Piyara dit Kalifa Diamouténé n’est plus ! : Ses anciens compagnons de l’UNEEM lui ont rendu hommage le mardi 28 août 2018

7

La Génération Cabral te dit merci

Le lundi 27 août 2018, à l’Hôpital du Mali (un symbole !), tu as définitivement quitté ta famille chérie qui t’adorait. Tu as dit adieu à tes camarades que tu as servis,  et dont tu as éternellement conquis le cœur. Ton cœur a cessé de battre, uniquement pour la Justice,  la Famille,  le Mali,  l’Afrique et  l’humanité tout entière. Seule la mort pouvait réussir ce coup imparable, tant tu adorais l’humain,  tant tu étais humain.

Tu es né le 20 novembre 1959 à Farakala, dans l’ex arrondissement de N’Kourala,  cercle de Sikasso. Tu rencontras l’UNEEM, ses idéaux et ses combats au célèbre Lycée de Badalabougou (L. BAD),  majestueusement édifié sur la Colline du Savoir, lyriquement opposée à la Colline du Pouvoir, celle de Koulouba. Ce fut dès lors une fusion charnelle entre Toi et le Mouvement .Il faut plutôt dire que tu incarnes, toi aussi,  le Mouvement.

Au L. Bad,  de 1976-77 à 78-79, tu fus de tous les combats avec tes valeureux compagnons de lutte : Oumar Mariko, Ramata Dia et Djiguiba Keita dit PPR.

Dans ce lycée de prestige,  nos célébrissimes camarades enseignants : Mamadou Doucouré dit Vé Zéro,  Victor Sy, Modibo Diakité,  Kaourou Doucouré, Oumou Louise Sidibé etc t’ont distingué.

Brillamment admis au baccalauréat malien, 2ème partie, en juin 1979, tu as été attributaire d’une bourse pour des études supérieures d’Anglais en Egypte. Tu perdis le bénéfice de cette bourse pour des raisons jusqu’à présent non élucidées, mais bien certainement au bénéfice de fils à papa.

Tu vins alors t’inscrire à l’Ecole Normale Supérieure au DER Philo – Psycho – Peda.

À l’ENSUP, tu conquis le respect et l’estime de tes professeurs dont les éminents Maîtres Mamadou Lamine Traoré,  Many Camara, Komakan Keita.

Au L. Bad comme à l’Ensup, les comités UNEEM étaient tes lieux de combat. À l’Ensup,  Cabral avait confiance en toi.  Feu Daouda Bamba, Oumar Arboncana Maiga,  Saran Kaba Diakité,  feu Seriba Niambélé etc t’ont porté dans leur cœur.  Abdoulaye Fofana aimait ta camaraderie, Harouna Barry resta ton camarade-frère jusqu’à ta mort.

Lorsque l’autocrate “général” Moussa Traoré décida de fermer les établissements scolaires en septembre 1980, après les assassinats de Cabral en mars et d’Ibrahima Thiocary en juillet 1980, tu rentres dans la résistance dans la clandestinité. C’est ainsi que,  pour commémorer le 1er anniversaire de l’assassinat de Cabral, tu créas,  avec les camarades Pérignama Sylla, PPR,  Mariko,  Ramata Dia,  Barry, et Dahirou Dia, le Comité  Central de Coordination (CCC) pour exiger, à travers des tracts pour lesquels chacun risquait sa vie :

1/ Toute la lumière sur l’assassinat de Cabral et la localisation de sa tombe

2/ la réouverture des établissements

3/ la reconstitution de l’UNEEM.

La lutte continua dans cette clandestinité.  À la réouverture des classes en octobre 1982, le CCC entreprit beaucoup d’activités dont la publication d’un nouveau tract “Appel aux Militants” où  on parlait du bilan de l’UNJM et on appelait aux “amis de l’école malienne”. La main lourde de la répression s’abattit sur les résistants. Tu fus arrêté avec Barry et Issiaka Coulibaly dit Isack. Embastillé et torturé comme tes compagnons d’infortune au Camp1 de la gendarmerie de Bamako,  l’autocratie, satisfaite de cet “exploit”, t’exclua de l’Ensup “pour faute grave” le dimanche 07 novembre 1982. Tu étais en 2eme année Philo Psycho Peda. La même mesure arbitraire frappa (contre l’avis du comité syndical de l’Ensup) PPR et Isack Coulibaly  (2eme Année Russe) et Harouna Barry (3eme année philo).

Alors commença pour toi l’exil,  l’étape sénégalaise de ton combat, avec l’appui des professeurs Mamadou Lamine Traoré,  Abdoulaye Barry, Ibrahima Ly,  Aloyse Raymond N’Diaye,  Abdoulaye Elimane Kane,  Victor Sy, etc.

Au Sénégal,  tu arrives à poursuivre des études en Anglais.  Tu as enseigné au Collège Askia Mohamed de Colobane, Franco-allemand arabe du Point E.

Tu continues le combat dans l’Association des Scolaires Maliens de Dakar (ASMD) avec Doyen Amadou Tiéoulé Diarra,  Souleymane Koné,  Seydou Sissouma,  Totoh Diarrah, Barry, Isack,  Mohamed Diarra etc. Tu y as dirigé la Commission Politique Générale,  qui faisait office de Comité Exécutif de l’ASMD, après les criminelles coupures des bourses,  qui avaient vidé  cette organisation démocratique estudiantine malienne.

