilisation des parties prenantes et des groupes cibles à différents niveaux ; le renforcement des capacités des acteurs et parties prenantes sur les valeurs de citoyenneté et de civisme à tous les niveaux ; la promotion de la citoyenneté et du civisme chez les jeunes, de la diversité culturelle des actions culturelles, socio-éducatives (sessions connaissance du Mali, biennales artistique, sportive et culturelle, camps de jeunesse, vacances citoyennes etc.).
Elle est également axée sur la réactivation du Mouvement national des pionniers afin de créer un cadre du développement de la citoyenneté et du civisme auprès des jeunes, à travers l’approche de partenariat public-privé (gouvernement-mouvement associatif jeunes et société civile) ; le développement d’une stratégie de communication en vue d’une participation massive des citoyens au vote et un meilleur respect des textes régissant la vie de la nation ; le renforcement du dispositif institutionnel de coordination et de suivi-évaluation de la PNCC ; et enfin l’approfondissement des niveaux de connaissance en matière de citoyenneté et de civisme à travers les études et la recherche.
M.B
Ça va être difficile
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