Patrimoine immatériel du Mandé : «Le SINANKOUYA», une valeur de paix

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SINANKOUYAIl est essentiellement basé sur le système patronymique, c’est-à-dire, les «jamun» ou noms de clan et unit aussi des clans par paires ou par groupe.

Dans les récits, le peuple mandenka se résume à 30 familles architectes de l’empire dont la classification est la suivante : les Mamururi (fils de Mamuru, de la lignée de Manden Bokori, frère de Sunjata) et les Sunjatasi tiennent le sommet de la hiérarchie ; les tontajon comprenant 16 familles guerrières. L’organisation sociale chez les Mandenka (habitants du Manden) du Haut-Niger repose essentiellement sur un système patrilinéaire. Le patrilignage qui se segmente avec le temps, trouve son expression concrète dans le village, dugu, et le quartier, kolè ou kabila. A tous les niveaux du système généalogique, les unités collectives de vie s’organisent : unité foncière et politique pour le village ; unité de production et de consommation au niveau de la concession, qui abrite la famille étendue et qui sert aussi de support à l’exploitation agricole.

La parenté par les pères, fadenya, est à la base des groupes généalogiques. Les descendants d’un même ancêtre forment ce qu’on appelle un «Si» (semence). Le Mandenka appartient au lignage et au clan de son père auquel le rattache le système de dénomination des personnes. Nous sommes dans une société où les rapports sociaux semblent très marqués par l’importance des considérations de hiérarchie, d’autorité, d’étiquette, de déférence et de révérence. La femme ne peut pas parler à son mari, le fils au père, le cadet à l’aîné. L’importance de cette hiérarchie est marquée par l’âge, le sexe et les castes. La tradition mandingue impose surtout le respect des aînés, des pères, des mères et des chefs.

La hiérarchie sociale comporte des exigences qui seraient assez contraignantes s’il n’y avait pasq par exemple un tel espace de liberté comme le «sènènkunya» qui défie toutes les normes de la société. Les champs d’activités valorisées dans cette société étaient la chasse, la guerre et le commerce, trois activités fondées sur l’agressivité sociale, champs de combat où on a à faire à un adversaire social auquel il s’agit d’imposer son statut et de se faire reconnaître. Toutes les périodes d’accomplissement de l’homme seront une compétition, une tentative de renverser la hiérarchie établie dans une société où on distingue deux types de statut : un statut assigné et un statut conquis (grâce aux aptitudes personnelles et individuelles dans tous les domaines de la société (guerre, commerce, etc…)

Il faut avoir présent à l’esprit que le clan n’est ni un groupe constitué, ni un groupe résidentiel ; il est dispersé sur d’immenses espaces et figure souvent au sein de plusieurs groupes ethniques. Le clan n’a aucune personnalité politique ou religieuse, il n’est pas un groupe isolé, contrairement au lignage qui, sur le terrain, correspond à l’espace de subsistance et qui peut être défini comme un groupe se rattachant à un ancêtre avec lequel on peut établir les liens généalogiques. Le lignage est un groupe structuré de parents en lignée unilatérale, s’appuyant sur un système formel d’autorité. La grande différence entre clan et lignage, c’est la possibilité de retracer les liens généalogiques. Il s’agit des extensions spatiales et temporelles de la famille.

A la différence des lignages, les clans peuvent avoir une extension géographique considérable, parfois transcender les limites d’une société donnée : les grands clans du Manden- Kamara, Keyita, Tarawere- se retrouvent non seulement dans toutes les sociétés du groupe linguistique mandé mais encore dans certaines sociétés voisines ressortissant à d’autres groupes. A cette échelle, il est bien évident que la référence à la consanguinité n’est plus qu’une sorte de fiction juridique. Au Manden, le «sènènkunya» est essentiellement basé sur le système patronymique c’est-à-dire sur les «jamun» ou noms de clan. Il unit des clans par paires ou par groupes mais cette pratique n’existe pas uniquement à ce niveau.

