Au dernier sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO, tenu au Burkina Faso le 7 juillet, les partis politiques ainsi que les acteurs de la société civile du Mali avaient été conviés. Certains invités ont répondu à l’appel, d’autres non. Parmi ceux qui ont effectué le déplacement de Ouagadougou 2 se trouvait le Conseil National de la Jeunesse (CNJ) qui entendait expliquer aux chefs d’Etat les préoccupations des jeunes du Mali. Avant le départ pour Ouaga, le bureau dirigeant du CNJ était confronté à un problème de leadership.
En effet, à l’issue d’un congrès extraordinaire tenu le 21 mai à la Maison de la presse, un nouveau bureau de 23 membres, dirigé par Oumar Maiga, avait été élu. S’engagea alors un bras de fer entre ce nouveau bureau et le bureau sortant dirigé par Abdoulaye Touré. La semaine dernière, le nouveau bureau de Maiga, accompagné de policiers du Groupement mobile de sécurité, fit déloger du siège du CNJ, sis à Badalabougou, le bureau sortant de Touré. Les nouveaux occupants du siège ne manquent pas de griefs contre le bureau sortant de Touré.
Au cours d’une assemblée générale d’information tenue samedi dernier, Oumar Maiga, président du nouveau bureau, dira que l’ancien, au lieu de 23 membres, était composé de 52 membres en violation flagrante des textes du CNJ. Il affirme que le président sortant, Abdoulaye Touré, avait été élu alors qu’il était âgé de 35 ans et 8 mois, ce qui violerait les textes du CNJ qui rendent inéligible quiconque serait âgé de plus de 35 ans. Maiga va plus loin en affirmant que le bureau de Touré a détourné plus de 2 milliards destinés aux jeunes du Mali qui, dans leur majeure partie, ne savent même pas ce qu’est le CNJ, faute de sensibilisation adéquate. L’orateur révèle que le régime d’ATT avait offert au bureau de Touré 50 millions et 400 mortos Jakarta pour l’inciter à battre campagne en faveur de la révision constitutionnelle engagée par le pouvoir déchu. “Touré et les siens se sont partagé les 50 millions; ils ont distribué 200 millions à leurs proches et ont revendu les 200 autres motos au marché avec un rabais de 20 000 FCFA par moto puis se se soçnt partagé l’argent ainsi récolté”, martèl Maiga. Parlant de la légalité de son bureau, Oumar Maiga dira que depuis le 1er janvier, un comité de crise avait été mis en place pour demander un congrès extraordinaire. Le gouvernement de l’époque (celui d’ATT) s’y était opposé. Si bien que le bureau de Touré s’est maintenu en poste jusqu’à son expulsion du siège.
Le bureau sortant, dirigé par Touré, a animé, quant à lui, un point de presse, vendredi dernier, pour faire le point de la participation du CNJ à la rencontre de Ouagadougou 2. La conférence était animée par Alioun Guèye, 1er vice-président dudit bureau. Actualité oblige, la conférence fut dominée par un autre sujet: le bicéphalisme au sein du CNJ. Pour Guèye, le bureau dirigé par Maiga est illégal car issu d’un congrès extraordinaire qui viole les textes du CNJ.Selon le conférencier, un congrès extraordinaire doit être convoqué par les deux tiers des membres du bureau sortant: or le congrès extraordinaire convoqué par Maiga et consorts l’a été par des gens qui ne sont même pas membres du bureau sortant. A la question de savoir comment lui et les siens comptent retrouver le siège dont ils ont été expulsés manu militari, le conférencier répond que le Premier ministre et le ministre chargé de la jeunesse ont été saisis de la question et ont promis de restaurer le droit.
En attendant le dénouement de cette querelle de légitimité, le bureau dirigé par Maiga se la coule douce au siège, sur haute surveillance policière. Notons que ce bureau est favorable à la junte militaire et que celui expulsé est membre du FDR (le front anti-putsch).
Abdoulaye Guindo