Point de mire : Au Mali n’importe qui ne doit plus briguer la magistrature suprême

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Au Mali, comme dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, la société est fortement hiérarchisée. Elle comprend deux grands groupes : les «horons» ou hommes libres et  les «dions» ou esclaves. Les «horons»  se répartissent en trois groupes : les horons «Totigui» (possesseurs de carquois) constituant le haut sommet de la société avec les familles royales, les chefs militaires ou chefs de guerre. Les horons «touloblé» (oreilles rouges) constituent la grande majorité des hommes libres. Ils forment le peuple.

 

 

Les Horons «touloblé», constituant la masse, la plèbe, le peuple, pouvaient par la fortune des armes  devenir des «totiguis». Mais la plupart alimentait la classe des esclaves en cas d’une défaite guerrière. Les Horons «niamakalas» ne devenaient jamais esclaves.

 

 

En retour, à part les esclaves, ils occupaient et occupent encore  le niveau inférieur de l’échelle sociale et sont aussi adulés que méprisés et même craints. Ils comprennent tous les hommes de métiers, les artisans et les artistes, c’est ç dire tous ceux dont le fruit du travail n’est pas directement consommable : la houe du forgeron, les chaussures du cordonnier, les chants et les  louanges proférés du griot ne se mangent pas.

 

 

Ces artisans ou artistes sont obligés de quitter chez eux pour aller offrir le fruit de leur travail à ceux dont le travail aboutit directement à des produits consommables : le paysan et son grain, le Peulh et son lait, le Bozo et son poisson.

 

 

En dehors de ces considérations viscérales, les hommes de castes de part leurs professions, sont entourés d’une certaine réputation de dons magiques maléfiques ou bénéfiques, comme  les compagnons maçons du Moyen- âge.

 

 

En outre, en Afrique, les peuples de l’oralité attachent une certaine force  mystique à la parole ; tout le monde ne peut pas, sans inconvénient, manier le verbe dont la puissance peut bruler les néophytes. Les niamakalas, vrais maitres de la parole, échappent aux maléfices du verbe. Ce sont eux seuls qui ont droit à la parole dans les assemblées publiques.

 

 

Source : «Les chants du Kandjo» de Dr Mamadou Simaga

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