Participation des Maliennes à la vie politique : Le MPFEF et ses partenaires lancent le débat

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Dans le cadre de la célébration du 8 mars, Journée internationale des femmes, le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, dirigé par Mme Dandara Touré, en partenariat avec le REMAFEDE (Réseau malien des femmes élues pour la démocratie participative), présidé par Mme Fadima Méité, le PNUD-PAREHF et l’UNESCO, a organisé un déjeuner-débat au Restaurant Balasoko du Parc National du Mali.

Le thème choisi était «Femmes en politique : vécus et aspirations». Pour l’aborder de plain-pied, c’est un film documentaire qui a tout d’abord été proposé aux nombreux convives. Il a permis de bien camper le décor, grâce aux témoignages on ne peut plus éloquents de Maliennes engagées en politique, qui ont parlé de leurs expériences, des contraintes auxquelles elles ont été confrontées et de réussites dont elles peuvent se targuer.

Avec des intermèdes musicaux de l’Ensemble instrumental national, et après quelques mots de bienvenue, les débats furent riches et très intéressants, grâce à des intervenantes de qualité, mais un peu frustrants, faute de temps. Ce qui a amené l’assistance à demander l’organisation d’autres rencontres du même type, afin de pouvoir explorer les pistes adéquates plus en profondeur et de déterminer les stratégies à adopter pour plus d’engagement des femmes en politique, une meilleur participation et une plus grande visibilité des femmes leaders en la matière.

L’historienne Bintou Sanankoua a, dans une étude publiée en 2004 («Femmes et Parlement au Mali», Afrique contemporaine, 2004/2 n°210), fait un travail de recherche de référence en matière de participation des Maliennes à la vie publique de leur pays. Nous vous proposons, en guise de rappel et en forme d’outil de plaidoyer, de relire quelques paragraphes significatifs de ce texte.

«Aoua Keita est la première Malienne à avoir occupé de hautes fonctions politiques. Seule femme membre du Bureau politique national de l’US-RDA, elle sera l’unique femme députée de l’Assemblée législative dela Républiquesoudanaise, de 1959 à 1960, et de la première législature dela Première République, de 1960 à 1964. Namissa Touré la rejoindra au Parlement à l’issue des élections de 1964 et jusqu’en 1967. … Lorsque les militaires font le coup d’Etat qui mettra fin àla Première République, le 19 novembre 1968, il n’y a plus aucune femme parmi les grands commis de l’Etat ni dans les institutions dela République. Lapremière à entrer au gouvernement malien est Inna Sissoko Cissé, au poste de secrétaire d’Etat aux Affaires sociales, en 1968. La première femme ministre au Mali sera nommée en 1982 à l’Information».

Lors de la législature de 1997, Mme Sanankoua note que «les femmes élues sont relativement jeunes: l’âge moyen est de 44 ans, la plus âgée en a 55 et la plus jeune, 33. Elles sont dans l’ensemble cadres moyens. Le niveau moyen est le diplôme d’études fondamentales (DEF) plus deux ou trois ans d’études, 10 ont pour diplôme de base le DEF, 8 ont obtenu le bac, parmi lesquelles 6 ont le niveau bac + 2 ou 3, une, bac + 5 et une, bac + 7. Une seule n’a aucun diplôme. Toutes exerçaient une profession avant leur arrivée à l’hémicycle: 12 sont fonctionnaires, deux travaillent dans les ONG, une dans une structure communautaire. Une est chef d’entreprise et

une est dans le commerce informel. Deux ont une expérience d’élue comme conseillère municipale».

Parlant des difficultés rencontrées par les femmes en politique, l’historienne, qui fut elle aussi une élue, a ces mots, qui nous paraissent toujours d’actualité: «les difficultés pour les femmes ne s’arrêtent pas au combat mené à l’intérieur du parti. Elles doivent se battre dans leur famille pour faire accepter l’idée de leur candidature. La politique est généralement mal perçue dans leur société. Elle se ramène au mensonge, aux coups bas, à la trahison des amis, autant de choses qui ne conviennent pas à une femme. C’est pourquoi on la considère comme un métier d’homme. Dans la plupart des cas qui nous concernent ici, ce sont les mères qui sont hostiles. Elles se demandent quelle réputation leur fille se fera en participant souvent à des réunions qui de surcroît se terminent tard la nuit. Comment pourra-t-elle concilier sa vie de mère, d’épouse et de parlementaire? Comme la politique est un domaine où l’on se fait du mal, sa fille ne s’expose-t-elle pas inutilement, au risque de se faire marabouter par des adversaires malheureux? ».

Comme l’on peut aisément s’en rendre compte, il ne serait pas inutile d’effectuer une lecture et une discussion autour de ce document, qui a plus que mâché le travail pour les femmes qui voudraient s’investir en politique. Et pourquoi ne pas organiser le prochain débat sur ce thème en présence de son auteur? Nous lançons l’idée, en espérant qu’elle emportera votre adhésion!

Ramata Diaouré

 

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