L’ancien candidat à la présidentielle de 2018 vient de faire une sortie fracassante. Dans son viseur le Chef de L’État, qui se doit de mettre fin à la situation dont il est victime depuis des mois : le gel de ses comptes bancaires empêchant l’ouverture d’une banque dont il serait l’actionnaire principal.
C’est par le biais d’une lettre ouverte que ce membre de l’EPM a interpellé le Président de la République, en mentionnant que le défi de l’émergence durable du Mali passe par une orientation des actions vers des secteurs tels que l’autosuffisance alimentaire, le chômage de masse, l’émigration illégale des jeunes, l’éducation des jeunes, la santé publique, l’assainissement ou l’accès au logement.
Et Ainiea Ibrahim Camara d’en profiter pour insister sur la nécessité de prendre en compte «nos spécificités économiques locales et de défendre notre unité et notre souveraineté ».
Pour avoir fait ses armes dans les sphères économico-financières hors du Mali, il est donc bien dans son élément et dénonce le modèle économique actuel orienté vers l’importation à outrance des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques ou des biens d’équipements. L’allié d’IBK fustige ainsi cette gouvernance en rappelant par ailleurs que deux produits constituent 80% de notre exportation à savoir : le coton (700 000 T en 2018), et l’or (70T en 2018). Le premier est caractérisé par une absence quasi totale d’industrie textile depuis des décennies bien que le secteur du coton fait vivre plus du quart de la population, a relevé M Camara dans sa missive, avant d’indiquer dans la même veine que l’Or constitue 70% de nos recettes d’exportations et contribue à moins de 25% de nos recettes budgétaires faute de moyens d’extraction et de raffinage.
Autant de réalités l’ayant conduit, explique-t-il, à mettre sur pied le projet bancaire «CAMARA BANK» afin de mobiliser des fonds innovants et abondants pour financer les secteurs clés de notre économie. Il s’agit, en définitive, d’une contribution qu’il entend apporter à son pays afin de combler le vide que les banques classiques ne peuvent pas remplir de par leurs structures et leurs assujettissements à la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest). Seulement voilà : la demande d’agrément bancaire spécifique pour ce faire reste en souffrance et sans retour de la part de l’État Malien.
De même sont demeurés vains, selon le président du Mouvement Républicain, les efforts pour expliquer aux autorités de la BCEAO que son interlocuteur est l’État Malien souverain, qui seul peut in fine décider ou pas de l’opportunité ou non de notre projet bancaire. «Nous accusons sans coup férir depuis plusieurs mois des intimidations, des affabulations et pire de l’instrumentalisation des organes de contrôle ayant pour conséquences le blocage de nos comptes bancaires sous l’accusation fallacieuse de ´terrorisme´’’, a déploré le partenaire du régime.
L’économiste qu’il est n’a pas manqué d’indiquer que la BECEAO est dans le sens d’un trafic d’influence aux fins de ne pas laisser CAMARA BANK voir le jour. Et de rappeler que la banque communautaire a pour mission essentielle de garantir la parité fixe entre le franc CFA et l’Euro moyennant la collecte et le dépôt de la moitié de nos réserves dans le Trésor français. Une usurpation de notre Souveraineté que Camara qualifie de crime économique face auquel son projet peut servir d’opportunité à toutes les filles et fils du Mali – qui le souhaitent et qui en ont les moyens – d’investir en toute quiétude dans leur patrie à travers CAMARA BANK.
«L’exclusion d’un leader politique par des subterfuges technico-juridiques n’est pas de bon aloi», s’est offusqué en brandissant son statut d’allié ayant contribué à la réélection d’IBK.
Pour clore, Ainea Ibrahim Camara lance un message au locataire de Koulouba, allant au-delà du projet bancaire objet de sa lettre ouverte en ces termes : « En conclusion, Excellence Monsieur le Président de la République, j’en appelle à votre sagesse et votre patriotisme pour mettre fin à cette campagne d’intimidation et de blocage de mes investissements dans mon propre pays, qui ont pour seul but inavoué d’éliminer arbitrairement un candidat sérieux à votre succession en 2023 »
Drissa KEÏTA