Que vous soyez piétons, motocyclistes, automobilistes ou même ‘’Katakatanitigui’’ entendez par là conducteurs de tricycles, vous n’avez pas la même importance pour l’Autorité Routière (AR), encore moins, pour l’Agence d’exécution des travaux d’entretien routier (AGEROUTE). Rassurez-vous, ce classement n’est pas de jure mais de facto. Le Canard en a fait le constat…
Appelé, il y a deux semaines, sur le plateau de la télévision nationale pour s’expliquer sur la gestion de son département, le ministre de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, Mamadou Hachim Koumaré a expliqué les causes de la dégradation rapide des routes. A l’en croire, les infrastructures routières subissent une pression énorme du fait de l’augmentation rapide de la population. Ajoutés à ce facteur, les comportements peu catholiques de certains usagers, il est évident, selon lui, que le réseau routier de notre pays, et singulièrement Bamako, connaisse une durée de vie précoce.
Établissement public à caractère administratif, l’Agence d’exécution des travaux d’entretien routier (AGEROUTE) est placé sous la tutelle du ministre en charge des routes. Elle a pour mission d’assurer la gestion des travaux d’entretien routier exécutés en entreprise. A ce titre, elle est chargée d’élaborer les dossiers d’appel d’offres et les demandes de propositions destinées aux entreprises et bureaux d’études soumissionnaires; de lancer les offres et attribuer les marchés et, enfin, d’assurer le paiement des prestations des entreprises chargées de l’exécution des travaux et des bureaux d’études commis pour la fourniture de services. Le budget 2015 de l’AGEROUTE s’élevait à plus de 21 milliards de nos francs. Une somme en baisse par rapport aux 28 milliards de l’année 2014. Mais quand on sait que le budget 2015 n’incluait pas les zones nord du pays, la somme allouée était conséquente. Mais où est passé l’argent. On est en droit de se poser la question, tant les routes de Bamako comme partout au Mali sont dans un état de délabrement avancé. La circulation est marquée par une forte présence des engins à deux roues. La cohabitation entre automobilistes et motocyclistes n’est pas aisée. Il a, donc, été décidé de construire des pistes cyclables le long de certaines artères de la capitale. Une bonne idée, à l’époque, du moins, car, de nos jours les pistes dites cyclables sont impraticables. En effet, depuis un certain temps, les pistes cyclables ne bénéficient plus d’entretiens périodiques. Des nids de poules, par ici, de petites mares par là, en saison de pluies, rendent l’utilisation de ces pistes impossibles. A cela, il faut ajouter le fait que c’est aussi l’endroit idéal pour les vieux tacos qui inondent nos rues pour s’y échouer. Quand ce ne sont les transporteurs en commun qui les occupent aux heures de pointe ou comme aire de stationnement pour la recherche d’éventuels clients.
Cette situation n’est pas sans danger. D’abord pour les motocyclistes, ensuite pour les autres usagers de la route. Car, la situation est telle que certains conducteurs d’engins à deux roues bravent l’interdiction de circuler sur la chaussée. Tous ceux qui, vendredi dernier, ont tenté de traverser le Pont Fahd ou le Pont des Martyrs, entre 8h et 11 h, ont subi les conséquences de cette situation. En effet, ce jour-là, deux motocyclistes, à la descente du pont, voulant emprunter la chaussée, se bousculent et tombent. Derrière eux, une sotrama lancée à vive allure, essaie de les éviter, d’un coup de volant, le conducteur passe par-dessus le terre-plein et percute un autre véhicule, dans l’autre sens, avant de se renverser. Les deux ponts sont paralysés, 3 heures durant.
Loin de nous, la volonté d’excuser cet accident. Mais des pistes cyclables mieux entretenues permettront d’éviter des accidents. Si, du moins, l’AGEROUTE n’avait pas décidé de classer : ‘’usager de 2e zone’’ les motocyclistes. Au fait, il n’y a rien d’étonnant à cela, surtout quand tous ceux qui décident de l’entretien des routes circulent dans des véhicules de luxe. Comme dit cet adage Bambara : « celui qui cherche un chameau ne peut pas voir un poulet ».
Mamadou TOGOLA