On le retrouve, en effet, dans les relations entre ethnies entières comme les Malinké et les Soninké, les Malinké et les Peulh et on pourrait le comparer aux relations particulières qui unissent les membres d’une même classe d’âge ou le grand-père et le petit fils. Origine. En fait, le «sènènkunya» est un aspect dynamique de la culture mandingue dont l’origine reste difficile à situer dans le temps. L’étymologie du terme a donné lieu également à beaucoup de controverses. Selon certains, il faut dire Sinankunya (de Sina : rivaux, kun : accepter et ya : suffixe) ; ce qui signifie « le fait que deux rivaux s’acceptent » ; pour d’autres, il s’agit plutôt de «sônnôgôya» (facilité). En pays de Sibi et Kangaba, les termes utilisés sont bien Sènènkun et «Sènènkunya» que Fodé Berete traduit par « prêter serment avec la langue »( de Sè : prêter serment, nèn ou nènkun : la langue ou le bout, la tête de la langue) Le «sènènkunya» a pour origine un pacte à la fois mythique et historique scellé par l’échange du sang ou un repas commun.

Ces relations ont pour origine une profonde amitié entre deux ancêtres qui, désirant que leurs descendances conservent cette amitié à travers les siècles, ont scellé un pacte de sang et ont prononcé toute une série d’anathèmes contre ceux de leurs descendants qui rompraient cette liaison jurée sur le dege. Il s’en suit que chaque clan a un certain nombre de sènènkun classiques mais que des «sènènkunya «pourraient probablement se créer encore aujourd’hui entre certaines branches de chaque famille. Les traditions rapportent que c’est à Kurukanfuga, vaste clairière située près de Kangaba, que Sunjata Keyita, après sa victoire sur Sumanworo Kanté, roi de Soso, rassembla ses alliés et jeta les bases de l’organisation administrative du Manden et des pays conquis, en procédant à de grandes réformes.

Il harmonisa, dit-on, les coutumes, prôna l’unité, la solidarité, la tolérance et la justice. Des alliances furent nouées par serment entre lui et chaque clan. Les différents clans renouvelèrent entre eux des pactes d’amitié, de cousinage et de mariage. On parle de l’article 7 de la Charte de Kurukanfuga où il fut décidé d’accorder plus d’importance au «sènènkunya». Chez les Mandenka (ou Maninka), le clan, à l’heure actuelle, a pratiquement perdu son assise territoriale. Tarawere, Keyita, Kamara, Dunbuya, Koné, Kulubali, Jara sont aujourd’hui dispersés sur toute l’Afrique de l’ouest et formant l’armature sociologique non seulement des Maninka mais aussi de tous les peuples qui se réclament de la souche commune mandingue (Bamana, Khasonké, Dogon, etc…)

La filiation patrilinéaire au niveau du clan est devenue très souvent théorique. Les chartes généalogiques s’arrêtent aux fondateurs des lignages et les relations entre les fondateurs des clans sont plutôt d’ordre mythique. Il faut également noter que parfois le «jamun» n’est qu’un emprunt résultant de circonstances historiques comme c’est le cas chez les Keyita du quartier Somana de Kaaba qui, en fait, sont des Tarawere et des Kamara. La procédure d’assimilation des esclaves au clan du maître est le principal facteur historique de dégradation de la structure généalogique du clan. Les conflits actuels en Afrique constituent un frein à la politique d’intégration poursuivie aujourd’hui par le continent. Il convient de signaler qu’il est plus que nécessaire d’explorer toutes les voies disponibles pour arriver à cette fin.

Les relations à plaisanterie, quelles que soient les formes qu’elles revêtent, constituent une piste sérieuse, un atout à portée de main dont tous les Etats africains devraient se saisir. Celles-ci ne demandent qu’à être revitalisées, renforcées, étudiées et régulièrement célébrées. Si les politiques s’impliquent véritablement dans sa promotion, cette institution sacrée qui a traversé le temps, pourra parfaitement être un instrument efficace de régulation de la société pour nous permettre d’avancer vers la paix et la cohésion sociale indispensables au développement. Mais il faudra nécessairement, pour atteindre le but fixé, initier des programmes de recherche sur le sujet pour pouvoir en cerner tous les contours. Les alliances, les terminologies, les équivalences, les correspondances de noms, méritent d’être mieux connues pour être mieux exploitées et sauvegardées.

