Après la fermeture de l’Huilerie Cotonnière du Mali (HUICOMA), la grande majorité de la population de Koulikoro s’est tournée vers l’exploitation et la vente du sable à cause de sa proximité avec la capitale Bamako. Aujourd’hui, plusieurs chefs de familles licenciés de l’HUICOMA doivent leur ‘’survie’’ à cette activité pourtant très dangereuse pour la santé.
Malgré les multiples opportunités (fleuve, espaces agricoles et sa proximité avec la capitale Bamako), la ville de Koulikoro manque de tout sur le plan économique. D’ailleurs, en entendant parler de Koulikoro de loin, l’on a l’impression qu’il s’agit d’une ville assez développée. Mais il suffit d’y faire un tour pour voir les conditions dans lesquelles les populations vivent. Surtout depuis la fermeture de l’HUICOMA qui était le poumon de l’économie locale.
Après la fermeture de cette usine il y’a quelques années après son rachat par Alou Tomota, les populations qui n’avaient plus d’activités génératrices de revenus se sont, en grande majorité, tournées vers l’exploitation et la vente du sable.
Nous nous sommes intéressés à ce secteur pour recueillir plus d’informations à travers les témoignages de quelques intervenants dans la chaine d’exploitation du sable depuis son lieu d’extraction en passant par les intermédiaires jusqu’à la destination finale dont la capitale Bamako.
A notre passage au site de Souban, un quartier de Koulikoro situé au bord du fleuve, nous sommes tombés sur un groupe de personnes qui interviennent dans l’exploitation du sable. Il s’agit d’Adama Niaré du Comité Syndical de la Vente du Sable, H.C, une vendeuse de sable et A.D, un transporteur de sable.
Selon Adama Niaré, le commerce du sable est le secteur d’activité le plus avantageux de Koulikoro actuellement mais difficile pendant cette période de forte crue (montée des eaux). Trois catégories de personnes interviennent dans la chaine d’exploitation. Il y’a les premiers qu’ils appellent dans leur propre langage, les « laptons » qui partent chercher le sable jusque sous l’eau en pirogue et l’acheminent vers les sites de dépôt. Ils sont généralement en groupe de 5 à 10 personnes par pirogue et se partagent, après le travail, le butin dont une part égale pour les frais de location de la pirogue. Les chargements de pirogue varient entre 2500, 5000 et même 10.000 FCFA par période selon les explications données par le syndicat. Ces personnes (laptons) peuvent gagner jusqu’à 6000 à 7500 FCFA par jour.
Le sable une fois acheminé vers le site de dépôt sera ensuite entre les mains d’un groupe de revendeurs et de syndicats qui se chargent de chercher un transporteur ou acheteur. Une fois le marché conclu, le transporteur se charge de l’acheminement vers la destination finale. C’est à ce niveau qu’intervient un groupe de personnes, à défaut de la machine de chargement, pour charger les camions à 5000 FCFA le chargement. Le prix du chargement de sable varie en fonction de la capacité de l’engin transporteur, a expliqué un membre du syndicat. Pour les 7 roues, dit-il, le prix est de 25.000 FCFA, 40.000 FCFA pour les 10 roues et 50.000 FCFA pour les 12 roues.
Plusieurs millions ‘’ingurgités’’ par la mairie pour rien
Selon les membres du syndicat, c’est sur la route qu’interviennent toutes les dépenses qui augmentent considérablement le prix du sable à la destination finale. Entre Koulikoro et Bamako, le transporteur consomme, selon A.D, un chauffeur de 7 roues interrogé sur place, au moins 20.000 FCFA de carburant. Il ‘’négocie’’ le poste de contrôle à 3000 FCFA sans reçu, verse la taxe de la Mairie qui fait 2000 FCFA et paye 6000 FCFA au poste de péage (avec reçu) et 1000 FCFA sans reçu aux policiers par jour. Soit environ 9000 FCFA. En ajoutant les frais de chargement plus les 2000 FCFA à payer au site de dépôt, dit-il, le transporteur se retrouve avec une dépense de plus de 61.000 FCFA pour un camion benne de 7 roues, 76.000 FCFA pour les 10 roues et 86.000 FCFA pour les 12 roues en cette période de crue.
Il sera donc obligé de vendre le produit 70.000 FCFA à 75.000 FCFA pour les 7 roues, 100.000 FCFA pour les 10 roues et 125.000 FCFA à 150.000 FCFA pour les 12 roues.
Selon les informations qui nous ont été fournies par A.N, ils enregistrent souvent une quarantaine de bennes par jour rien que sur le seul site de Souban sur la dizaine qui existe à l’intérieur de la ville de Koulikoro. Si l’on doit se fier à ces informations, le commerce du sable sur le seul site de Souban rapporte à la Mairie plus de 35.000.000 FCFA par an. Sans compter les autres sites d’exploitation qui existent ailleurs. Et malgré tout, la ville de Koulikoro connait un grand retard en matière de développement et manque de tout. A moins que le projet de route en 2×2 voies en cours entre Bamako-Koulikoro contribue à changer l’image de cette ville car son accès sera encore plus rapide à cause de sa proximité avec la capitale.
Modibo Dolo
