Un adage populaire de notre terroir enseigne que l’enfant ne connaît et ne doit connaître les limites réelles de ses parents. L’esprit, qui sous-tend le dicton, fait référence aux possibilités financières du père. Mais le cas qui nous concerne ici est plus tôt d’ordre juridico-administratif. Nonobstant les mesures administratives interdisant l’usage des feux d’artifice, notamment des pétards, mesures prises par les pouvoirs publics à la veille des fêtes de fin d’année en 2012 et reconduites cette année encore, les enfants n’arrêtent pas de perturber la tranquillité des citoyens par le vacarme provoqué par les déflagrations. Timide encore il y a quelques semaines, le rythme des détonations ne cesse de croître au fur et à mesure qu’on approche les fêtes de fin d’année. A la veille de Noël, dans certains quartiers de banlieue de la capitale, les enfants ont passé un long moment en début de soirée à jouer avec les pétards dans les rues. Le phénomène était notamment perceptible dans plusieurs quartiers de la rive droite.
Aux 501 logements sociaux de Yirimadjo, des points de vente occasionnels tenus par des jeunes marchands ambulants, inconnus du quartier, s’étaient installés ça et là. Le produit très prisé s’écoulait comme des petits pains. Les enfants qui formaient des petits attroupements autour des vendeurs rivalisaient ensuite dans les tirs de pétards. Curieux de connaitre l’origine du produit prohibé, nous avons approché les jeunes commerçants pour en savoir un peu plus sur leurs sources d’approvisionnement. Malgré notre obstination et malgré que nous ayons abordé le problème de manière oblique pour ne pas effaroucher nos interlocuteurs, les vendeurs n’ont rien lâché. Restant sur la garde, ils ont éludé les stratagèmes utilisés. Par contre, rendus visiblement très inquiets par notre insistance, ils ont levé prématurément le camp. Ces vendeurs avaient bien conscience d’opérer en toute illégalité. Car en début du mois de novembre, le syndicat des commerçants détaillants avait par un communiqué radiodiffusé rappelé à ses adhérents la reconduction de la mesure d’interdiction de l’importation des pétards et produits assimilés. Au ministère du Commerce, les consignes données restent de mise, nous a rappelé le chef de cabinet, Tiégoum Boubeye Maïga.
Comment font alors les marchands pour se procurer les produits prohibés ? Un tour dans le marché n’a rien rapporté comme élément d’information. Nous avons tenté sans succès de joindre le secrétaire général de Synacodem au téléphone pour nous faire expliquer les possibles sources d’approvisionnement en feux d’artifice, sources qui alimentent de manière plutôt abondante un marché noir. Mais il nous a été impossible de percer le circuit peu orthodoxe que suit cette marchandise. Une marchandise dont l’introduction était en plein essor avant son interdiction. Les statistiques recueillies au près du chef de la division statistique et informatique de la Direction nationale du commerce et de la concurrence (DNCC), Moriba Camara, sont à cet égard très claires. Il n’y a pas eu de levée d’intention d’importation de pétards depuis 2010. Les dernières réalisations enregistrées au niveau des services des Douanes remontent à 2006, 2007, 2008 et 2010, où notre pays a respectivement importé de la Chine et du Ghana : 5 335 kilogrammes pour une valeur marchande de 222 958 925 Fcfa ; 309 kg kilogrammes pour 71 591 038 Fcfa ; 490 kilogrammes pour 98 831 913 fcfa et 4 650 kilogrammes pour une valeur marchande minorée de 470 000 Fcfa en 2010.
LES ACCIDENTS SE SONT MULTIPLIÉS. En 2012, il n’y a pas eu de levée d’intention d’importation au niveau de la DNCC. Par contre, les services des Douanes ont indexé 3 156 kilogrammes de pétards pour une valeur marchande minorée de 1 137 495 Fcfa. Minorée, parce qu’en comparant les importations de 2006 et 2007, on se rend compte qu’en 2010 et 2012, la valeur d’indexation semble perdre des poids non justifiés. Surtout qu’avec 44, 28% de pression fiscale, le pétard fait partie des produits les plus taxés au Mali. Il est bien possible qu’avant l’occupation des deux-tiers de notre territoire national par les Jihadistes à la suite du coup d’Etat de mars 2012, notre pays ambitionnait de limiter le niveau d’importation de ce produit à cause des dégâts qu’il peut engendrer en cas de non maitrise de son usage. Pour arriver à ce contingentement, l’arme utilisée aurait été une pression fiscale nettement dissuasive.
Rappelons que notre pays a déjà souffert des affres du pétard. L’histoire la plus fameuse remonte au réveillon de 1990. Ce soir là, le célèbre espace culturel« Yanga », dont le toit de la paillotte principale était en chaume, a pris feu. Selon les témoignages recueillis à l’époque, l’incendie serait parti de la mauvaise manipulation de pétards. Ailleurs dans le monde, les accidents dus aux pétards se sont multipliés ces dernières années, notamment en Amérique latine et en Asie. Au Burkina voisin, le gouvernement du Faso a interdit la détention et la vente des pétards, lors des fêtes de fin d’années, sur toute l’étendue du territoire national, indique un communiqué publié mardi sur le site d’information « Koaci Ouaga ».
Cette décision est motivée par les accidents provoqués par les explosifs et artifices lors des fêtes, occasionnant quelques fois des amputations, des pertes de doigts, des pertes auditives et même des pertes en vies humaines. Le communiqué ne prévoit aucune dérogation ou exception. Tout contrevenant sera sanctionné conformément aux textes en vigueur. Toutefois, pour marquer le passage en 2014, un spectacle artistique et pyrotechnique organisé chaque année par la mairie de Ouagadougou est prévu le 31 décembre devant l’Hôtel de ville.
Rappelons qu’un pétard est un dispositif explosif de faible puissance principalement utilisé pour le bruit qu’il produit. Ces artifices servent à « chauffer » l’ambiance de nombreux rassemblements populaires et fêtes traditionnelles. La faible puissance des pétards est relative, certains modèles détonent assez fort pour blesser ou mutiler si l’on ne respecte pas le mode d’emploi du fabricant. L’usage non conforme fait néanmoins partie des pratiques courantes chez nombre d’utilisateurs, qu’il s’agisse de lancer allumé ou de destruction matérielle. Les mèches courtes et les éclats d’objets amènent beaucoup d’imprudents aux urgences. Malgré tous ces dangers qui ont été mille et une fois détaillés, l’engouement ne faiblit pas. Amenant vendeurs et utilisateurs à affronter tout à la fois les règlements et le bon sens.
A. O. DIALLO
Il faut plutôt mettre en cause la démission des chefs de famille car tout un chacun sait que la mesure a été prise pour éviter que des terroristes ne profitent du vacarme des pétards pour commettre des attentas. Si les enfants les achètent, les parents peuvent leur interdire de les péter et quand aux autorités, qu’ils bouclent purement et simplement les commerçants qui vendent les pétards car ils se mettent en marge de la loi . Il est réellement temps que le malien mette ce pays au dessus des petits profits pécuniaires.
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