Y. DOUMBIA

Politique culturelle : UN PLAN OPERATIONNEL EN VIGUEUR  

Notre pays dispose désormais d’un « document-cadre de politique culturelle » assortie d’un plan opérationnel 2013 – 2018. La communication vient d’être adoptée mercredi dernier par le Conseil des ministres. En effet depuis 2010, furent organisées, par le ministère de la Culture, les premières rencontres sur ce document. Ce plan opérationnel coûtera environ 108, 26 milliards de nos francs. Ue évaluation en sera faite chaque année. Le plan opérationnel sera soumis à une évaluation complète, un an avant la fin de sa durée d’exécution, afin de mesurer l’efficience et l’efficacité de l’ensemble des actions réalisées, leur contribution à l’atteinte de l’objectif général de la politique culturelle et leur impact sur les objectifs globaux du CSRP. Une cellule technique sera mise en place pour appuyer, suivre, coordonner et évaluer la mise en œuvre de la politique culturelle. Constituée d’un personnel contractuel, cette cellule sera installée auprès du ministère de la Culture et travaillera en étroite collaboration avec ses services.

La culture est un secteur d’activités à part entière, qui a ses acteurs spécialisés et ses besoins spécifiques, mais aussi une matière transversale par excellence, qui entretient des liens avec tous les autres domaines de politique sectorielle. C’est également un secteur dont la vitalité ne dépend pas seulement des pouvoirs publics mais aussi et surtout du dynamisme de ses acteurs indépendants et de l’engagement de toutes les forces vives de la société en sa faveur. Ces caractéristiques expliquent l’intitulé du document élaboré par le ministère de la Culture. Il s’agit d’un Document-cadre de politique culturelle du Mali adressé à toutes les parties concernées par le développement culturel du Mali : le ministère de la Culture, toutes les autres institutions publiques, les acteurs culturels non étatiques et les autres forces vives de la société civile et du secteur privé, la communauté internationale et les partenaires techniques et financiers.

Conforme au canevas de référence des autres politiques nationales, le document-cadre expose le contexte et la justification de la politique culturelle, en détermine les orientations, les objectifs, la stratégie et les actions, et établit les modalités de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation. L’objectif général la politique culturelle du Mali est assorti de trois objectifs spécifiques : encourager le développement d’établissements culturels actifs et performants à tous les niveaux de la chaîne, depuis la création jusqu’à la réception par les publics ; soutenir un accroissement quantitatif et qualitatif de la production de biens et services culturels maliens ; soutenir un élargissement de l’audience des biens et services culturels maliens au niveau national, sous-régional, continental et international. Ce premier plan opérationnel reprend tous les résultats définis dans le document-cadre.

En outre, il intègre sous forme d’objectifs et de résultats les principales dispositions du document-cadre : la restructuration du ministère de la Culture est intégrée sous un nouvel objectif « adapter le cadre institutionnel aux exigences de la nouvelle politique culturelle ». Le plan opérationnel est un cadre de référence qui doit permettre à toutes les parties d’inscrire leurs actions dans la perspective des objectifs de la politique culturelle et de développer de nouvelles actions qui y contribueront. Il appartient à chaque partie, selon ses compétences spécifiques et ses capacités, d’établir son programme d’action en tenant compte des pistes tracées dans ce plan opérationnel. Les programmations prendront des formes différentes selon les parties. Toute l’action du ministère de la Culture est orientée vers le développement culturel.

L’objectif spécifique de la politique culturelle nationale est le renforcement du secteur culturel Il appartient au département de la Culture par conséquent d’élaborer un programme d’action et un Cadre de dépenses à moyen terme (CDMT) entièrement consacrés à la réalisation d’actions et l’atteinte de résultats définis par le document-cadre. Tout comme l’Etat a la responsabilité d’élaborer une politique culturelle nationale, les collectivités ont la responsabilité d’élaborer des politiques culturelles locales. Les documents de politique culturelle sont de nature à faciliter la définition des objectifs et l’identification des actions des politiques culturelles locales par les responsables et les acteurs concernés.

Synthèse de Y. D.

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