La crise des pièces d’identité au Mali, passeports et cartes d’identité, n’est pas nouvelle. De tout temps, depuis la deuxième République jusqu’à nos jours, les passeports et cartes d’identité sont livrés au compte-goutte. Leur obtention relève du parcours du combattant et il faut se lever très tôt le matin pour obtenir le précieux sésame tant le quota de confection journalier est limité. Le nombre de maliens étant connu, pourquoi ne pas suffisamment en produire ? A qui profite la crise des passeports au Mali ? Pourquoi c’est toujours le Canada qui devrait nous fabriquer le passeport ? N’y a-t-il aucune entreprise malienne sérieuse capable d’assurer la sécurité et la probité du processus de fabrication ? Tout comme un peuple qui ne bat pas sa monnaie n’est pas indépendant, un pays qui ne produit pas les papiers d’identification de ses citoyens ne saurait être libre. Si comme aux Etats-Unis, en France ou ailleurs, les nouveaux nés reçoivent dès la naissance leur premier passeport, pourquoi le Mali ne pourrait-il pas en faire autant pour ses enfants ? Chaque enfant malien a défaut d’avoir son passeport à la naissance devrait, tout au moins, bénéficier de sa carte d’identité nationale valable jusqu’à 18 ans accompagné de son extrait d’acte de naissance, d’une couleur différente de celle des adultes. Du point de vue technique, avec l’instauration de la carte NINA, cette production à grande échelle ne devrait plus poser de problèmes. Il suffit d’utiliser la base de données du RAVEC.
Tous les régimes qui se sont succédé, de Moussa Traoré à ATT, de AOK à IBK en passant par Dioncounda Traoré, aucun n’a jamais pu résoudre ce problème. Pourquoi ? La réponse est logique. La pénurie de passeports et de cartes d’identité semble être la sève nourricière d’un vaste réseau de corruption.
Officiellement fixés à 50 000 F pour les passeports et 2000 F pour les cartes d’identité, les prix flambent chaque fois avec la pénurie, provoquée par ceux qui tirent les ficelles de ce marché jamais vérifié par le Vegal. Disposer de ses pièces d’identités nationales est un attribut de la citoyenneté, un droit pour le citoyen et un devoir pour l’Etat. La lourdeur des procédures administratives pour l’obtention des pièces d’identité nationales n’est que le reflet de l’opacité qui règne, de la corruption et du niveau de sous-développement du pays.
Ce n’est ni de l’aumône ni une faveur mais un droit pour chaque malien de disposer de ces papiers précieux qui font de lui un citoyen à part entière. Si des mesures urgentes et responsables ne sont pas prises pour pallier définitivement à cette pénurie, demain le soleil pourrait bien se lever à l’ouest comme le disait Feu Hamadoun Issébéré, l’auteur des « boutures du soleil ». Alors si la police est incapable de gérer la bonne délivrance de nos passeports et de nos cartes d’identités, autant les confier à nos municipalités plus proches de nos populations et plus redevables devant elles. On pourrait bien dans le cadre d’un test procéder à un échantillonnage des communes pour expérimenter la faisabilité d’une telle innovation.
Youssouf Sissoko
Youssouf es tu serieux?!!!!! Laisser la Police t la gendarmerie continuer a donner de fausse carte d’identite sans source (acte de naissance authentique) vaut 1000,000 de fois mieux qu’ impliquer les “municipalites”.
Monsieur le Journaliste
Je vois qu’il vous manque des détails techniques sur les documents de voyage et documents d’identification. Un passeport est un document fiduciaire au même titre que les billets de banque. L’impression du passeport nécessite des technologies de pointe de l’imprimerie fiduciaire qui ne sont pas à la portée des imprimeurs classiques. Un nombre restreint d’imprimeurs sont spécialisés dans ce domaine dans le monde. Ce serait bien beau si le Mali pouvait confier l’impression du passeport à un imprimeur local mais le risque est d’avoir des passeports non sécurisés que le plus médiocre des faussaires peut contrefaire ou falsifier. Les menaces sécuritaires sont à prendre au sérieux. Par ailleurs, la production de passeport ne se limite pas à confection de livrets hautement sécurisés. Il y a d’autres aspects comme l’enrôlement, la personnalisation et le contrôle aux frontières qui nécessite des systèmes informatiques et des bases de données complexes et sécurisées. Ne parlons pas des passeports électroniques qui demandent encore des technologies beaucoup plus sophistiquées.
La délivrance des passeports par les Mairies n’est pas une idée nouvelle. Ca se passe ainsi dans certains pays mais il faut savoir que les mairies ne sont que des points de collecte des demandes et de délivrance des passeports aux citoyens. Une autre structure chargée de la confection des passeports est toujours indispensable. Cette structure traite les demandes en provenance des mairies et confectionne les passeports correspondants. Les passeports finis retournent vers les mairies pour être délivrés aux demandeurs. Ce traitement nécessite une infrastructure informatique (réseau, base de données et applications de traitement) permettant d’interconnecter les mairies au centre de confection des passeports.
Bref, ce qui précède montre qu’il faudrait de la technologie pour réaliser ce que vous suggérez et qu’il faudrait du temps pour que le Mali soit en mesure d’imprimer localement ses propres passeports répondant à certaines normes internationales de sécurité.
Si nous devons choisir les priorités pour notre développement, je pense que le Mali doit d’abord chercher à maitriser les technologies permettant de lancer les bases d’un vrai développement: je fais allusion à la santé, aux industries mécaniques, électriques , chimiques, biochimiques, pharmaceutiques, au génie civil, à l’agro- industrie etc… Il faudrait maitriser l’énergie en produisant une électricité propre, en trouvant une alternative à la destruction de nos forêts pour produire du bois pour de cuisine. C’est ce développement de base dont nous avons besoin et qui exige que le mali forme une masse critique de spécialistes dans les domaines scientifiques et technologiques. Une restructuration des programmes de formation dans nos écoles s’impose.
C’est ma modeste contribution.
Merci.
Monsieur Sissoko, le fil de ton Raisonnement Tient jusqu’au moment ou tu y introduit les Municipalites ! Là, tu annonces une catastrophe !
voilà ce je te propose: que la delivrance des pièces d’identité et des passeports reviennes aux Tribunaux , aux prefectures et sous-prefectures.
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