 

Ta chambre d’étudiant de la Cité Cabral de Gueultapée comme celles que tu as louées aux Parcelles Assainies étaient ouvertes à tous les Maliens, étudiants ou non où  on trouvait couvert et logis.

Les parents de ta défunte épouse Marie Diouf ont témoigné, en larmes,  ton humanisme, ta fidélité et ton sens du partage.

Ton actuelle et brave épouse, Aïssata Seydi et les siens,  du PAKAO, saluent en toi le mari modèle.

À ton retour au Mali,  ta succulente plume de journaliste dans les journaux de Le Temps, Le Malien,  L’Indépendant, Le Soudanais et La Nation,  a éclairé plus d’un lecteur.

Parallèlement à  l’Amsuneem, tu continuas le combat démocratique à travers le Front de la Jeunesse Indépendante et Révolutionnaire  (FJIR), le PMDR et enfin l’UDR. Jamais un camarade ne t’a reproché le manque de loyauté,  de franche camaraderie ou de patriotisme.

Le Professeur Ali Nouhoum Diallo,  notre camarade de toujours, à  travers toi,  a pris sa part de reconnaissance à  la Génération Cabral en plaçant sa confiance en toi pour l’accompagner dans la noble et exaltante mission du parlement de la CEDEAO à ABUJA.

Camarade et patriarche militant Ali Diallo,  MERCI pour ta contribution au combat du peuple malien.

Camarade Diamouténé, nous disons que tu as pleinement participé à la lutte de notre peuple.

Voici notre reconnaissance pour te servir de sépulture au moment de l’adieu.

Camarade,  je vais te nommer,  pour te saluer: tu t’appelais PIYARA DIAMOUTÉNÉ.

Que la terre te soit légère !!!

AMEN !

Oraison funèbre de l’AMS-UNEEM prononcée par Harouna Barry,

Président  d’honneur de l’organisation

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. Dors en paix patriote sincère. Militant engagé pour les cause justes, intègre tu étais, honnête tu étais. Que le Tout Puissant dans sa bonté infinie t’accueille dans son paradis éternel. Amen !

  2. Paix à l’âme de PIRAYA, que la terre lui soit légère.

    Ce qui est frappant dans cette oraison funèbre, tout comme dans le commentaire de SANKINGBA qui suit est l’oubli volontaire du nom Tiébilé DRAMÉ qui pourtant, à l’époque dirigeait l’UNEEM et Cabral était son adjoint. (….ainsi va le Mali…..)

    • Tiebilé a certes joué un rôle important dans la coordination mais quand les faits objets de l’oraison du camarade Diamouténé se produisant, il était anonyme. Depuis l’école fondamentale, Tiebilé Dramé avait cette trame de faire révolter les élèves. Il les poussait souvent au refus d’évaluation (interrogations écrites), s’il n’était pas d’humeur avec le prof du jour. Il a certes des qualités qui malheureusement sont étouffées par son radicalisme.
      Nous autres avons appris que PPR a pu être exfiltré par la voie fluviale en direction de la Guinée Conakry qui regorgeait nos sympathisants. PPR avait le crâne rasé et sa grosse tête nous faisait sourire. 😀😀😀😀😀😀😀😀😀😀. Sankingba aimait le qualifier de broussard révolutionnaire. 😀😀😀😀😀😀😀😀.
      Kinguiranké, pour rappel l’UNEEM était dans la clandestinité. Quelques caciques d’entre nous avaient des contacts avec SAda DIARRA (l’ancien Ministre) qui épousait notre idéal. Nous donnions la matière première au vieux Boubacar KEÏTA, pour animer les colonnes de son journal “LA ROUE”. Nous avions un autre journal “tract” intitulé Sanfing ou l’Orage
      Hommage à tous ces braves qui animaient ces moyens d’expression.

      VIVE LA RÉPUBLIQUE

      • Hommage ardent également à ceux qui faisaient la ronéotypie de nos tracts et ce au risque de leur vie.

        • Les bobo découvrent qu’il faut sauver la planète
          mais ces gens comme jadot qui se ramènent étaient en vacances comme des cigales
          ayant chantée tout l’été!

  3. Oui, c’est bien juste les mots de Harouna BARRY. Sankingba à cette pensée pour ton père qui malgré sa pauvreté est demeuré digne.
    Quand les policiers se sont acharnés sur toi à Bamako Courant, nous autres militants étaient décidés d’assurer le relais de la lutte contre le dictateur Moussa. Sankingba garde encore la pile de tracts constituant une partie de ceux qu-on avait renotypés. Il y avait les trois couleur: le bleu, le violet et le jaune. Avec le camarade PPR, nous avons vite pris nos précautions avant que nous ne tombions dans le filet des poulets. Harouna logeant alors au Badialan a été vite repéré et appréhendé. Heureusement qu’on n’était pas regroupé ce jour car le ministre Sekou LY nous surveillait.
    En sortant du stade Mamadou Konaté oú nous avions éliminer QG, nous avons ce jour croisé les balourds de flics qui avaient sûrement été informés .
    Sankingba confirme que Diamoutene était un homme de conviction. Effacé mais discret il l’était.

    Pour la République

Comments are closed.